Le Luxembourg poursuit sa conquête spatiale : il a signé lundi un accord avec la société américaine Planetary Resources, spécialisée dans l’exploitation des astéroïdes.
Le gouvernement veut faire du Grand-Duché le pied-à-terre mondial des pionniers spatiaux, qui veulent transformer les astéroïdes en pépites d’or…
D’ici à 50 ans, les chercheurs d’or, platine, palladium, cobalt ou de nickel pourraient se retrouver au chômage technique : ces métaux ne seront bientôt plus disponibles autrement qu’en stock.
Une raréfaction qui pousse certains à miser sur l’économie circulaire, pour recycler aussi longtemps que possible ces précieuses ressources. Mais d’autres envisagent une autre solution, plus folle… Si les mines se tarissent, allons prospecter un filon encore inexploité, aux promesses fabuleuses : l’espace.
Un petit pays y voit de gros débouchés : «Le Luxembourg compte offrir un cadre général attractif pour les activités minières dans l’espace», a annoncé le gouvernement, qui n’a pas hésité à débloquer 200 millions d’euros d’argent public pour attirer entrepreneurs et investisseurs.
Et cela marche : après un accord signé début mai avec Deep Space Industries, le vice-Premier ministre, Étienne Schneider, a signé hier un protocole d’entente avec Planetary Resources.
Cette société américaine, qui vient d’installer son siège européen au Grand-Duché, est spécialisée dans les techniques spatiales d’exploitation des matériaux présents sur et dans les astéroïdes. Ces corps célestes renferment en effet de nombreuses ressources minières, mais aussi de l’eau. Des ressources qui pourraient être transformées en carburant et en matériel, directement dans l’espace, afin de réduire les coûts d’envoi et de récupération de cette prospection astrale…
Lundi, donc, Planetary Resources a reçu le soutien du gouvernement, qui a investi dans le capital de la société, devenant un actionnaire minoritaire. « Planetary Resources contribue à la promotion de notre industrie spatiale en développant plusieurs activités clés exclusivement au Luxembourg, axées sur le développement de matériel spatial, de services spatiaux, la recherche et la découverte scientifique appliquée », explique le ministre. Le gouvernement allouera d’ailleurs des subventions étatiques à SpaceResources.lu pour ses activités de recherche et développement.
«Ce n’est pas de la science-fiction»
Cela « démontre notre engagement à soutenir le secteur spatial national en attirant des activités innovantes dans l’utilisation des ressources de l’espace », a poursuivi le ministre, citant la success story luxembourgeoise de la Société européenne des satellites (SES), devenue le deuxième plus grand opérateur de satellites au monde.
« Nous sommes ravis de commencer à travailler avec le Luxembourg pour développer des technologies et des services spatiaux révolutionnaires », a déclaré Chris Lewicki, président de Planetary Resources. « La clé pour récupérer ces métaux présents dans les astéroïdes, c’est la technologie. C’est audacieux, mais ce n’est pas de la science-fiction. Notre partenariat avec le Luxembourg va accélérer le développement du potentiel illimité du marché des ressources spatiales. Et le Luxembourg va devenir un leader dans ce domaine. » Avec des jobs à «haute valeur ajoutée» à la clé.
Reste à voir toutes ces belles promesses devenir réalité. Prochaine étape annoncée : la mise en place du cadre juridique «dès 2017» qui donnera aux opérateurs privés des assurances quant à leurs droits sur les ressources qu’ils extrairont dans l’espace. Et la première mission pourrait déjà éclore dans les trois ans : une mission d’observation pour trouver les astéroïdes exploitables, car sur les quelque 700 000 recensés, seuls 10 000 seraient susceptibles d’être transformés en fabuleuse mine d’or…
Romain Van Dyck