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Le CSV tire à vue sur l’audit de la police


Michel Wolter et la fraction CSV continuent à faire tout leur possible pour que l'audit interne sur le fonctionnement de la police grand-ducale soit rendu public. (photo Fabrizio Pizzolante)

Il s’agit d’un audit interne destiné à réformer la grande maison et qui fait dresser les poils des syndicalistes. Et ceux de Michel Wolter, député CSV de l’opposition qui doute de la valeur du document.

C’est la signature de l’auditeur, mais c’est l’œuvre de la direction de la police. Pas tout l’audit, non, mais de larges pans. C’est ce qu’affirme le député Michel Wolter, dans la foulée des critiques syndicales.

Comme le Syndicat national de la police grand-ducale (SNPGL), le député Michel Wolter jette à son tour le doute sur la valeur de l’audit interne de la police qui sert de référence au ministre Étienne Schneider pour réformer la grande maison. Pendant de longs mois, cet audit interne a été une grande quête du Parti chrétien-social qui a multiplié les tentatives pour y avoir accès.

« En juillet dernier, nous n’avons reçu qu’un résumé », rappelle Michel Wolter devant la presse. Le parti ne pouvait se contenter de si peu, mais le ministre de la Sécurité intérieure avançait l’argument imparable du secret d’État. Les moyens et l’organisation de la police n’ont pas à être étalés au grand jour.

En décembre, finalement, le gouvernement accepte que les députés puissent consulter l’audit tout en refusant sa publicité. « Nous découvrons alors avec surprise que l’audit n’a abordé que quatre chapitres qui sont le fonctionnement de la direction, l’organisation territoriale, la police judiciaire et les carrières. Pas d’analyse sur l’ensemble des missions de la police et sur les moyens dont elle dispose pour les mener à bien », se plaint Michel Wolter.

Pire encore, des pans entiers de l’audit sont l’œuvre de la direction de la police qui porte cependant la signature de l’auditeur, croit savoir Michel Wolter.

Le SNPGL avait déjà longuement critiqué le contenu du document parce qu’il ne reflétait pas le discours tenu par les uns et les autres lors des interviews avec l’auditeur. Le député CSV reprend la critique au vol : « On a trouvé que le langage ne correspondait pas aux personnes qui ont été interrogées sur ces chapitres », exprime-t-il.

La fraction de l’opposition fait tout son possible pour que l’audit interne soit rendu public. Cette requête ne connaîtra pas de suite. « C’est important pour nous, car tout ce que dit le ministre se base sur cet audit dont une partie des conclusions est contestée », explique le député.

Débat de consultation

Avec l’audit sous le nez, les groupes de travail discutent des solutions à trouver pour installer la police dans un cadre modernisé. Une réforme qui d’ailleurs trouve grâce aux yeux de Michel Wolter. « Depuis 1999, la société a changé, de nouvelles formes de criminalité sont apparues, de nouvelles missions et le ministre Jean-Marie Halsdorf avait déjà travaillé sur un concept que le gouvernement n’a pas retenu à la suite de l’audit », rappelle-t-il.

Le CSV a un autre son de cloche concernant les communautés de commissariats, ces fameuses fusions de commissariats de proximité, qui existent déjà sous forme de projet pilote. « Le ministre est très positif concernant ces projets, mais nous avons un autre son de cloche qui indique que certains bourgmestres sont très mécontents », affirme-t-il sans être plus explicite.

En essayant d’éreinter le ministre pour sa méthode peu transparente et sa politique du fait accompli, le député devra pourtant se reprendre. Alors qu’il veut faire croire que les bourgmestres ont découvert les fermetures de certains commissariats de proximité dans la presse, cette assertion a été rectifiée par les journalistes qui suivent le dossier depuis le début.

Le ministre Schneider avait bien dit la semaine dernière que les opposants à la réforme proposée et la réorganisation territoriale ne faisaient que de la politique politicienne.

En attendant, ce dossier s’invite malgré lui dans les préparatifs des élections communales d’octobre 2017, même si le ministre Étienne Schneider essaye de persuader tout le monde du contraire.

La fraction CSV aura tout de même droit à un débat de consultation, faute d’avoir eu le débat d’orientation qu’elle réclamait. « Ce n’est pas la même chose, le ministre va nous donner les grandes orientations et trois semaines plus tard, il déposera le projet de loi à la Chambre. Pas très consensuel tout ça », conclut Michel Wolter.

Geneviève Montaigu