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L’armée luxembourgeoise manque de moyens


«Il faut être conscient qu'avec l'effectif militaire actuel, nous ne pouvons pas être omniprésents et assumer correctement nos missions», a souligné, hier, Christian Schleck, le président du syndicat de l'armée. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le Syndicat professionnel de l’armée (SPAL) attend de voir les conclusions de l’audit réalisé sur son administration. En attendant, les critiques fusent.

Alors que l’armée se trouve engagée au beau milieu d’un processus de réformes, le SPAL crie au manque de ressources humaines et au risque sécuritaire qui en découle.

Le Syndicat professionnel de l’armée luxembourgeoise (SPAL) a tenu son assemblée générale ordinaire, hier soir, à Diekirch. Les réformes en cours et les résultats de l’audit commandité au cabinet PricewaterhouseCoopers, dont les résultats doivent être présentés le 2 juin au ministre de la Défense, Étienne Schneider, ont forcément alimenté les débats. Car le SPAL ne manie pas la langue de bois et s’interroge même sur la légitimité de cet audit. «Au fait, pourquoi le ministre veut-il cet audit?», a lancé le président du SPAL, Christian Schleck, à ses pairs. La réponse à cette question coule de source selon lui : «Parce qu’il n’est pas certain que tout fonctionne comme il se l’imagine ou parce qu’on le lui a glissé à l’oreille.»

Le SPAL revendique, en effet, bien davantage que toutes ses doléances précédentes. À commencer par une volonté politique claire invitant l’armée à suivre des lignes directrices bien définies dans le cadre de son action future. Le syndicat de l’armée estime être dans le flou le plus total. «Où allons-nous être amenés à être déployés à l’avenir? Est-il question de miser sur d’autres capacités? Disposons-nous de militaires aux compétences adéquates pour ce faire ?»

Soit autant de questions qui remettent en cause la vision et la trajectoire future de l’armée, qui déplore encore et toujours un cruel manque de moyens humains, de par ses difficultés à recruter. «Il faut être conscient qu’avec l’effectif militaire actuel, nous ne pouvons pas être omniprésents et assumer correctement nos missions», s’est encore exclamé Christian Schleck. Car si l’audit n’est pas pour tout de suite, le SPAL a déjà sa propre idée sur les dysfonctionnements internes qui gangrènent l’armée. Le nouvel organigramme, qui s’inscrit dans le processus réformateur, se veut particulièrement abstrait. «Il n’y a pas de substance dans cet organigramme», dénonce le SPAL qui évoque également «des cases vides où tout va de travers». Bref, le syndicat revendique une véritable restructuration de l’administration, où «tout le monde sait ce qu’il a à faire».

Besoin de leadership, pas de managers

Dans ce contexte, le SPAL réclame également un plan de travail «cohérent» du chef d’administration, au sein duquel des objectifs sont clairement définis. Toutes les procédures internes doivent également être soumises à une définition claire et nette, tandis que les annonces de recrutement doivent être davantage rationalisées en fonction des postes vacants.

Bref, le SPAL attend avec impatience les résultats de l’audit, mais rappelle d’ores et déjà aux «chefs» de l’armée qu’ils doivent être capables de mener leurs troupes avec un leadership certain et non pas seulement être capables de les gérer à la manière d’un manager d’entreprise bureaucrate. Il en va de la sécurité intérieure du Grand-Duché, selon le SPAL (lire encadré), qui a également mis en avant d’autres doléances et dysfonctionnements au sein de l’armée : injustices au niveau des différents grades et carrières dans le cadre de la réforme dans la fonction publique (le SPAL menace d’aller en conciliation si rien ne bouge avant la fin du mois), conditions de travail et notamment salariales à revoir (horaires mobiles, heures supplémentaires, postes à l’étranger, etc.), préformation militaire au Luxembourg, ou encore demande d’entrevue adressée au ministre Étienne Schneider cependant restée sans suite. Conclusion : la coupe est pleine!

Claude Damiani