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Le chômage pour les frontaliers mis entre parenthèses


Selon des estimations, l'Adem aurait été amenée à prendre en charge jusqu'à 12 000 chômeurs supplémentaires. (photo Isabella Finzi)

Le très contesté projet de la Commission européenne visant à obliger les pays employeurs à indemniser les chômeurs frontaliers n’a pas obtenu de majorité, ce vendredi, à Bruxelles. Aucune adoption du texte n’est prévue dans l’immédiat.

C’est un ministre du Travail plutôt satisfait que nous avons joint vendredi. «Je ne veux pas dire qu’on est soulagés. Mais de plus en plus de pays se rendent compte que ce projet n’est pas assez mûr. De plus, il n’apporte rien pour encourager le progrès social au niveau européen», indique Dan Kersch.

La situation particulière du Luxembourg

Pas plus tard que jeudi, il avait fait un point avec la commission parlementaire du Travail et de la Sécurité sociale sur le chômage à verser aux travailleurs frontaliers. Initié par la Commission européenne fin 2016, ce projet, visant une meilleure coordination de la sécurité sociale, prévoit que le pays d’origine ne sera plus en charge des indemnités de chômage d’un travailleur frontalier. Dès 2021, cette tâche aurait dû incomber au pays qui emploie le frontalier.

Pour le Luxembourg, qui compte près de 200 000 travailleurs venant de France, de Belgique et d’Allemagne, ce changement de paradigme aurait non seulement eu un coût important (86 millions d’euros par an) mais aurait surtout représenté une importante charge administrative. Selon des estimations, l’Adem aurait été amenée à prendre en charge jusqu’à 12 000 chômeurs supplémentaires.

De plus en plus de pays opposés

Ce vendredi, le Comité des représentants permanents (Coreper), réunissant les délégations des 28 États membres de l’UE, a décidé de mettre le texte entre parenthèses. Aucune majorité ne s’est en effet profilée suite à l’opposition du Luxembourg, rejoint par la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche et même l’Allemagne. La France par contre a poussé pour faire avancer les choses. Le vote, prévu pour la mi-avril au Parlement européen, n’aura pas lieu.

La balle se trouve désormais dans le camp de la présidence roumaine du Conseil européen. Une nouvelle concertation entre le Conseil, la Commission et le Parlement n’est pas exclue.

David Marques