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L’ASTI à Jean-Claude Juncker : « Construisons des ponts, pas des murs ! »


L'ASTI revient dans sa lettre sur la «tragédie qui se déroule depuis des années en Méditerranée». (illustration AFP)

Dans une lettre ouverte adressée au président de la Commission européenne, l’ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés) souligne l’urgence de trouver enfin des solutions concrètes à la crise migratoire.

La patience de nombreuses organisations humanitaires a atteint ses limites. Depuis plus de deux ans, l’Union européenne échoue dans sa tâche d’organiser un accueil digne des milliers de réfugiés qui continuent à affluer sur le Vieux Continent. À l’aube de la célébration du 60e anniversaire de la signature du traité de Rome, qui se trouve à la base de l’UE, et alors que les dirigeants européens continuent à s’efforcer de rebâtir une forteresse, l’ASTI a décidé de hausser le ton. La lettre ouverte adressée au président luxembourgeois de la Commission européenne est un véritable appel à l’aide, qui ne manque cependant pas d’attirer l’attention sur la faillite de la politique migratoire européenne. «Construisons des ponts, pas des murs !», clame l’ASTI.

L’association épluche un par un les chantiers brûlants, qui ne sont pas près d’être achevés. «Dans l’immédiat, il y a urgence à résoudre la situation des migrants qui sont oubliés aux portes de l’Europe et qui affrontent le froid, la faim et la mort sur la route des Balkans ou qui sont bloqués en Grèce et en Italie», souligne l’association dans sa lettre. «L’Union européenne ne peut pas rester les bras croisés pendant que des hommes, des femmes et des enfants risquent de mourir là où ils cherchaient à avoir la vie sauve», enchaîne l’ASTI, qui lance un appel clair aux responsables politiques : «L’ouverture de couloirs humanitaires pour ces personnes urge, de même que l’accélération des relocalisations !»

La lettre met le doigt où cela fait mal. L’ASTI revient aussi sur la «tragédie qui se déroule depuis des années en Méditerranée». Selon les estimations de l’ONU, plus de 5 000 migrants ont perdu la vie au large des côtes européennes en 2016. «La création de programmes d’admission humanitaire doit aller de l’avant, notamment pour les réfugiés venus de pays en guerre et qui sont en situation de vulnérabilité», souligne la lettre en faisant référence à la proposition du Haut- Commissariat des Nations unies pour les réfugiés datant déjà de 2014. L’octroi de visas humanitaires pour entrer en Europe est selon l’ASTI une autre piste à explorer d’urgence.

Une conclusion cruelle

L’accord conclu avec la Turquie reste également en travers de la gorge de l’ASTI. «Il est certes indispensable de collaborer avec les pays d’origine et de transit. Cependant, traiter les migrants comme des entités marchandables, vouloir échanger les ‘mauvais’ réfugiés contre des ‘bons’ ou y rattacher nos aides au développement et à la coopération n’est pas digne d’une Europe qui se veut un territoire du respect des droits de l’homme», dénonce la lettre.

La conclusion de l’ASTI est cruelle. «Sur le long terme, et parce que l’Union européenne, malgré les problèmes actuels, ne devra jamais abdiquer de se projeter dans l’avenir, nous devrons réfléchir à des solutions novatrices, puisque les vieilles recettes n’ont conduit qu’à la mort de milliers de personnes et à l’explosion des replis sur soi.»

C’est pourquoi les responsables européens sont appelés à «avancer sur une vraie politique commune d’asile et de migrations. L’harmonisation des régimes d’asile est indispensable, de même que la création d’un droit d’asile européen. Le seul contrôle et bien souvent la fermeture des frontières ont démontré leur manque d’efficacité». «Jamais une frontière fermée n’a découragé un migrant de la traverser si le désespoir, la peur, l’insécurité ou la misère le poussent à le faire», poursuit l’ASTI, qui plaide aussi pour l’ouverture de voies migratoires légales pour les réfugiés économiques.

David Marques