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Le CSV met sa casquette verte


"Il faut profiter de la réceptivité des citoyens sans toutefois être borné", fait remarques Claude Wiseler (CSV). (Photo : Chambre des députés)

Pour le camp chrétien-social, les mesures du plan de relance post-Covid-19 ne sont pas assez ambitieuses sur le plan écologique. Les ministres verts rétorquent que leur action est loin d’être achevée.

Pendant la campagne électorale de 2018, le CSV n’a cessé de taper sur déi gréng. Resté coincé dans l’opposition, le camp chrétien-social n’a pas changé de stratégie. Il est donc d’autant plus étonnant d’avoir vu Claude Wiseler arborer, jeudi à la Chambre des députés, sa casquette verte. En clamant que le plan de relance post-Covid-19, baptisé «Neistart Lëtzebuerg», n’est pas assez ambitieux sur le plan écologique, il positionne le CSV comme défenseur de la cause verte tout en fustigeant les manquements que son parti reproche à déi gréng. «Il faut profiter de la situation actuelle pour lancer les bons débats. Il faut profiter de la réceptivité des citoyens sans toutefois être borné. Dans le cas contraire, vous allez perdre les dernières personnes qui ont la volonté de vous aider», conseille Claude Wiseler au camp des verts.

Globalement, l’opposition parlementaire soutient la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. L’enveloppe de 800 millions d’euros pour relancer le pays de manière durable n’est pas non plus contestée. La stratégie verte suscite toutefois plus de débats. «Le plan de relance économique est trop classique. Seuls des points minuscules portent la signature des verts. On est loin de ce qui est prêché», analyse Claude Wiseler. «Il s’agit uniquement de pansements. Le plan ne constitue pas encore le grand jet attendu», constate également Marc Goergen (Parti pirate). «Mais si vous chercher un allié, vous trouverez les pirates», ajoute-t-il.

«Dissonance idéologique et politique»

Jeudi, les critiques ont été accompagnées de propositions de la part de l’opposition. Le CSV reproche notamment «un manque de réflexion» en ce qui concerne les investissements qui doivent rester à un niveau élevé. «Quelle est la stratégie à plus long terme ? J’aurais aimé une réflexion sur la croissance frénétique que le pays ne peut supporter à long terme. Il en va de même de l’investissement au niveau de la Grande Région. La crise sanitaire nous a plus que jamais démontré notre dépendance par rapport aux pays voisins», note Claude Wiseler.

Dans le même ordre d’idées, il réclame une réflexion sur la réinstallation d’industries de première nécessité afin de miser sur des chaînes de production locales et régionales : «Il faut accorder des aides et être prêts à délivrer les autorisations d’établissement. Se réjouir que des industries sales ne soient pas implantées au Luxembourg ne suffira plus.»

Les bémols émis par l’ADR et déi Lénk se situent à un autre niveau. «Il n’est pas concevable qu’une sortie de dirigisme soit imposée aux entreprises. Elles ont besoin de perspectives à long terme sans devoir craindre une multiplication des nouvelles obligations», fustige Fernand Kartheiser. David Wagner admet une «dissonance idéologique et politique» avec déi gréng. «Nous ne remettons pas en cause l’objectif poursuivi, mais le chemin pour y parvenir», note le député déi Lénk. Les primes pour la rénovation énergétique privilégieraient «davantage les personnes disposant déjà d’un certain pouvoir d’achat et d’un patrimoine».

«Simple relance ou nouveau départ ?»

Les messages ont-ils été enregistrés par la majorité ? «Je tiens à remercier le CSV pour ses propositions. On va les analyser. Il est évident qu’on ne peut pas tout réaliser en 2 ou 3 mois», avance Georges Engel (LSAP). «Ce n’est pas le moment d’hésiter à investir pour sauvegarder la substance de notre économie», ajoute Max Hahn (DP). François Benoy (déi gréng) prépare le terrain pour ses ministres en rappelant les projets déjà réalisés. Désormais, «il faut profiter de l’esprit pionnier qui prévaut pour prendre les prochaines mesures».

Ces prochaines mesures seraient d’ores et déjà en cours de préparation. «Le plan de relance économique se résume à des aides qui doivent produire leurs effets à plus court terme. Il s’agit uniquement d’une partie de notre plan de relance vert qui poursuit des objectifs à plus long terme», précise la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg. Le plan Énergie-Climat est censé prendre la relève après la fin du programme «Neistart Lëtzebuerg». «Les aides et autres subventions ne vont pas s’arrêter du jour au lendemain», promet la ministre, soutenue par Claude Turmes, en charge de l’Énergie. «Notre force est de pouvoir miser sur un consensus», se félicite encore Carole Dieschbourg.

Il reste à voir si le pays assistera à une «simple relance» ou à un «véritable nouveau départ». «Les ambitions sont importantes. Mais on ne sait pas toujours vers où on va», termine Claude Wiseler. Déi Gréng restent dans le viseur du CSV.

David Marques

Un commentaire

  1. Quand on voit le faible nombre de panneaux solaires au Luxembourg, c’est quand même triste, sans parler des autres possibilités… En clair, il y a beaucoup trop de blablabla mais peu d’actions !