Dan Kersch et Romain Schneider ne feront plus partie d’un futur gouvernement. Deux ministres du LSAP qui s’éclipsent à l’aube de leurs 60 ans. Place aux jeunes et à Paulette Lenert.
D’un seul coup, sans trop prévenir, Dan Kersch, ministre socialiste du Travail, a annoncé sur RTL Radio qu’il ne serait plus candidat à un poste de ministre après les élections de 2023. Et puis plus rien. Joint par la rédaction, il déclare ne plus vouloir «faire de déclaration à ce stade après concertation avec certains camarades de parti». Il y a d’abord urgence de claironner qu’on quitte le gouvernement dans deux ans, puis urgence de se taire. Romain Schneider, son camarade ministre de l’Agriculture et de la Sécurité sociale, lui emboîte le pas quelques jours plus tard. La surprise fut moins grande, le ministre issu du Nord ayant fait connaître ses intentions depuis longtemps.
Deux personnels expérimentés issus du LSAP s’ajoutent à la liste après le départ d’Étienne Schneider du gouvernement en février 2020. Les deux sexagénaires ont des motivations diverses. Si Romain Schneider ne cache pas vouloir consacrer plus de temps à sa famille, Dan Kersch n’a pas de projet connu, sinon celui de vouloir mettre en place un «impôt corona» pour ceux qui ont profité de la crise sanitaire.
Il s’est retrouvé bien seul. Peu ont soutenu son idée, surtout au sein de son propre parti avec lequel il n’en avait pas débattu. Dan Kersch et son bagage de syndicaliste, valeur sûre de l’aile gauche du LSAP, a été désavoué. Un ticket Lenert/Kersch pour représenter une double tête de liste nationale aux prochaines législatives ne faisait pas sauter de joie ses camarades qui réfléchissent toujours au casting idéal.
Las, le ministre du Travail qui joue des coudes pour imposer la marque LSAP à longueur de conseil de gouvernement, a préféré rassurer et ses camarades peu emballés par sa personnalité et une frange de l’électorat. Tous les regards sont tournés vers leur vedette nationale, Paulette Lenert, la très appréciée ministre de la Santé assurée de faire le plein de voix dans sa petite circonscription de l’Est. Les stratèges du LSAP rêvent d’elle au Centre, sont en quête de remplaçants dans la jeune garde à l’Est mettant la principale intéressée dans l’embarras.
L’expérience de l’exécutif
Une Paulette Lenert seule, aussi première ministrable qu’elle puisse être, ne gagnera pas seule la bataille électorale. Il n’y aura pas de grand chambardement dans le Sud si ce n’est le départ d’Alex Bodry. Le très populaire Jean Asselborn, qui se représentera selon ses propres dires aussi longtemps qu’il parviendra à gravir le mont Ventoux, reste l’atout du parti. On retrouvera le même Mars Di Bartolomeo, des politiques qui ont une expérience de l’exécutif, comme Taina Bofferding ou l’ancienne ministre Lydia Mutsch.
Puis, il y a aussi Georges Engel, l’ancien bourgmestre de Sanem qui, comme son collègue Claude Haagen, député-maire de Diekirch, rayonne davantage sur le plan local que national. Ils sont de très bons collecteurs de voix mais de là à imaginer l’un des deux parlementaires co-tête de liste, il y a de la marge.
Le LSAP, comme les autres partis, doivent faire monter les jeunes et c’est ce qui les préoccupent tous pour le moment. Le LSAP ne fait pas figure d’exception mais le retrait de Dan Kersch et de Romain Schneider a relancé le débat, à l’approche de deux échéances, les communales d’abord et les législatives ensuite.
Il y a du mouvement partout. Du côté du CSV, c’est Françoise Hetto-Gaasch qui va céder sa place dans l’Est à Max Hengel. Carlo Back chez les verts a annoncé son départ pour l’année prochaine, laissant la place à Jessie Thill. Un autre changement chez les écolos n’est pas exclu.
Le paysage politique n’en sera pas bouleversé pour autant. Les «ministrables» ne sont pas légion parmi la jeune garde et une nouvelle génération est déjà en poste. Pour les socialistes, la chance d’installer une Première ministre existe bel et bien. Reste à trouver la dream team pour l’entourer.
Geneviève Montaigu