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Le Covid long reconnu : «On est face à une nouvelle pathologie»


Le Dr Thérèse Staub ne s’attendait pas du tout à un tel nombre de patients atteints. Elle en a elle-même reçu 250 au CHL. (Photo : archives lq/julien garroy)

Le projet-pilote lancé il y a six mois pour la prise en charge du Covid long a bénéficié jusqu’ici à 443 personnes, brisant au passage toutes les idées reçues sur ce syndrome. La ministre annonce que le programme sera poursuivi.

Au mieux ignorées, au pire soupçonnées d’exagérer, les personnes atteintes d’un covid long ont dû attendre août 2021 pour enfin être prises au sérieux par les autorités, qui n’avaient même pas pris la peine de les recenser jusque-là.

À cette date, le ministère de la Santé lançait un projet-pilote pour assurer une véritable prise en charge thérapeutique à ces personnes en errance médicale depuis de longs mois.

Une somme de 1,2 million d’euros était mise sur la table pour proposer un parcours de soins adapté à 700 patients. Au final, 443 personnes, handicapées par des séquelles après avoir contracté le virus, se sont manifestées en l’espace de six mois. Des femmes pour la plupart, âgées en moyenne de 47 ans.

Orientés par leur médecin vers une consultation de guidage, ces patients ont été répartis entre les différents services du CHL, du Rehazenter, du CHNP d’Ettelbruck et du domaine thermal de Mondorf-les-Bains pour suivre un programme de rééducation personnalisé. La ministre Paulette Lenert a annoncé ce jeudi 3 février que ce projet-pilote serait reconduit pour une durée indéterminée.

«Les gens sont malades, c’est indéniable, on le sait aujourd’hui», tranche le Dr Gaston Schütz, directeur général du Rehazenter, dont trois plateaux techniques sont dédiés au covid long. «On est face à une nouvelle pathologie et on n’était pas armés pour accueillir cette patientèle supplémentaire. Les hôpitaux ont dû déployer des moyens, arrêter certaines activités», poursuit-il.

Alors que la durée moyenne de la prise en charge atteint actuellement quatre mois, tous les patients n’en sortent pas guéris à 100 % : les plus gravement atteints, qui ont passé plusieurs semaines en soins intensifs, voient leur qualité de vie améliorée, mais gardent malgré tout l’une ou l’autre séquelle.

«Il y a encore beaucoup d’inconnues, ce qui chagrine les patients comme les thérapeutes, car c’est assez anxiogène. On espère que les données qu’on collecte scrupuleusement aujourd’hui nous permettront de mieux gérer à l’avenir», indique le directeur, ajoutant que la CNS rembourse tous les soins nécessaires, sans limite dans le temps, comme ça a pu être le cas.

«Le plus important, c’est que ces gens ne se sentent plus seuls. Leurs maux sont reconnus et traités. Au Rehazenter, on constate que, psychologiquement, les thérapies de groupe leur font beaucoup de bien», remarque le Dr Schütz, citant les 30 % de patients covid long qui souffrent de troubles psychiques comme la dépression et l’anxiété, tant ce fardeau est lourd à porter.

D’où l’intervention du CHNP, non prévue dans le projet de départ, mais dont le soutien s’avère aujourd’hui indispensable.

Seuls 20 % des patients avaient été hospitalisés

Des virus causant des séquelles aussi handicapantes, avant la pandémie de covid, le Dr Thérèse Staub n’en connaissait que deux : la mononucléose et le chikungunya.

Ainsi, la cheffe du service national des maladies infectieuses au CHL n’aurait jamais pu imaginer un tel nombre d’appels à l’aide : «On s’attendait à 200 patients tout au plus», reconnaît-elle, confiant que le profil de ces malades chroniques l’a tout aussi déroutée.

«65 % sont des femmes, souvent d’une quarantaine d’années, avec des enfants. Alors qu’on pensait accueillir davantage d’hommes et des personnes plus âgées», précise celle qui a vu en consultation 250 de ces patients.

Et tous ont un point commun : «Ils sont désespérés, raconte-t-elle. On voit des gens contaminés en mars 2020 qui continuent de souffrir de plusieurs symptômes. Le tableau est toujours un peu le même, donc on voit bien que, contrairement à ce qu’ils entendent souvent, ce n’est pas dans leur tête.»

Et pour mettre définitivement fin à une autre idée reçue  : ce ne sont pas les patients les plus gravement atteints par le virus qui développent forcément un covid long. «Seulement 20 % ont été hospitalisés, et 5 % ont nécessité des soins intensifs», lance le Dr Staub.

Les experts scrutent désormais les mois à venir, avec la crainte que le tsunami Omicron n’engendre une hausse des cas de covid long. «Là, on commence à atteindre nos limites, donc si tout d’un coup ça explose, ça va être difficile», anticipe la cheffe de service, qui souligne que ce variant a, certes, infecté un grand nombre de personnes, mais que celles-ci sont restées asymptomatiques ou presque.

Ce qui la pousse à aborder cette période plutôt sereinement.

Covid long : êtes-vous concerné?

Désormais mieux connus des médecins luxembourgeois, les symptômes du covid long sont aussi mieux identifiés. Fatigue chronique, sensation de gêne respiratoire, toux persistante, perte d’endurance, perte de force musculaire, douleurs articulaires ou musculaires, troubles nutritionnels, troubles olfactifs et gustatifs, stress, anxiété, dépression ou troubles neuropsychiatriques.

Si vous avez été infecté par le virus et que vous souffrez toujours d’un ou plusieurs de ces troubles, consultez votre médecin traitant pour obtenir un premier rendez-vous en téléconsultation et intégrer un programme thérapeutique pris en charge par la CNS.

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