Étienne Schneider a demandé à son directeur de la police judiciaire de démissionner. Il lui reproche d’avoir influencé un syndicat et demandé au parquet de faire pression sur le ministre de la Sécurité intérieure.
Le week-end aura été fatal au directeur de la police judiciaire. En fin de semaine dernière, il aurait influencé l’association de la police judiciaire pour qu’elle s’oppose au texte final de la réforme de la police. Le clash a eu lieu, le directeur a sauté.
«On s’attendait à voir le texte déposé en fin de semaine dernière, mais il y a eu ce clash et c’est la raison pour laquelle j’ai posé cette question parlementaire», déclare Claudia Dall’ Agnol, députée socialiste et présidente de la commission de la Force publique. Lundi, elle s’est adressée à Étienne Schneider pour savoir si le directeur de la police judiciaire avait bien démissionné et, si oui, pour quelles raisons.
Bien sûr, elle avait déjà eu vent de toute l’affaire relayée par les radios qui annonçaient la démission du directeur de la PJ, Jeff Neuens, deux ans à peine après sa nomination. Il avait été mis en place en vue de la réforme et c’est cette réforme qui a ruiné ses ambitions. Le texte final devait être déposé à la chambre et c’est alors qu’un communiqué de l’association professionnelle de la police judiciaire (APPL) a mis le feu aux poudres.
Cette dernière indiquait qu’elle ne pouvait accepter le texte en l’état et regrettait que cette réforme n’accorde que quelques lignes à la police judiciaire. Le ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, est sorti de ses gonds et quand il a appris que l’APPL ne faisait que reproduire les reproches formulés par le directeur de la PJ, Jeff Neuens, son sang n’a fait qu’un tour. «La confiance est rompue, le directeur a eu un comportement déloyal et inacceptable envers moi», a déclaré en substance Étienne Schneider sur les ondes de RTL radio. Ce que le directeur a reconnu car, durant le week-end, il a écrit une lettre au ministre dans laquelle il présentait ses excuses, ne pouvant opposer aucun argument aux reproches formulés à son égard.
Dans la foulée, l’APPL, via son président Fernand Ruppert, en a fait de même. Celui-ci a déclaré que le directeur n’avait pas influencé le syndicat et il s’en explique. «Nous avons reçu le texte de la réforme le 21 juillet en vue de notre prochaine rencontre le 28 juillet et je me rends compte qu’il ne reflète pas nos revendications qui avaient été étalées sur 116 pages par Jeff Neuens, lui-même, vu qu’il présidait le groupe de travail mis en place dans le cadre de la réforme», résume-t-il.
Un remplaçant en septembre
Le directeur de la PJ n’avait pas reçu le texte final que Fernand Ruppert s’est empressé de lui transmettre pour savoir ce qu’il en pensait. «Jeff Neuens m’a alors donné son avis. Le ministre a eu cet avis entre les mains et c’est à ce moment qu’il y a eu un clash et que le ministre a déclaré que la confiance était rompue alors que nous n’avons pas utilisé cet avis», affirme le président de l’APPL.
Jeff Neuens a été contraint de présenter sa démission. Aux côtés d’Étienne Schneider, le ministre de la Justice, Felix Braz, est là pour le soutenir car le directeur de la police judiciaire a également demandé à la procureure d’État, Martine Solovieff, d’exercer une influence sur le ministre de la Sécurité intérieure dans le cadre de cette réforme. Le ministre de la Justice n’a guère apprécié que Jeff Neuens manifeste un tel mépris pour le principe de la séparation des pouvoirs.
«Il n’y a pas une demi-page concernant la police judiciaire dans cette réforme mais l’APPL n’a pas dit que la réforme était mauvaise. Nous nous sommes excusés auprès du ministre pour notre communiqué de jeudi dernier et nous attendons donc les règlements grand-ducaux qui doivent nous éclairer sur le fonctionnement futur de la PJ», indique encore Fernand Ruppert.
Quant à Jeff Neuens, il quitte la direction de la PJ deux ans après sa nomination et laissera un vide, selon Fernand Ruppert. «C’est lui l’expert, c’est lui qui connaît le mieux nos besoins», dit-il. Il reconnaît que Jeff Neuens aurait dû adresser cet avis au ministre de la Sécurité intérieure. Mais encore aurait-il fallu que le directeur de la PJ reçoive le texte. Un oubli fâcheux. Mais en dépit des excuses, le ministre ne veut plus de son directeur à la police judiciaire. Son remplaçant sera nommé en septembre.
Le Quotidien