Après des heures de prises de parole à la Chambre des députés la semaine dernière après la déclaration sur l’état de la Nation, le CSV n’avait plus guère de surprises dans son chapeau pour son congrès national.
Mauvais timing pour le CSV, qui organisait samedi son congrès national, virtuel pour l’occasion, alors que dans la même semaine le parti d’opposition a eu tout le loisir de livrer son analyse en réaction à la déclaration sur l’état de la Nation. C’est ainsi que la cheffe de la fraction parlementaire, Martine Hansen, ne pouvait guère surprendre son auditoire composé physiquement d’une cinquantaine de personnes et virtuellement, selon elle, de «beaucoup de monde».
Avant d’entamer son discours sur le plan politique, essentiellement construit sur une critique en règle de l’action du gouvernement, elle a rappelé que les portes étaient grandes ouvertes aux militants et sympathisants qui peuvent s’adresser à la fraction comme au parti qui a besoin de sa base «pour un nouveau départ». À ceux qui considéraient le parti à bout de souffle, Frank Engel, le président, préviendra qu’au contraire «ce n’était que le début».
De grands thèmes comme la santé ou encore le logement sont des sujets que le CSV aimerait discuter avec sa base. Martine Hansen répétera, comme Frank Engel, combien ses membres sont importants dans les discussions qui mèneront le principal parti d’opposition à son renouveau.
Le CSV, qui se revendique plus que jamais comme un parti populaire, vise les classes moyennes qui deviendront les nouveaux pauvres dans un pays qui ne peut plus loger même ceux qui sont loin de représenter des cas sociaux. La faute à l’injustice fiscale qui permet aux plus riches de connaître moins de pression fiscale que les ménages, selon le CSV. «Xavier Bettel n’a livré aucune perspective pour lutter contre la pauvreté», accuse Martine Hansen.
Toutes les critiques émises lors du débat la semaine dernière à la Chambre des députés sur l’état de la Nation ont été résumées dans le discours de la cheffe de la fraction parlementaire. Il y a eu la dette, bien sûr, après la présentation dans la même semaine du budget 2021. «Le gouvernement applique le principe du « carpe diem », mais n’a pas mis un sou de côté», regrette encore Martine Hansen, soutenu par Frank Engel qui n’admet pas que le gouvernement puisse creuser la dette pour payer des salaires alors qu’elle se justifie pour surmonter une crise sanitaire et économique.
Réunion d’urgence
Mauvais timing, encore, pour le CSV qui tenait son congrès quelques heures avant l’intervention du Premier ministre à la suite d’un Conseil de gouvernement tenu samedi après-midi sur la crise du Covid-19. «Le Premier ministre nous a ridiculisés cette semaine à la Chambre des députés alors que nous réclamions de nouvelles mesures face au grand nombre d’infections, et c’est inacceptable alors que les gens se font du souci», rappelle Martine Hansen qui enfonce le clou : «Maintenant il organise un Conseil de gouvernement pour prendre des mesures alors que Macron vient de le faire. C’est à se demander si ce n’est pas Macron le Premier ministre de ce pays», suggère la députée.
Pas de chance, Xavier Bettel n’annoncera aucune nouvelle mesure et s’en remettra à la responsabilité de chacun. Dans ces conditions, dimanche matin, le CSV a demandé une réunion d’urgence de la commission de la Santé et des Sports avec la conférence des présidents et le bureau de la Chambre pour pouvoir en parler. Le CSV aimerait aussi que les scientifiques qui guident les décisions du gouvernement soient présents. Il s’agit de comprendre pourquoi Bettel n’a pas fait comme Macron…
Concernant le Covid-19 encore, le CSV, qui constate que le système de traçage analogique ne suit plus, réclame toujours la mise en place d’une application. «Nous recevons des tas d’appels et de mails tous les jours nous disant que les opérateurs du contact tracing ont mis plusieurs jours à les contacter, augmentant ainsi le risque de propagation du virus», se plaint Martine Hansen, désespérée de ne pas être entendue par le gouvernement qui refuse toujours le traçage numérique pour des raisons de protection des données.
Pour Frank Engel, la dernière déclaration sur l’état de la Nation confirme à ses yeux que le DP règne en maître absolu dans ce gouvernement et que ses deux partenaires ne font qu’applaudir et saluer son action. La politique climatique est en dessous de tout alors que les verts codirigent le pays, regrette en substance le président du parti, qui évoque le manque de pistes concrètes pour atteindre les objectifs climatiques.
Mauvais timing encore pour le CSV qui critique la manière dont le gouvernement a procédé pour réorganiser la Cour grand-ducale. Invité sur RTL Radio quelques instants plus tard, Xavier Bettel expliquera que tout avait été discuté avec les députés alors que rien ne l’y obligeait en usant d’un arrêté grand-ducal pour y parvenir. Cet arrêté a été rédigé en collaboration avec le chef de l’État, mais cela ne suffit pas au CSV qui espérait une loi et un débat à la Chambre des députés.
Le CSV n’est pas au bout de ses peines, mais il compte sur sa base pour revenir sur le devant de la scène avec des propositions concrètes «pour donner de nouvelles perspectives au pays».
Geneviève Montaigu