Deux ans après l’arrivée des premiers réfugiés au Luxembourg, l’intégration de ces milliers de personnes constitue un des objectifs majeurs. Si l’apprentissage des langues est important, l’entrée sur le marché du travail constitue aussi un facteur important.
Ils sont menuisiers, électriciens ou jardiniers. Ils sont motivés et ouverts. Mais ils peinent à trouver un emploi. De l’autre côté, le secteur artisanal peine à recruter. «Nous vivons une période marquée par un besoin élevé de travailleurs», souligne Tom Oberweis, le président de la Chambre des métiers. Dans ce contexte, la population grandissante de réfugiés, qui ont obtenu le droit de rester au Luxembourg, constitue un vivier de plus en plus intéressant pour les PME. «J’ai engagé plusieurs réfugiés dans mon entreprise de peinture. L’expérience est entièrement positive», témoigne Michel Reckinger, qui préside, lui, la Fédération des artisans.
Mercredi, la fédération qui regroupe sous son toit un des secteurs économiques les plus dynamiques du pays s’est alliée à l’Adem et au ministère du Travail pour offrir des perspectives d’emploi plus concrètes aux réfugiés. «Il s’agit de donner une chance aux personnes arrivées au Luxembourg dans des conditions souvent dramatiques», résume le ministre du Travail, Nicolas Schmit (LSAP). «L’artisanat, qui cherche des gens motivés et compétents, peut trouver chaussure à son pied en misant sur des réfugiés, qui font, eux également, preuve d’une grande motivation. Ils constituent une population tout à fait intéressante», poursuit le ministre, qui pense aussi à l’intégration des personnes concernées.
« Une chance pour nous tous »
«Toute forme d’intégration passe tout d’abord par l’emploi. Le travail offre une possibilité aux gens concernés de trouver vraiment leur place dans la société luxembourgeoise», complète Nicolas Schmit. Il a d’ailleurs tenu à louer «la générosité et l’ouverture d’esprit des entreprises pour donner une chance à ces personnes. Il faut comprendre qu’il s’agit d’une chance pour nous tous.»
En fin d’après-midi, une quarantaine de réfugiés a eu l’occasion d’entrer en contact direct avec des employeurs potentiels. La formule de «speed dating» commence à faire ses preuves.
«Au départ, on avait un réflexe humanitaire. Il s’agissait de venir en aide à ces personnes qui ont fui la misère. Aujourd’hui, on a la chance de dénicher des salariés volontaires, qui ont un vécu dans nos métiers», souligne Michel Reckinger. Il faut juste faire preuve d’ouverture d’esprit et de flexibilité. «Un électricien venant de Syrie n’a certainement pas travaillé dans les mêmes conditions qu’ici au Luxembourg. Or l’approche et la volonté sont les mêmes», conclut le président de la Fédération des artisans.
Cette ouverture de la part de l’artisanat aux réfugiés pourrait donc bien s’avérer être une opération du type gagnant-gagnant. Mais on n’est qu’aux débuts d’un long chemin d’intégration. Bien d’autres efforts de la société et de l’économie dans leur ensemble seront nécessaires pour relever ce défi.
David Marques