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Le Luxembourg compterait 100 « esclaves »


Le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants en situation d’esclavage moderne est aujourd’hui estimé à 45,8 millions de personnes à travers le monde. (photo AFP)

Selon le Global Slavery Index 2016 publié mardi, 100 personnes seraient en situation d’esclavage moderne, au Luxembourg. Le Grand-Duché est le mieux classé en Europe, avec 0,018 % de sa population en situation d’esclavage. La Macédoine, avec 0,64 % de sa population réduite en esclavage, est le moins bon élève européen.

Le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants en situation d’esclavage moderne est aujourd’hui estimé à 45,8 millions de personnes à travers le monde, soit 28 % de plus que les estimations précédentes. Cette situation est due à la traite d’êtres humains, au travail forcé, à la servitude pour dettes, au mariage forcé ou à l’exploitation sexuelle commerciale. Ces chiffres sont révélés par l’édition 2016 du Global Slavery Index, le grand rapport de recherches publié aujourd’hui par la Walk Free Foundation.

La Corée du Nord est le pays présentant le plus fort taux d’esclavage moderne. On estime que 4,37 % de sa population ont été réduits en esclavage. C’est aussi le pays dont le gouvernement lutte le moins contre ce phénomène. Les deux autres pays au plus fort taux d’esclavage sont l’Ouzbékistan (3,97 %) et le Cambodge (1,65 %).

En termes de nombres absolus, l’Inde reste le pays comptant le plus de personnes réduites en esclavage (18,35 millions), suivie de la Chine (3,39 millions), du Pakistan (2,13 millions), du Bangladesh (1,53 million) et de l’Ouzbékistan (1,23 million). Ces cinq pays combinés représentent presque 58 % des personnes tenues en esclavage, soit 26,6 millions d’hommes, de femmes et d’enfants.

L’édition 2016 du Global Slavery Index estime que le monde compte 28 % de personnes réduites en esclavage de plus que l’édition 2014. Cette augmentation considérable est due au recours à des méthodes de recherche et de collecte de données plus fiables. Les recherches menées en préparation du Global Slavery Index 2016 incluent plus de 42 000 entretiens réalisés dans 53 langues et 25 pays différents, y compris 15 enquêtes portant sur des États de l’Inde. Ces études représentatives couvrent 44 % de la population mondiale.

La situation en Europe

La Macédoine est le pays européen présentant le plus fort taux d’esclavage. On estime que 0,64 % de sa population est pris dans une forme d’esclavage moderne. Elle est suivie de la Turquie (0,626 %), de la Pologne et de la Bosnie-Herzégovine (0,476 % chacune), puis de la Roumanie, de la Grèce, de la République tchèque, de la Bulgarie et de la Serbie (0,404 % pour chacun de ces pays). Les pays dont les performances sont les meilleures en Europe sont le Luxembourg, l’Irlande, la Norvège, le Danemark, la Suisse, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, avec 0,018 % chacun.

Les Pays-Bas sont le seul pays européen à obtenir un A pour la réponse apportée à l’esclavage moderne par son gouvernement.  Ils sont suivis par le Royaume-Uni, la Suède, le Portugal, la Croatie, l’Espagne, la Belgique, la Norvège et l’Autriche, qui ont tous reçu un triple B. Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont donné l’exemple en étant les premiers gouvernements au monde à adopter une nouvelle technique de mesure qui permet d’évaluer l’esclavage moderne au niveau national.

Bien que l’Europe présente le plus faible taux d’esclavage au monde, elle reste une destination et, dans une moindre mesure, un point d’origine pour l’exploitation d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le travail forcé et l’exploitation sexuelle commerciale. Selon les dernières conclusions d’Eurostat, les citoyens de l’Union européenne (UE) représentent 65 % des victimes identifiées de la traite d’êtres humains en Europe. Ces personnes sont principalement originaires d’Europe de l’Est, notamment de Roumanie, de Bulgarie, de Lituanie et de Slovaquie. Les victimes provenant de pays extérieurs à l’UE viennent majoritairement du Nigeria, de la Chine et du Brésil.

Travail forcé et prostitution

Le travail forcé et l’exploitation sexuelle commerciale restent les formes d’esclavage moderne les plus fréquentes en Europe. Toutefois, l’existence d’autres formes d’esclavage moderne, notamment le mariage forcé d’enfants, a été constatée en Turquie. Le profil des victimes identifiées est susceptible d’évoluer, en raison de l’afflux important de migrants et de réfugiés en 2015 et 2016. Une étude de l’OIM sur les déplacements des migrants à travers l’Europe indique clairement que les personnes fuyant les zones de conflit et traversant l’Europe présentent un très fort risque d’exploitation et sont déjà ciblées.

L’afflux récent de réfugiés a submergé les mesures de protection européennes et créé des failles facilement exploitées par les réseaux criminels du continent. On estime que 10 000 enfants enregistrés comme réfugiés sont aujourd’hui introuvables, avec 5 000 portés disparus en Italie et 1 000 en Suède. Même si la totalité de ces enfants n’a pas été touchée par la traite d’êtres humains, Europol prévient que des gangs ciblent désormais ces enfants afin de les exploiter sexuellement, de les réduire en esclavage et de les forcer à travailler dans des fermes ou des usines.

 Le Quotidien (source : communiqué Walk Free Foundation)

Le rapport du Global Slavery Index est disponible sur www.globalslaveryindex.org