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La Stëmm vun der Strooss affiche complet


"Ce que nous faisons ici, c'est la vraie pauvreté. On s'occupe des jeunes en très grande difficulté", explique Alexandra Oxacelay. (photo Hervé Montaigu)

Chargée de direction à la Stëmm vun der Strooss, Alexandra Oxacelay fait un état des lieux de la situation des démunis dans le pays.

Il y a quelques jours, une étude d’Eurostat indiquait qu’au Grand-Duché 20% des résidents âgés de 18 à 24 ans et qui travaillent risquent de tomber dans la pauvreté. Que vous inspire ce chiffre ?

Alexandra Oxacelay : Je crois qu’il faut relativiser un peu ce chiffre. L’échantillon pris était composé de 200 jeunes qui habitent chez leurs parents. Mais pour moi, cette étude ne fait pas le tour de tout le problème. Elle ne parle pas des jeunes qui viennent ici. Ce que nous faisons ici, c’est la vraie pauvreté. On s’occupe des jeunes en très grande difficulté. À la Stëmm vun der Strooss, nous avons régulièrement des jeunes qui viennent. On a 50% de renouvellement de la population chaque année.

Les jeunes que nous rencontrons sont des jeunes totalement différents. Je veux bien admettre qu’il y a une difficulté pour les jeunes qui habitent encore chez leurs parents de joindre les deux bouts. Mais la situation est beaucoup moins dramatique que pour les jeunes qui n’habitent plus du tout chez leurs parents, qui s’enfuient dans les foyers de redressement… Là où il y a un réel problème à mes yeux, c’est pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans qui ne répondent à aucun critère pour pouvoir obtenir une aide…

Vous pensez au revenu d’inclusion sociale (Revis, ancien RMG) ?

Le Revis ou n’importe quelle autre aide. Ce n’est pas obligatoire que ce soit le Revis. Il faudrait prévoir une aide. Il y en a qui existent pour les jeunes qui ont arrêté d’aller à l’école. Par exemple, les services volontaires du SNJ où on est obligé de travailler pour une association à raison de 30 heures par semaine et on est rémunéré 600 euros. Mais avec 600 euros par mois quand on habite encore chez les parents, ça va. Mais 600 euros pour quelqu’un qui n’est plus chez ses parents, ce n’est pas possible.

Le filet social est-il défaillant ?

Oui. Jusqu’à 18 ans, on est obligé de rester dans un foyer dans lequel on a été placé. Jusqu’à 16 ans, on est obligé d’aller à l’école. Mais si à 16 ans, on décroche, on n’arrive pas à être atteint par l’école, qu’on a des problèmes à la maison… Là, on glisse très, très vite et il n’y a pas de structure adaptée pour ces jeunes-là. Les structures qui existent accueillent des personnes malades psychiques, dépendantes de l’alcool, dépendantes de la drogue…

Et toute cette population-là, on les met ensemble. Les logements encadrés, il n’y en a pas assez et pour pouvoir en bénéficier il faut faire les démarches, donc il faut être prêt à accepter une aide. Mais un jeune qui découvre la liberté à 16 ou 18 ans, il n’a pas envie de ces règles. Un jeune qui se retrouve dans la rue, rencontre des jeunes qui ont les mêmes problèmes que lui. C’est sa nouvelle famille, ils le comprennent.

Entretien avec Guillaume Chassaing

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du 4 février