La déclaration sur la politique de coopération au développement, effectuée mercredi devant la Chambre, a permis au ministre Franz Fayot de tirer un premier bilan sur la livraison du vaccin aux pays les plus pauvres.
Le Luxembourg reste membre du «club très sélectif» des pays qui consacrent 1 % de leur revenu national brut à l’aide au développement. Franz Fayot, le ministre en charge de la Coopération, est venu répéter hier devant la Chambre que le gouvernement n’a jamais pensé abandonner ce cap, même en pleine crise sanitaire aux effets multiples sur l’économie et les finances publiques.
En 2020, 396 millions d’euros ont été débloqués, soit 1,03 % du RNB. La baisse de 43 millions d’euros de l’enveloppe provoquée par l’impact économique du covid sera rattrapée dès cette année. L’aide publique au développement pour 2021 se situera entre 455 et 461 millions d’euros. Pour 2022, une estimation fait même état de 476 millions d’euros, «un record pour la Coopération luxembourgeoise».
Bon nombre d’exemples concrets de projets portés par la Coopération luxembourgeoise pourraient être énumérés ici. Il est toutefois indéniable que la pandémie de coronavirus constitue une des plus grandes urgences. «De nombreux pays en développement ne bénéficient toujours pas d’un accès adéquat aux vaccins», constate Franz Fayot.
«Encore loin d’unevrépartition équitable»
La contribution du Luxembourg à l’Alliance du vaccin (Gavi) et à Covax, le mécanisme de l’ONU pour la distribution équitable des doses, a longtemps été floue. Hier, le ministre de la Coopération a précisé que la contribution financière du Grand-Duché a été doublée de 2 à 4 millions d’euros. De plus, la promesse de faire don de 400 000 doses de vaccin a été actée, dont 300 000 doses d’AstraZeneca pour lesquelles les destinataires restent à choisir et 100 000 de BioNTech-Pfizer qui vont, elles, partir pour le Vietnam. Une autre charge de 56 000 doses (AstraZeneca) a déjà été livrée au Cap-Vert. «Nous planifions en outre de mettre à la disposition de nos pays partenaires des doses supplémentaires, notamment 10 000 doses du vaccin Moderna», annonce Franz Fayot.
Ces dons de vaccin s’ajoutent au matériel (ventilateurs à la Tunisie, réfrigérateurs au Burkina Faso) expédié dans le cadre de la crise sanitaire.
Tout cela n’empêche pas que «nous sommes malheureusement encore loin d’une répartition équitable des vaccins. Il est inacceptable que certaines compagnies pharmaceutiques fassent de grands profits sur la base de la recherche publique pendant que les habitants des pays pauvres n’ont pas accès à la vaccination.» Une lueur d’espoir existe toutefois : BioNTech prévoit désormais la construction de sites de production de vaccins au Sénégal et au Rwanda.
David Marques
La date de péremption
approche au Luxembourg
Lundi, les ministres de la Santé et de la Coopération ont livré des détails sur le stock national de vaccins anticovid. Il s’avère que des milliers de doses arriveront rapidement à péremption.
Le 5 novembre, 13 110 doses du sérum d’AstraZeneca (Vaxzevria) restaient en réserve. Leur date de péremption est fixée au 30 novembre. S’y ajoutent 31 800 doses du vaccin de Moderna qui arriveront à péremption entre le 28 novembre et le 23 février.
«Compte tenu des vaccinations prévues (premières et deuxièmes doses, respectivement rappels avec une troisième dose), les doses les plus proches du délai de péremption, pourront être utilisées prioritairement», précisent les deux ministres. Il est toutefois à noter que les stocks en AstraZeneca et Moderna n’ont pas bougé depuis mi-octobre.
«Si ces doses ne sont pas utilisées ou acheminées très rapidement vers un pays qui en a besoin, des flacons devront être détruits», déplore déi Lénk dans un communiqué diffusé lundi. Le gouvernement est appelé «à redoubler d’efforts pour éviter un tel scénario catastrophique». Mais même en cas d’envoi rapide, la recommandation de l’ONU de procéder à une donation trois mois avant la date de péremption ne pourra plus être respectée.
La date de péremption des stocks de BioNTech-Pfizer (81 840 doses au 5 novembre) et Janssen (9 900 doses) est encore plus éloignée. Elle est située entre le 28 février et 31 mars pour le premier sérum et est même fixée à 2023 (31 mai-30 juin) pour le second.