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Le CSV voit un grand boulevard devant lui


Les ténors du CSV étaient applaudis hier soir par un parterre... noir de militants. (photo Hervé Montaigu)

Rien de révolutionnaire pour ce 14 juillet du côté de la fête d’été du CSV. Mais tout de même, on sent la hâte des chrétiens-sociaux de (re)prendre l’Hôtel de Bourgogne.

Le Parti chrétien-social veut gagner les élections, pas les sondages. La tête de liste désignée, reste à se concentrer sur les prochaines élections et surtout sur le programme. En attendant, le parti juge irresponsable la politique menée par le gouvernement.

Une fois qu’il aura réglé ses questions de personnels, le CSV va pouvoir se consacrer à son programme. Le cas de la tête de liste pour les prochaines législatives a été réglé la semaine dernière avec l’élection de Claude Wiseler qui a raflé 91 % des voix, face aux trois autres candidats, Luc Frieden, Viviane Reding et Martine Hansen. Une élection que certains observateurs ont qualifiée de «farce», mais qui répondait aux nouveaux statuts que s’est donnés le principal parti de l’opposition.

À la mi-mandat de la coalition au pouvoir, le CSV voit un grand boulevard se dérouler devant lui. Genre Champs-Élysées. Et hier soir, en ce jour de fête nationale française, Claude Wiseler et les siens se voyaient déjà prendre, non pas la Bastille, mais l’Hôtel de Bourgogne. Et pourtant, ils « veulent gagner les élections, pas les sondages », comme le lance, sur un ton très vindicatif, le président du parti, Marc Spautz. Il a peut-être le pied cassé mais pas la voix.

Jeudi soir, pour la traditionnelle fête de l’été du CSV dans le parc de Hesperange, les discours furent courts, donc clairs. Le chef de la fraction et désormais tête de liste aux législatives de 2018, Claude Wiseler, décide de se concentrer sur un thème fort : les finances publiques. « Nous étions d’accord avec les objectifs budgétaires du gouvernement, puisqu’il s’agissait d’assainir les finances publiques », rappelle Claude Wiseler en admettant que son parti n’était pas d’accord sur la façon de procéder. « Le paquet d’avenir se résumait pour les deux tiers à des augmentations d’impôts. Le résultat est qu’ils ont perdu une élection européenne, un référendum et qu’ils chutent dans les sondages alors ils paniquent et changent leur objectif », raconte Claude Wiseler à son public venu en nombre dans la salle du centre civique où se tenaient les discours d’avant garden-party.

Il pose le doigt là où ça fait mal : « Leur objectif n’est plus un solde structurel de +0,5 % du PIB mais de -0,5 % du PIB, ce qui leur permet de creuser le déficit avec de nouveaux emprunts! Et ils nous disent ça alors que la croissance affiche des taux de 4 à 5 % », se moque Claude Wiseler. Évidemment, les cadeaux fiscaux offerts par la réforme ne pouvaient pas plus mal tomber, dit-il en conclusion.

«Une politique irresponsable»

Et si le gouvernement a changé de cap, c’est parce que les perspectives démographiques l’exigent, selon l’argumentaire officiel. « Il faut se rendre compte que le Luxembourg de 1,2 million d’habitants, cela représente 6 villes équivalentes à la capitale qu’il faudra construire en 40 ans et nous ne voulons pas de cette politique irresponsable », déclare Claude Wiseler. Ce qu’il veut c’est une table ronde «avenir» qui rassemblerait les représentants de la société et du monde professionnel pour débattre de l’avenir du pays. « Nous voulons une croissance productive, pas une croissance basée sur l’augmentation de la population! », lance fermement le chef de la fraction CSV.

Le président Marc Spautz, de son côté, a plutôt taquiné les socialistes « qui doivent se sentir mal à l’aise » en faisant référence à la politique familiale que mène le DP. C’est son thème fétiche, le grand incontournable, les phrases récurrentes. Il est beaucoup plus drôle quand il rappelle les déboires que le gouvernement rencontre dans la circonscription Est. « Ils (les membres du gouvernement) ont déjà eu une dame de Mondorf qui a démissionné et maintenant c’est un autre ministre de l’Est qui part à la mi-législature », s’offusque le président du parti qui souligne que jamais « un ministre CSV de l’Est n’avait quitté le gouvernement à mi-parcours ». À vérifier.

Le prochain grand rendez-vous est d’ores et déjà fixé. Ce sera pour le CSV, le 8 octobre prochain, pour la grande convention nationale qui devra officiellement introniser Claude Wiseler.

Geneviève Montaigu