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L’armée luxembourgeoise sera réformée


L’armée recrute des profils spécialisés pour se moderniser et être à la hauteur des missions et des objectifs qu’elle se fixe. (archives Isabella Finzi)

«Engagez-vous, qu’ils disaient !» C’est plus que jamais à l’ordre du jour avec la réforme de la loi sur l’organisation de l’armée. Cette dernière cherche des profils spécifiques.

Chacun a sa place dans l’armée luxembourgeoise. Plus que jamais pourtant, elle cherche des profils plus spécialisés et mieux formés pour pouvoir mener à bien des missions de plus en plus complexes sur des équipements de plus en plus difficiles à manier. Le visage de l’armée et son rôle évoluent, contrairement à son organisation qui elle est figée dans le temps depuis 69 ans. La dernière loi sur l’organisation de l’armée date du 23 juillet 1952 et, à part quelques adaptations, tel un soldat en faction, elle n’a pas bougé. Une réforme devenait donc plus que nécessaire. Un avant-projet de loi en la matière a été approuvé par le Conseil de gouvernement, vendredi.

«La situation géopolitique et sécuritaire a radicalement changé depuis la dernière adaptation de la loi actuelle, effectuée en 2007. Le projet de loi qui sera déposé à la Chambre des députés dans les prochains jours donnera une base juridique solide à l’armée afin de lui permettre de s’adapter aux défis à venir», a déclaré, vendredi, François Bausch, le ministre de la Défense. Cette réforme poursuit cinq objectifs : favoriser le recrutement par l’introduction de nouvelles carrières et de nouvelles modalités, moderniser les carrières militaires et civiles existantes, renforcer la sécurité juridique, adapter la durée d’engagement des soldats volontaires et mettre à jour l’organisation de l’armée.

L’armée luxembourgeoise peine à remplir ses nombreuses missions sur les plans national et international faute de combattants. Les troupes sont de plus en plus sollicitées sur le plan national pour prêter main-forte lors de crises internes comme les catastrophes naturelles ou lors de la pandémie de Covid-19, mais aussi dans le cadre des engagements du Luxembourg sur le plan international, dans l’OTAN, par exemple. Mission de maintien de la paix, participation aux forces de réaction rapide ou à la présence avancée renforcée : les engagements se multiplient sans que le nombre de soldats à déployer augmente. Sans compter la complexité croissante des missions due aux nouvelles technologies et les nouveaux domaines d’activité de l’armée luxembourgeoise allant de l’aviation à la cyberdéfense en passant par les technologies de la communication avec le satellite militaire luxembourgeois LUXEOSys.

L’armée cible ses recrues

Le simple soldat ne fait plus l’affaire sur certains postes, même si l’armée luxembourgeoise aura toujours besoin de lui. La nouvelle loi permet de recruter des profils différents et plus affûtés. Jusqu’à présent, il y avait très peu d’appelés ayant un niveau d’études entre la 11e technique et l’équivalent d’un bac +5. Tout comme l’armée comptait moins de 10 % de femmes dans ses rangs. La nouvelle loi crée deux nouvelles carrières militaires (A2 niveau bachelor et B1 niveau 1re). Les statuts sont modernisés et se rapprochent du statut général de la fonction publique tout en conservant les spécificités militaires.

De plus, la loi fourmille de nouveautés, comme la suppression de la limite d’âge pour l’accès aux carrières militaires et au service volontaire, la prime d’astreinte pour le personnel civil soumis à une obligation de permanence ou de présence ou le recrutement semi-direct pour les recrues de catégorie A1. Dans cette même catégorie, en cas de recrutement indirect, la recrue pourra remplacer sa formation académique militaire traditionnelle par une formation civile spécialisée selon les besoins de l’armée. Le ministre évoque un cercle vertueux : «Plus d’attractivité des carrières au sein de l’armée attirera plus de candidats et de spécialistes et une plus grande professionnalisation et expertise renforcera l’image et l’attractivité de l’armée.»

La durée de l’engagement volontaire passera de 3 à 4 ans et la durée de réengagement de 3 à 5 ans. «Aujourd’hui la durée moyenne effective est de 34 ou 35 mois, explique le général Steve Thull, chef d’état-major de l’armée luxembourgeoise. Les soldats s’entraînent en permanence et ont peu de possibilités d’épanouissement. Ils aiment l’aventure et les défis comme les entraînements commando. Ce n’est plus possible actuellement avec une durée de service de trois ans. Les engagements internationaux rendent impossibles ces entraînements qui les motivent. Le système de 48 mois de service les rendra à nouveau possibles.» La plupart des missions internationales s’étendent en général sur plus des deux tiers de la durée d’engagement. Il ne reste donc plus beaucoup de monde à mobiliser pour des missions d’appui à la nation.

Tout est mis en œuvre pour renforcer le recrutement et attirer les profils divers et variés dont l’armée a besoin pour mener à bien ses différentes missions.

Sophie Kieffer

Un commentaire

  1. Ofschafen wier besser…