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Le LSAP met déjà le cap sur 2023


«Nous plaidons pour un impôt Covid sélectif qui visera les gagnants de la crise», a annoncé, hier, Dan Kersch. Le discours du chef de file du LSAP a été suivi par quelque 900 militants, scotchés devant leurs écrans. 

Le vice-Premier ministre Dan Kersch a posé, dimanche, lors du congrès de son parti, les premières bases en vue des prochaines législatives. Le soulagement fiscal des salariés est une priorité.

Neuf ténors du parti – tous fraîchement testés négatifs contre le Covid-19 – dans la grande salle de l’Artikuss de Soleuvre, près de 900 militants devant leurs écrans. Voici le contexte dans lequel s’est déroulé, dimanche matin, le congrès digital du LSAP. Aucune dissonance n’était à constater. Le Parti socialiste se félicite une nouvelle fois de son unité, même si l’absence de ses membres dans la salle a certainement freiné l’ardeur de certains. Le président, Yves Cruchten, avance lui une autre explication : «Au sein du gouvernement, nous avons réussi à apporter l’équilibre nécessaire entre une politique trop libérale et trop axée sur l’écologie.» Les partenaires de coalition DP et déi gréng sont ciblés. Des tensions entre les trois partis ne sont pas niés. Mais la marche en avant du gouvernement se poursuit, même si le LSAP a décidé, dimanche, de mettre (déjà) le cap sur les prochaines législatives de 2023.

Il est revenu au vice-Premier ministre Dan Kersch de poser les bases d’un prochain programme électoral, sans oublier la sortie de la crise sanitaire actuelle. «Nous agissons avec conviction pour soutenir les entreprises et sauver des emplois. Mais nous avons aussi conscience de l’important coût de ces mesures d’aide», introduit le chef de file socialiste. Une hausse des impôts en cette période de crise ne figure pas à l’ordre du jour. Alors que la situation sanitaire reste très incertaine, Dan Kersch et son parti souhaitent lancer le débat sur le financement de la crise, avec une ligne rouge : «Il est hors de question que les jeunes doivent payer la note.» Fidèle à ses principes de l’équité et de la solidarité, le LSAP songe bien plus à mettre à contribution «ceux qui ont tiré profit de la crise». «Nous plaidons pour un impôt Covid sélectif qui visera les gagnants de la crise», développe Dan Kersch. Déi Gréng ont avancé la même idée lors de leur congrès de samedi (lire en page 5). Qu’en sera-t-il du DP?

CSV : «Engel a signé
son propre arrêt de mort»

Une certitude en cette deuxième année de pandémie : la grande réforme fiscale, pièce maîtresse du gouvernement Bettel II, n’est plus réalisable. La question fiscale va donc être décalée à la campagne électorale de 2023. Le LSAP a profité de son congrès pour lancer un premier pavé dans la mare. «Il nous faut réduire la charge fiscale des salariés et taxer plus fortement les revenus du capital», souligne Dan Kersch. Plus concrètement, le camp socialiste vise à imposer davantage les revenus immobiliers (loyers, vente, etc.) tout comme les gains générés par la vente d’actions et l’octroi de dividendes.

Avant de se positionner davantage, le Parti socialiste veut, à l’horizon de l’automne 2022, procéder à une analyse en profondeur du travail accompli par la coalition tricolore. En 2018, le LSAP s’était tenu de justesse au pouvoir. Trois ans plus tard – et porté par la popularité de la ministre de la Santé, Paulette Lenert – les socialistes visent aujourd’hui à «remporter les élections». L’instauration d’une double tête de liste est envisagée.

Pour l’instant, le CSV, partenaire de longue date du LSAP, est persona non grata pour Dan Kersch et les siens. «Il ne faut pas tirer sur l’ambulance, mais l’euthanasie politique administrée sur Frank Engel, est venue confirmer que le CSV n’a aucun intérêt à mener une discussion sur l’équité», vient fustiger le vice-Premier ministre. L’ex-président du CSV avait tenté de lancer le débat sur une réforme de l’imposition sur la succession en ligne directe et l’introduction d’un impôt sur la fortune. «ll a signé son propre arrêt de mort», constate Dan Kersch. Au sein du LSAP, on n’exclut plus que le CSV se disloque en plusieurs mouvements politiques. «Un fractionnement supplémentaire du paysage politique n’est dans l’intérêt de personne», termine le secrétaire général, Tom Jungen.

David Marques

Le duo Cruchten-Jungen
prolongé pour 12 mois

Le congrès du LSAP devait décider qui seraient le président et le secrétaire général qui mèneraient le parti vers la double élection de 2023. Au vu de l’impossibilité d’organiser un congrès en présentiel, le camp socialiste a toutefois opté pour une solution transitoire. Les mandats du président Yves Cruchten, qui a succédé en mars 2020 à Franz Fayot, et du secrétaire général, Tom Jungen, en poste depuis 2019, ont été prolongés de 12 mois au lieu de 3 ans. Plus de 98 % des militants ont validé ce choix.