Alors que l’autorisation d’utilisation en Europe du glyphosate arrive à expiration, le Luxembourg s’engage pour la première fois à voter contre cet herbicide controversé, assure le ministre de l’agriculture au Quotidien.
C’est une décision attendue de longue date par les défenseurs de l’environnement. Pour la première fois, le Luxembourg va voter contre le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, a confié le ministre de l’agriculture au Quotidien.
Ce mercredi, en effet, la Commission Européenne doit se prononcer sur cet herbicide controversé, dont l’autorisation expire à la fin de l’année. Et contrairement au précédent vote, où il s’était abstenu, le Luxembourg va cette fois «voter contre une prolongation pour l’agrément du glyphosate pour une période de dix ans» nous certifie Fernand Etgen.
Et d’expliquer que si le Luxembourg s’était abstenu lors du précédent vote, c’est parce que, «à ce moment-là, il y avait plusieurs inconnues, on n’avait pas encore tous les avis requis pour prendre une décision. Désormais, tous les avis sont sur la table» assure-t-il.
Reste que le Luxembourg, où l’agriculture bio ne dépasse pas les 4% de la production totale, n’est visiblement pas prêt à se passer de glyphosate du jour au lendemain. Donc si l’herbicide perd son agrément, «à ce moment-là, Il faut parler avec les milieux agricoles luxembourgeois pour avoir une stratégie de sortie du glyphosate. Il faudra une période de transition, c’est certain, et on va plaider pour. Car on ne doit pas prendre de décision à la hâte, ça serait prendre le risque de devoir utiliser des produits encore plus toxiques pour remplacer le glyphosate.»
Monsanto menace d’attaquer l’UE
Reste que Monsanto, le producteur du Roundup (son herbicide phare à base de glyphosate), laisse planer une menace d’attaque judiciaire contre l’UE si celle-ci lui bloque le marché européen. Le Luxembourg doit-il s’en inquiéter ? «C’est une menace dirigée envers la Commission Européenne. Je regrette que la Commission n’ait pas été plus active dans ce dossier, déjà il y a un certain temps. Maintenant, on doit voir l’évolution de ce dossier. Ce qui est sûr, c’est qu’on a clairement dit qu’on ne veut plus du tout du glyphosate» commente le ministre.
La décision, ce mercredi, de la Commission Européenne sur le glyphosate, classé «cancérogène probable» par le Centre international de recherche sur le cancer, est très attendue. Lors du dernier vote sur le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, en juin 2016, plusieurs pays s’étaient abstenus (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie), bloquant la décision. Seuls deux pays, la France et Malte, avaient voté contre. Bruxelles avait alors décidé de prolonger cette autorisation de 18 mois.
Ce mercredi, pour la première fois, plusieurs États pourraient, du fait de leur poids, décider faire basculer ce renouvellement. La France, l’Italie, et l’Allemagne ont ainsi exprimé leur intention d’interdire l’herbicide ou de limiter son autorisation à moins de dix ans, afin de permettre un abandon progressif de cet herbicide. D’autres États, comme le Luxembourg donc, pourraient s’aligner sur cette position.
Romain Van Dyck