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Le Luxembourg en mal d’éducateurs


En 2019, plus de 800 postes d’éducateurs ont été déclarés vacants. La même année, moins de 140 élèves ont achevé leur formation au lycée technique pour professions éducatives et sociales (LTPES).  (archives Didier Sylvestre)

Le ministre de l’Éducation nationale est venu confirmer, mardi, à la Chambre des députés les difficultés à recruter un nombre suffisant d’éducateurs. Son projet d’ouvrir plus largement la formation reste toutefois fortement contesté.

Ouverte aux signatures depuis vendredi, la pétition publique réclamant le retrait immédiat du projet de réforme de la formation des éducateurs a collecté jusqu’à mardi soir plus de 4 150 soutiens. Il reste plus d’un mois pour atteindre le cap des 4 500 signatures ouvrant la voie à un débat public à la Chambre des députés. Au vu du succès de la pétition, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, se montre déjà un brin moins intransigeant sur son projet, sans l’abandonner pour autant : «Il nous faut au moins oser mettre en place un projet pilote pour voir s’il est possible de conjuguer les formations de la section sciences sociales et celle d’éducateur.»

L’objectif de rapprocher les deux formations est d’activer un levier supplémentaire pour réussir à combler le manque d’éducateurs sur le terrain. Interpellé mardi à la Chambre par la députée Simone Asselborn-Bintz (LSAP), le ministre libéral est venu détailler, chiffres à l’appui, le besoin de ce personnel encadrant d’enfants, d’adolescents mais aussi de personnes âgées et en situation de handicap. Dans ce contexte, un comité interministériel est également en train de se pencher sur une réforme du diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) auxiliaire de vie et l’introduction d’un DAP enfance.

«On a un problème», admet sans détour Claude Meisch. Une analyse de l’université du Luxembourg est venue à la conclusion que sur la seule année 2019, 801 postes étaient à occuper. «Il s’agit de la demande des prestataires. Pour le seul service d’éducation et d’accueil, plus de 250 éducateurs doivent être recrutés tous les ans», détaille le ministre. La demande croissante dans le domaine des crèches et autres structures d’accueil serait due à l’évolution des modes de vie et de la population croissante.

La passerelle GSO-LTPES fustigée

En 2019, seuls 139 jeunes ont achevé leur formation au lycée technique pour professions éducatives et sociales (LTPES). Il s’agit d’une des raisons pour lesquelles le ministre de l’Éducation nationale songe à élargir le vivier de candidats potentiels à entamer une carrière d’éducateur diplômé. Une passerelle doit être construite entre les diplômés de la section sciences sociales de l’enseignement général classique (GSO) et le LTPES. La formation en GSO a une durée de quatre ans qui est sanctionnée par un diplôme de fin d’études. La formation pour devenir éducateur débute après avoir réussi une 3e de l’enseignement secondaire (général ou classique). Le diplôme est accordé au bout de 3 années d’études (2e, 1re et terminale). La passerelle proposée doit permettre aux diplômés d’une section GSO de devenir éducateurs en effectuant une seule année au LTPES.

«Les carrières scolaires ont très peu de similitudes», fustigent les auteurs de la pétition s’opposant au projet. Le ministre Meisch nuance ces propos et compte clarifier si les formations théoriques et pratiques peuvent être consolidées. «Si nous nous privons de cette possibilité, on s’enlève aussi l’occasion de continuer à miser sur un encadrement de qualité. On enlève aussi une chance à des centaines de jeunes», argumente-t-il. En 2019, 339 élèves ont décroché un diplôme GSO. Plus de 2 250 sont inscrits dans cette section, soit 28% de l’ensemble de la communauté scolaire de l’enseignement général. «Il s’agit d’une bonne chose qu’autant de jeunes soient prêts à travailler dans le secteur social. D’où l’idée de leur offrir une issue supplémentaire.»

En attendant le débat sur la pétition, le LTPES a déjà lancé les inscriptions pour cette nouvelle passerelle, qui doit être lancée en septembre prochain. Le délai est fixé au 1er juillet.

David Marques

Manque de place pour les jeunes délinquants

La Chambre a aussi débattu de l’Unité de sécurité pour mineurs (Unisec). Récemment, un jeune délinquant, ayant commis un vol avec violence, a dû être laissé en liberté en raison d’un manque de place dans cette structure spécifique. Les 12 lits étaient occupés. Selon la députée Françoise Hetto-Gaasch (CSV), ce genre de scénario s’est déjà produit à au moins trois reprises. «Cela ne veut pas dire que l’affaire est classée. Les jeunes concernés vont passer devant un tribunal», souligne la ministre de la Justice, Sam Tanson. Également interpellée par Dan Biancalana (LSAP), la ministre rappelle que la finalité de l’Unisec reste peu claire. Structure pour fugueurs ou pour malfrats mineurs ? Une solution logistique à court terme n’est pas en vue. Les études pour créer une véritable structure fermée pour jeunes délinquants seraient cependant en cours. Avant la fin de l’année, un code pénal pour mineurs doit être déposé à la Chambre.