La Chambre des députés a débattu, mardi, de la crise ukrainienne et du rôle joué par l’OTAN. L’importance de la diplomatie a été mise en avant. Cela n’a pas empêché des attaques verbales envers la Russie.
Le siège réservé, mardi en tribune de la Chambre, à un représentant de l’ambassade des États-Unis est resté vide. Cela n’a pas influencé le débat sur le conflit opposant l’Ukraine à la Russie et donc, par ricochet, le bras de fer entre l’OTAN et le Kremlin. «Nous sommes confrontés à une crise sécuritaire sans véritable précédent depuis la fin de la guerre froide», fait remarquer Lydia Mutsch (LSAP).
«Il ne faut pas trop paniquer, mais continuer à miser sur la désescalade. Néanmoins, les menaces perpétrées par la Russie sur l’Ukraine sont à prendre au sérieux», vient compléter Gusty Graas, député du DP qui se trouve à l’origine du débat mené par les élus luxembourgeois.
L’ensemble des orateurs a été d’accord, mardi, pour souligner l’importance de poursuivre les pourparlers diplomatiques afin d’éviter tout scénario de conflit armé. En parallèle, le rôle joué par l’OTAN et l’UE a été soumis à une analyse critique.
L’UE mise de côté
Conclusion : contrairement à l’alliance de défense militaire transatlantique, les 27 États membres de l’Union européenne n’arrivent pas à peser dans la résolution de la crise ukrainienne. «Le président Poutine ne veut pas de pourparlers avec l’UE, car il ne la considère pas comme un acteur politique qui est à prendre au sérieux», constate froidement Djuna Bernard (déi gréng).
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Fort de son expérience comme doyen des ministres des Affaires étrangères européens, Jean Asselborn ne nie pas que la teneur des échanges directs entre États-Unis et Russie font de l’ombre à l’UE. «Mais, clame le diplomate en chef du Luxembourg, il ne se peut pas que Washington et Moscou négocient sur la situation sécuritaire en Europe sans impliquer l’UE.»
Jean Asselborn assure ainsi que toutes les initiatives prises par les États-Unis, mais aussi par la France ou l’Allemagne, ont fait l’objet de concertations entre alliés. «En attendant que l’UE renforce son action de sécurité et de défense, l’OTAN demeure la meilleure alliance de défense dont nous disposons», affirme toutefois Djuna Bernard. Des positions semblables ont été prises, mardi, par le CSV, le DP et le LSAP.
L’ADR prend la défense de Moscou
La responsabilité de la Russie était un des autres thèmes majeurs traités à la Chambre des députés. L’ADR est le seul parti à avoir pris ouvertement la défense de Moscou. «La crise ukrainienne fait partie des conflits postsoviétiques qui reposent sur des questions territoriales, ethniques et économiques. Au lieu de vouloir l’encercler en élargissant l’OTAN, il faudrait travailler avec la Russie pour créer une plus grande stabilité en Europe et dans le monde. La sécurité des alliés ne doit pas se faire au détriment de la sécurité de la Russie», résume Fernand Kartheiser.
Cette position n’est nullement partagée par le ministre des Affaires étrangères : «La Russie veut maintenir l’Ukraine comme zone tampon avec les pays de l’OTAN. Trois décennies après la fin de la guerre froide, il n’est plus acceptable que Moscou impose à des pays souverains les alliances qu’ils comptent engager.»
Les mots choisis par déi Lénk et le Parti pirate envers Moscou sont bien plus durs. «Vladimir Poutine est un autocrate d’extrême droite qui a comme seul intérêt de jouer avec le feu. Même si la réaction de la Russie à un élargissement de l’OTAN n’est pas concevable, il fallait s’y attendre», tranche Nathalie Oberweis.
«Il est temps de rappeler à la Russie les limites qui sont à respecter», martèle de son côté Sven Clement.
Sanctions : «Le Luxembourg ne va pas sortir la calculette»
Le ministre des Affaires étrangères, interpellé par le député Claude Wiseler (CSV), a souligné, mardi, que le gouvernement luxembourgeois allait pleinement soutenir d’éventuelles sanctions diplomatiques, économiques et financières («un paquet massif») contre la Russie.
Claude Wiseler s’est notamment inquiété de l’impact que pourraient avoir les sanctions sur la place financière de Luxembourg. «Nous n’allons pas sortir la calculette avant de soutenir ces sanctions. Le principe de la solidarité va pleinement jouer», rétorque Jean Asselborn.
Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a aussi fait part de sa conviction que le gazoduc «Nord Stream 2», qui relie l’Allemagne (et donc l’UE) à la Russie, sera mort-né dans le cas où Moscou déciderait d’agresser l’Ukraine.
L’ADR a raison. La Russie ne fait que demander aux américains qui tiennent les marionnettes européennes, de cesser de les asticoter. On ne chatouille un grizzli qu’à ses dépends.