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Le DP se veut «socialement responsable»


Malgré les mauvais sondages et la claque obtenue au référendum qui n'ont été que brièvement commentés par Eugène Berger, celui-ci garde toutefois le sourire. (photo Jean-Claude Ernst)

N’en déplaise aux «Nouveaux Libéraux» qui veulent doubler le DP sur la droite, le parti de Xavier Bettel garde le triple A social dans le viseur. Les députés ont la même cible.

Le référendum ayant occupé les esprits, il restait encore à évoquer le congé parental comme nouveauté, le reste étant déjà plus ou moins réchauffé. Mardi, la fraction DP tirait le bilan de l’année parlementaire écoulée.

Il fut inscrit sur la liste du DP centre lors des dernières élections législatives et chacun se souvient qu’il y a laissé des plumes. Daniel Tesch, candidat malheureux, ancien directeur de l’Automobile Club dont la présence sur la liste libérale avait fait des remous au sein du conseil d’administration, avait finalement été licencié.

Son engagement pour le DP ne lui a pas assuré un poste de prestige dans l’une ou l’autre administration. Non, il s’est lancé dans la restauration sur les rives de Clausen. Mardi, c’est chez lui, au restaurant brésilien qui lui appartient, le Maria Bonita, que le DP, reconnaissant, a organisé le déjeuner annuel qui réunit les membres de la fraction et les représentants de la presse. Un déjeuner de bilan qui a permis à Eugène Berger d’illustrer la politique du DP qui, selon lui, accorde autant d’importance au triple A financier qu’au triple A social. «Ils fonctionnent main dans la main», déclare le président de la fraction démocrate.

«Le DP a toujours été socialement responsable et c’est très bien ainsi!» Voilà le bref commentaire du Premier ministre, Xavier Bettel, en réponse à notre question sur la naissance des «Nouveaux libéraux», un mouvement ultralibéral qui ne se reconnaît plus dans la politique du gouvernement bleu-rouge-vert.

Ce n’est visiblement pas l’axe que défendent les treize députés de la fraction DP qui se tenaient droits dans leurs bottes derrière leur chef de file. Pas un mot sur les derniers sondages qui bousculent le parti, mais quelques considérations sur le référendum. Juste pour dire que le résultat, certes «sans appel», comme l’admet Eugène Berger, était tout de même surprenant.
Il reconnaît un problème de communication avec les électeurs, cette communication même que le parti voulait pourtant développer tous azimuts.

Xavier Bettel omniprésent ?

Sur le bilan proprement dit, Eugène Berger a insisté sur l’éducation et la politique familiale. Il a surtout évoqué les nouveaux lycées en chantier, dont celui de Clervaux et l’école européenne de Differdange, mais il a soigneusement évité d’aborder la bataille que se livre le ministre et les syndicats de profs.

L’année dernière, Eugène Berger se réjouissait de la finalisation des plans sectoriels et de leur présentation à la Chambre, mais depuis, ces mêmes plans semblent avoir été enfouis dans les tiroirs, même si on nous dit que les fonctionnaires y travaillent. Mardi, contrairement à l’année dernière où ils étaient presque tous là, seul un seul ministre est venu déjeuner avec la fraction, et c’était Xavier Bettel. Il est sur tous les fronts. Et c’est bien ce que lui reprocherait une certaine frange du parti.

Le Premier ministre se rend partout, ne peut pas dire non à une kermesse locale ou refuser de soutenir une association en grillant lui-même les saucisses. Curieusement, dans son propre camp, on viendrait lui reprocher d’être trop présent sur le terrain, trop proche des gens. C’est pourtant le style Bettel, le même qu’il avait adopté à la Ville de Luxembourg et qu’il a conservé au ministère d’État.

Mais ce n’est pas ce qui lui coûte des voix aujourd’hui, selon les sondages. C’est la politique du gouvernement qui est sanctionnée, celle qui a permis d’investir dans le congé parental, de commencer à renflouer les caisses de l’État, de réformer la politique familiale, d’innover dans les transports et la mobilité, selon le bilan que dresse Eugène Berger.

C’est dans ces domaines que le vent nouveau se fait le mieux sentir. Les reproches qui peuvent être formulés à l’encontre des libéraux relatifs à la naissance d’un «État DP» en remplacement d’un «État CSV», sont vite balayés, aussi bien par Eugène Berger que par Xavier Bettel.

Pour mener leur politique, les Bleus ont besoin de s’entourer «de personnels compétents», déclarent en cœur Eugène Berger et Xavier Bettel. Alors que les Libéraux sont opposés à la création de cabinets ministériels, ils parviennent néanmoins à les composer ici et là. «On doit pouvoir faire confiance à nos collaborateurs», conclut Eugène Berger.

Geneviève Montaigu