Ce mercredi, les députés se pencheront sur le contrat passé entre l’État et Oeko-Service Luxembourg SA, accusée de bien profiter de l’argent public.
Un système va être passé au microscope par les députés qui vont entendre ce mercredi en commission parlementaire les ministres Carole Dieschbourg et Franz Fayot sur le dossier SuperDrecksKëscht (SDK). Il s’agit du centre de recyclage pour les déchets problématiques ou à risques sur lequel s’est penché le magazine en ligne Reporter.lu, révélant ainsi un système monopolistique financé par l’État au profit une société privée, Oeko-Service Luxembourg SA, dont les propriétaires sont à parts égales l’entrepreneur sarrois Hans-Peter Walter et son frère jumeau Hermann Walter.
L’enquête jette la lumière sur un partenariat privilégié qui s’est instauré entre l’administration de l’Environnement dont le directeur, Robert Schmit, est devenu un intime de Hans-Peter Walter, ce dernier étant même le parrain de sa fille, tandis que le fils du directeur de l’administration a décroché un poste de responsable auprès de la société Oeko-Service.
L’action SuperDrecksKëscht est organisée sous l’autorité du ministre de l’Environnement est reste soumise à la procédure de marché négocié. Mais les concurrents des frères sarrois dénoncent une loi faite sur mesure pour éviter que l’on vienne marcher sur les plates-bandes d’Oeko-Service qui, depuis 30 ans, engrange de solides bénéfices et distribue de généreux dividendes aux actionnaires, soit les deux frères qui se sont partagé 1,5 million en 2019 alors que l’État luxembourgeois finance quelque 10 millions d’euros annuellement à la société qui gère pour lui toute l’action SDK.
Pourquoi ces accusations des concurrents? Parce que la loi exclut les transporteurs de déchets de la procédure d’appel d’offres afin d’éviter justement qu’ils ne s’avantagent eux-mêmes, selon les explications fournies par Robert Schmit à Reporter.lu.
Même le label échappe à l’État
«Pourquoi l’État n’est-il pas actionnaire de cette société?», interroge Sven Clement dont le parti Pirate est à l’origine, avec l’ADR, de l’invitation adressée aux ministres qui devront venir s’expliquer mercredi. Carole Dieschbourg, la ministre de l’Environnement, a déjà eu l’occasion de s’exprimer sur le sujet et ne voit pas de problème. Il y a un appel d’offres en règle, selon elle, et le directeur de l’administration, Robert Schmit, rejette les accusations de monopole.
Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, devra prendre position sur les accusations de distorsion de concurrence lancées par les candidats malheureux de l’appel d’offres. Le député Sven Clement ne va pas lâcher l’affaire si facilement. Des largesses sont en effet accordées à l’entreprise privée, qui détient même les droits sur le label SDK. Selon Robert Schmit, il en est ainsi car l’État ne peut pas enregistrer de label.
«L’État peut très bien enregistrer en son nom un label comme SuperDrecksKëscht puisqu’il l’a bien fait pour d’autres domaines comme « Let’s make it happen » ou « Luxembourg for Finance“. Donc l’argument de l’administration ne tient pas la route», estime le député pirate.
Pour lui, il y a anguille sous roche et certainement des amitiés solides derrière le contrat passé avec la société Oeko-Service pour la gestion de la SDK. «Partout ailleurs, dans les autres secteurs d’activité, le gouvernement crée des sociétés dans lesquelles il est actionnaire et là, précisément, il permet à une entreprise privée de tirer tous les bénéfices de l’activité qu’il subventionne», relève Sven Clement.
«Pour moi, l’État devrait être actionnaire à 100 % de cette société», conclut-il. Les députés vont s’attarder sur les flux monétaires de l’entreprise et désormais le doute est installé sur ce contrat passé entre l’État et la société allemande des frères Walter.
Le gouvernement, par la voix de la ministre Carole Dieschbourg, semble confiant et parle de transparence totale des factures réglées à la société Oeko-Service Luxembourg.
Geneviève Montaigu
Le debut de la fin pour les copains ?