Accueil | Politique-Société | Le gratin de l’UE à Clausen, dans la maison natale de Robert Schuman

Le gratin de l’UE à Clausen, dans la maison natale de Robert Schuman


(De g. à d.) Luc Frieden a accueilli Ursula von der Leyen, António Costa et Roberta Metsola dans la maison natale de l’un des pères fondateurs de la construction européenne. (photo Hervé Montaigu)

Les dirigeants européens Ursula von der Leyen, António Costa et Roberta Metsola ont célébré la Journée de l’Europe en rendant hommage à Robert Schuman depuis sa maison natale à Clausen.

Sur les hauteurs du quartier de Clausen, à Luxembourg, quelque chose semble perturber le calme qui règne en cette belle journée ensoleillée et fériée. Au bruit des oiseaux et du vent dans les arbres se mêle celui des sirènes de police. La rue Jules-Wilhelm est barrée, mais les passants qui peuvent encore circuler à pied l’ont remarqué : il y a de l’agitation autour de la maison natale de Robert Schuman.

«C’est incroyable de les avoir tous les trois ici», entend-on sur place, où une fanfare révise ses gammes pendant que des caméras et des micros sont minutieusement installés. Quelques minutes après les deux sons de cloche de l’église Sainte-Cunégonde en contrebas, ils arrivent. Précédés par le Premier ministre, Luc Frieden, Ursula von der Leyen, António Costa et Roberta Metsola pénètrent dans le jardin de la maison. Respectivement présidente de la Commission européenne, président du Conseil européen et présidente du Parlement européen, les trois dirigeants ne sont que très rarement réunis. Leur déplacement commun jusqu’au Grand-Duché est hautement symbolique.

«Une idée si moderne»

Après avoir été accueillis par des «Free Palestine» et des «Honte à vous» scandés par quelques membres du Comité pour une paix juste au Proche-Orient, les trois invités de prestige ont pu plonger dans l’intimité de l’ancien habitant des lieux, à qui cette Journée de l’Europe est dédiée.

Né d’un père mosellan et d’une mère luxembourgeoise, comme l’a fièrement rappelé Luc Frieden, Robert Schuman a d’abord suivi sa scolarité dans la capitale avant de devenir avocat, puis député à Metz. Devenu ministre des Affaires étrangères en France, l’enfant de Clausen devient l’un des pères de l’Europe le 9 mai 1950, à l’occasion d’une déclaration annonçant «les premières assises concrètes d’une Fédération européenne indispensable à la​ préservation de la paix», au travers de la proposition d’une autorité commune pour la production du charbon et de l’acier en France et en Allemagne de l’Ouest. De son discours découlera en 1951 la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), suivie par la signature en mars 1957 du Traité de Rome, instituant la Communauté économique européenne (CEE) et son marché commun. Ainsi sont posées les bases de l’Union européenne, officiellement créée en 1992 par le Traité de Maastricht.

«C’était une idée si moderne qui souhaitait plus de compétitivité, plus de sécurité et du progrès social», a déclaré Luc Frieden, qualifiant son discours de «message de paix et de prospérité». «Il faut retenir les leçons de l’histoire et regarder vers l’avenir» a-t-il d’ailleurs insisté, comme une allusion évidente à la situation en Ukraine.

L’Ukraine omniprésente

António Costa, qui s’exprime bien en français, a, lui, explicitement parlé du conflit aux portes de l’Europe en déclarant d’abord que l’œuvre de Schuman «est une feuille de route pour la paix, une paix durable», avant d’affirmer «qu’il faut poursuivre le soutien à l’Ukraine».

Ursula von der Leyen, tête de proue de l’UE, lui a emboîté le pas en critiquant la célébration militaire commémorant sur la place Rouge à Moscou le 80e anniversaire de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie. «Aucun hymne ne peut couvrir le bruit de la justice. C’est en Ukraine et dans les tranchées que le futur de l’Union européenne s’écrit.»

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a, elle, appuyé sur l’importance de «s’inspirer de la vision de Schuman plus que jamais», en ajoutant que «l’Union européenne n’est certes pas parfaite, mais nul doute que c’est le meilleur projet de l’histoire».

Confiant pour l’avenir des 27, le président du Conseil européen a tout de même évoqué la nécessité d’avoir «une politique commerciale ambitieuse» alors que l’UE est en plein conflit économique avec les États-Unis.

«L’Europe ne se fera pas d’un coup», a lancé Luc Frieden, en reprenant les mots de Robert Schuman, et quoi de mieux pour le constater que de replonger dans le passé. Après un passage chronométré à la maison Schuman, la délégation européenne a terminé son passage éclair au Grand-Duché en se rendant place de Metz, où se trouvait le siège de la CECA qui, comme un clin d’œil de l’histoire, a vu travailler en son sein le père d’Ursula von der Leyen.