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Le congé parental à la carte


Dans sa forme actuelle, le congé parental est très populaire. Il le serait davantage si on le rendait flexible, comme le montre un sondage commandé par le ministère de la Famille.

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Parmi les raisons spontanées avancées à propos de la prise du congé parental, la relation entre parents et enfants figure en première place. (Photos : illustration archives Le Quotidien)

Le congé parental, tel qu’il existe au Luxembourg depuis 1999, se décline de deux manières différentes, à savoir que par enfant, il est possible soit de prendre un congé pendant une durée de six mois, soit de travailler à temps partiel et de l’étirer sur douze mois.

Toutefois, la crainte de souffrir d’un accroc dans sa carrière professionnelle, en optant par exemple pour le congé de six mois, fait que beaucoup hésitent à le prendre. Ce n’est pas la seule explication. Pour y voir plus clair, le ministère avait commandé un sondage dans le cadre de la réforme du congé parental annoncée dans le programme gouvernemental du « paquet d’avenir ». Sondage dont le but était d’établir le niveau de satisfaction par rapport à ce congé et de trouver les raisons qui poussent ou non les gens à le prendre.

> Des mentalités différentes

Première surprise : 36% des personnes interrogées ignorent tout ou presque des modalités de ce congé. Et parmi elles, la moitié sont des Portugais, reflet d’une « réalité tragique » pour le directeur du TNS Ilres, Charles Margue, qui note aussi que 15% continuent d’associer le congé aux femmes exclusivement. Là encore, les Portugais seraient en tête avec 26%. Le directeur de l’institut de sondages y voit avant tout « l’expression d’une différence dans les mentalités. Nous vivons ensemble, mais à des vitesses différentes ».

Pour ce qui est des congés pris, le sondage prouve que les hommes, majoritairement, ne s’en servent pas. Ainsi, 55% des femmes indiquent l’avoir pris pour leur premier enfant contre 20% d’hommes seulement. Le phénomène se répète au moment de la naissance du deuxième ou du troisième enfant.

Ce qui ne change rien au fait que 68% des femmes et 40% des hommes se disent prêts à prendre le congé parental dans sa forme actuelle. D’ailleurs, les trois quarts des interrogés s’en disent satisfaits, la relation parents-enfants, la vie de couple et la répartition des tâches figurant en première place des aspects de la vie qui en bénéficieraient le plus.

> Flexibilité et indemnités critiquées

Néanmoins, à rediriger le questionnaire sur l’aménagement et le retour au travail, on remarque que 10% rêvent d’autres conditions. D’ailleurs, seule une personne sur cinq approuve le niveau actuel des indemnités.

Reste que parmi les raisons spontanées mises en avant par ceux qui ont choisi de prendre le congé parental, la relation enfant-parent prime, de même que la volonté de ne pas confier son enfant à une tierce personne. Mais il y a aussi l’idée de pouvoir travailler et s’occuper de son enfant à côté ou encore de voir vie professionnelle et vie privée conciliées. Le taux de ceux qui regrettent de ne pas avoir pris le congé est d’ailleurs massif (42%) et, parmi eux, les détenteurs de diplômes sont nombreux.

Quant à savoir si leur choix, à l’époque, était lié à la législation actuelle, 57% répondent par la négative. 14% mettent en avant le refus de l’employeur, réel ou imaginé, comme le précise Charles Margue, qui évoque l’existence d’une forme d’ « obéissance préventive », autrement dit de la peur. Cette dernière figure à la deuxième place derrière l’argument financier, souvent avancé par les bac +2 ou davantage qui craignent une trop forte diminution de leur niveau de vie.

> Un désir de réforme

Le congé parental, dans sa forme actuelle, ne convient donc pas à tout le monde. Or 61% des personnes interrogées se disent prêtes à s’en servir à condition qu’il soit réorganisé. Un fait qui, selon le directeur de TNS Ilres, engage clairement le ministère et les partenaires sociaux afin qu’ils trouvent un accord. Car, clairement, c’est au niveau des indemnités et des conditions jugées trop rigides qu’une grande partie des sondés aimerait voir bouger les choses.

La perspective d’un congé qui, au lieu des six ou douze mois, dure quatre mois est une option parmi d’autres pour rendre le congé parental plus flexible et plus adapté aux besoins de ceux qui doivent en profiter.

Mais Corinne Cahen, ministre de la Famille, estime d’emblée qu’il y a une « grande différence entre jeunes et vieux patrons », les premiers étant généralement « beaucoup plus ouverts ».

De notre journaliste Frédéric Braun