Lundi dernier, le CSV avait joué la carte offensive lors des discussions autour du budget. La contre-attaque de la première échevine a été cinglante.
Le CSV avait prévu de transformer le vote du budget en lancement de la campagne pour les élections communales. Le retour de boomerang a été sévère, puisque Sam Tanson avait décidé de ne pas se laisser faire.
Le CSV ne fait pas mystère de ses ambitions pour les prochaines élections communales de l’automne 2017 : retrouver sa place d’avant 2005 au collège échevinal de la capitale. Dans le fond, lors de la discussion du budget, les chrétiens-sociaux n’ont parlé que de ça. Il avait été davantage question de politique générale et de critiques souvent violentes de l’action de la majorité DP-déi gréng que de prises de position sur les chiffres de l’année qui vient. Parmi les piques, on peut évoquer le reclassement de Sam Tanson en tant qu’échevine de l’immobilité (elle est celle de la mobilité).
Ladite échevine a riposté. Avant de commencer son discours, elle a commencé par regretter l’absence de Martine Mergen, partie téléphoner dans le couloir. Elle était ravie du retour de la conseillère quelques secondes plus tard, car Sam Tanson tenait à ce que tous les élus CSV entendent ce qu’elle avait à leur dire.
Le visage fermé, le ton particulièrement sec, l’écologiste a asséné un message concis (elle est certainement l’échevine qui a le moins parlé) et très clair. «Vous nous reprochez de ne pas avoir anticipé des problèmes qui existent de longue date. Je note qu’il y a dix ans, c’était vous qui étiez responsables de ces ressorts», a-t-elle lancé, sous-entendant que par ce reproche, le CSV s’est tiré une balle dans le pied.
Sam Tanson a également fait remarquer que les chrétiens-sociaux ont été en grande partie hors sujet. «Vous n’avez que très peu parlé des finances…», a-t-elle souri, se déclarant déçue du peu de profondeur des remarques venues de ce camp en particulier. «Vos propos n’ont été que destructeurs, il n’y a eu pratiquement aucune proposition constructive», leur a-t-elle lancé.
«On n’en a jamais autant fait»
«Il y a trop de bouchons, oui, nous sommes d’accord, mais nous travaillons à des alternatives, martèle-t-elle. Laurent Mosar assure que le tram ne les résoudra pas. Mais grâce à l’actuel ministre du Développement durable et des Infrastructures (NDLR : François Bausch), le projet s’est encore amélioré en poussant son terminus de la gare à la Cloche d’or.»
L’ombre de Claude Wiseler, le prédécesseur de François Bausch à la tour Alcide-de-Gasperi, également époux d’Isabel Wiseler, ex-présidente de la section locale et membre du conseil communal, planait sous les hauts plafonds moulurés de la salle du conseil. «Si le tram avait été soutenu par l’ancien gouvernement comme il l’est par l’actuel, cela ferait longtemps qu’il roulerait!», a décoché la première échevine.
Répondant à des critiques portant sur le pont qui fera la liaison entre Neudorf et le Cents via un pont réservé à la mobilité douce, Sam Tanson s’est offusquée de la légèreté du point de vue de l’opposition CSV : «Vous considérez la politique portant sur la mobilité douce comme un gadget. Pas nous.» Elle a une nouvelle fois loué la politique de François Bausch, ancien premier échevin de Luxembourg, qui, en portant la création de park & ride le long des frontières et à la périphérie de la Ville, permettra de faire du bien au trafic dans Luxembourg. «On n’en a jamais autant fait à tous les niveaux pour améliorer la mobilité dans la capitale.»
Devant la passivité de l’opposition après la diatribe de sa première échevine, Lydie Polfer n’a rien eu à ajouter. Elle s’est même permis une petite blague sur le deuxième sujet explosif du moment – les chantiers – pour détendre l’atmosphère. «Vous avez raison, il y a en ce moment beaucoup de chantiers qui ont lieu en même temps. Mais vous savez, la bonne nouvelle, c’est qu’ils se termineront aussi en même temps! Quand le tram sera en service et que le Royal-Hamilius sera construit, notre ville sera belle !»
Sans surprise, le budget a été voté par la majorité. L’opposition s’est prononcée contre.
Erwan Nonet