Le CSV n’hésite pas à fustiger le gouvernement pour son «arrogance» et les «affaires» à répétition. Mais le parti veut revenir au travail politique proprement dit. Samedi, le président Frank Engel a lancé une «offre».
Le CSV a profité des vacances d’été pour être à l’écoute des gens. «Il nous faut être encore plus proche des citoyens», clame Martine Hansen, cheffe de fraction du Parti chrétien-social à la Chambre des députés. En même temps, le CSV se plaint de ne pas être écouté par les partis de la majorité. «On est pour de bon arrivé dans l’opposition. Nos adversaires politiques ne doivent pas croire qu’on continuera à nous affaiblir nous-mêmes», a été une de ses déclarations clés du congrès extraordinaire du principal parti d’opposition, organisé samedi matin à Rodange.
Au bout de près de trois heures et de demie de discussions, le président Frank Engel a voulu faire passer un message clair : «Que plus personne ne vienne nous dire que le CSV n’a pas de propres propositions!» Quelques minutes plus tôt, l’ancien député européen avait tendu la main aux trois partis formant le gouvernement depuis fin 2013. «Après tout, formulons une
offre», lance Frank Engel. «Mais il ne s’agit pas d’une offre de coalition», ajoute-t-il immédiatement. Début octobre, le CSV s’était vu reprocher d’avoir soumis une «offre immorale» au DP et au LSAP pour forcer son retour au gouvernement. Rien de tout cela samedi. Du moins en principe. «Si la majorité le souhaite, on est prêt à donner un coup de main», affirme Frank Engel, élu en janvier 2019 à la tête du Parti chrétien-social.
Ce qui étonne, c’est que cette offre intervient au bout de plus d’une heure de sévères critiques adressées au gouvernement en place. Martine Hansen est ainsi revenue sur les casseroles que la majorité traîne depuis des mois : l’affaire des fichiers dits secrets de la police et de la justice, l’affaire Traversini/Dieschbourg, l’affaire Film Fund, la remise en question de la séparation des pouvoirs et donc désormais l’affaire
Cahen.
«L’État CSV n’a jamais existé»
Comme déjà par le passé, déi gréng se sont bien plus retrouvés dans le viseur que le DP et le LSAP, les deux autres partenaires de la coalition au pouvoir. Frank Engel dresse cependant un constat «très inquiétant» : «Les affaires à répétition plombent toute avancée sur le plan politique. Il est grand temps de revenir à une politique responsable», lance le président du CSV. Le principal intérêt du congrès extraordinaire de samedi a été de faire voter une résolution sur trois dossiers prioritaires, qui selon les derniers sondages, préoccupent le plus les citoyens du pays : le changement climatique, la croissance et le logement. Le texte soumis par le comité national a finalement été adopté à l’unanimité (moins une abstention) après avoir fait l’objet de nombreuses propositions d’amendements. «Le parti est vivant», se félicite Frank Engel.
Comme bon nombre d’autres observateurs, le CSV attend avec grande impatience la présentation de la loi sur le climat que le gouvernement doit finaliser d’ici la fin de l’année. «Il est à nous de donner le ton en matière de politique climatique car déi gréng ne sont plus capables de le faire», fustige Frank Engel. Mais comme indiqué plus haut, le CSV se dit disposé à «donner un coup de main».
Dans le domaine du logement, le parti conservateur plaide pour élargir le périmètre de construction. Une taxe sur la spéculation avait déjà été annoncée. Tout comme l’appel pour passer une croissance plus ciblée, portant notamment sur le développement de nouveaux secteurs d’activité écologiques. Si le CSV se dit décidé à avancer sur ces dossiers, il reste à convaincre la majorité.
Si on considère les autres critiques formulées samedi, le fossé reste pourtant important : «Xavier Bettel trône sur le pays et n’a donc pas de temps pour le gouverner» ou encore «ce gouvernement vit dans sa bulle et agit uniquement pour les « happy fews »». Frank Engel a ajouté en guise de conclusion que «l’État CSV n’a jamais existé. Mais l’État Gambie* existe bien. Et il ne rapporte rien à personne».
David Marques
(*) Surnom donné à la coalition DP-LSAP-déi gréng, dont les couleurs bleue, rouge et verte se retrouvent dans le drapeau de la Gambie
Juncker, futur conseiller ?
Parti présider la Commission européenne à Bruxelles, Jean-Claude Juncker avait un peu disparu du radar de son parti (CSV). Mais avec la retraite politique qui se rapproche, le CSV estime qu’«il aura sans aucun doute l’un ou l’autre bon conseil à nous donner», comme l’a dit samedi Martine Hansen.
Il est revenu à la cheffe de la fraction chrétienne-sociale de rendre hommage à la longue et très remarquable carrière politique du président sortant de la Commission européenne.