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Le Luxembourg va accueillir 700 réfugiés supplémentaires


Une liste de 50 noms de ressortissants syriens sera envoyée lundi aux autorités luxembourgeoises par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (ici le haut-commissaire, Filippo Grandi). (photo AFP)

Le Luxembourg s’est engagé à «réinstaller» 194 ressortissants syriens en provenance de la Turquie, auxquels s’ajouteront 500 demandeurs d’asile qui, eux, seront relocalisés depuis la Grèce et l’Italie. D’ici septembre 2017, le pays accueillera donc au total près de 700 réfugiés supplémentaires.

De retour d’Ankara, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a expliqué, jeudi, aux députés les implications de l’application de l’accord UE-Turquie au Grand-Duché.

Ne surtout pas confondre les procédures de réinstallation et de relocalisation  : l’accord signé entre Bruxelles et Ankara le 18  mars dernier ne concerne que la «réinstallation» de ressortissants syriens. Cette action ne concerne parmi ces derniers que les seuls bénéficiaires du statut de protection internationale, avant même de poser le pied sur le sol luxembourgeois.

Afin d’éviter toute confusion avec le système de relocalisation le ministre Asselborn, s’est attaché à détailler les modalités de l’accord. D’une part, il a indiqué qu’une liste de personnes à réinstaller «prioritairement», et dressée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), parviendrait lundi au ministère des Affaires étrangères.

D’autre part, le ministre a précisé que des membres de la direction de l’Immigration se trouvaient déjà sur place et qu’une seconde équipe, composée de membres de la police judiciaire (PJ) et du Service de renseignement de l’État (SREL) serait envoyée en Turquie, le dimanche 17  avril.

Il s’agira, en effet, d’évaluer sur place les dossiers des Syriens «réinstallables» et de garantir leur intégrité avant leur départ pour le Grand-Duché, qui est prévu au mois de mai pour 50 des 194  ressortissants syriens que le Luxembourg s’est engagé à réinstaller depuis la Turquie, selon l’accord en question. Des auditions seront donc réalisées directement sur le terrain afin de s’assurer des identités et de la bonne foi des personnes à réinstaller avant leur transfert.

Erdogan intransigeant

Si le Luxembourg s’est donc engagé à réinstaller 194  réfugiés syriens, suivant l’accord en question, ils seront 500  réfugiés, provenant essentiellement de Grèce et d’Italie, à être relocalisés, jusqu’au mois de septembre 2017  : le pays devrait donc accueillir, en tout, près de 700  réfugiés supplémentaires.

Mais ces prévisions ne prennent pas en compte la sortie médiatique du président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a prévenu, hier, que la Turquie n’« appliquera pas l’accord » conclu avec Bruxelles, si l’UE « ne tient pas ses engagements ». « Il y a des conditions précises. Si jamais l’Union européenne n’effectue pas les pas nécessaires, ne tient pas ses engagements, alors la Turquie n’appliquera pas l’accord », a déclaré Erdogan lors d’un discours à Ankara.

Car si la Grèce a expédié, lundi, un premier groupe de 202  personnes vers la Turquie, Athènes a souligné que la multiplication des demandes d’asile par les migrants menacés de renvoi pourrait entraîner une «pause» de 15  jours dans ces renvois. Cela dit, le gouvernement d’Alexis Tsipras n’a pas exclu, dans les jours suivants, de nouveaux retours de migrants selon l’accord UE-Turquie, mais il s’agirait uniquement de migrants qui n’ont pas demandé l’asile sur le sol hellène.

En attendant, les ministres des Affaires étrangères français, italien, maltais, néerlandais, portugais et slovaque se déplaceront ensemble aujourd’hui et demain en Grèce et en Turquie pour faire le point sur les décisions prises.

Claude Damiani

Les deux points principaux de l’accord UE-Turquie

L ‘accord UE-Turquie trouvé le 18 mars dernier prévoit deux mesures principales  :

1) Tous les nouveaux migrants irréguliers (qui n’ont pas demandé l’asile ou dont la demande d’asile a été jugée infondée ou irrecevable et qui ont donc été déboutés) qui ont traversé la Turquie vers les îles grecques depuis le 20  mars dernier sont renvoyés en Turquie.

2) Pour chaque ressortissant syrien renvoyé vers la Turquie au départ des îles grecques, un autre ressortissant syrien quittera la Turquie pour être réinstallé dans l’Union européenne, dans la limite de 72  000  personnes maximum. Si le nombre de retours doit dépasser ce chiffre, le mécanisme sera interrompu.