La crise sanitaire a fait souffler un vent de solidarité qui est vite retombé, d’après déi Lénk, qui estime que le gouvernement n’a pas été attentif aux signes des temps. Critiques de la rentrée.
La solidarité n’est plus ce qu’elle fut au plus fort de la pandémie. Les espoirs de voir une société se diriger vers plus d’entraide sont évanouis pour déi Lénk (la Gauche), qui observe au contraire qu’elle est retombée dans les mêmes travers. Les grandes crises, celle du climat et celle du logement, s’amplifient et les plus précaires en souffrent plus que les autres.
Le dernier «Panorama social» de la Chambre des salariés indique que le risque de pauvreté s’est davantage accentué au Luxembourg par rapport aux autres pays de la zone euro ces trois dernières années. «La crise du covid n’a fait que creuser encore davantage les inégalités», observe Gary Diderich, porte-parole du parti.
Mardi, pour sa conférence de rentrée, le parti de l’opposition, qui siège à la Chambre avec deux députées, compte bien rappeler au gouvernement qu’il y a d’autres crises qui demandent urgemment une réponse, des crises «maîtrisables» pour autant que la solidarité joue pleinement son rôle. Mais c’est loin d’être le cas, comme le regrette Gary Diderich : «Le gouvernement distribue des primes, fait des cadeaux fiscaux, mais cela reste des mesures individuelles et je crains que le message n’échappe aux gens à qui on dit que la crise du climat sera résolue grâce à des actions individuelles», explique le porte-parole.
Tout au contraire, déi Lénk propose de «créer des dynamiques» et une «solidarité» pour affronter ces crises. Il relance l’idée d’un service public de l’habitat, destiné à travailler en étroite collaboration avec les communes, les offices sociaux et les acteurs de la gestion locative sociale afin d’identifier les logements nécessitant une rénovation énergétique mais aussi les personnes ayant le plus besoin d’une aide financière pour réaliser ces travaux.
«Les ménages les plus modestes n’ont pas accès aux prêts bancaires et ne peuvent avancer les sommes nécessaires à la rénovation énergétique de leur logement, souvent anciens et mal isolés», fait remarquer Gary Diderich. D’autant que les subventions ne couvrent pas la totalité des travaux.
Pour cela, il faut «du courage politique» et déi Lénk n’en voit guère au sein du gouvernement.
Plus de services publics
Côté mobilité, c’est pareil. Là encore, «un service public de car sharing géré par un seul acteur qui couvre tout le territoire national et la Grande Région offrirait des prix selon la situation sociale de chacun», propose le porte-parole, qui pointe du doigt les zones toujours mal desservies par les transports publics et un trafic toujours centralisé sur la capitale.
Dans le domaine de l’éducation, déi Lénk réaffirme que selon le ministre Claude Meisch, «il y a une école pour chaque élève», alors que la Gauche revendique au nom de la cohésion sociale une seule école pour tous. Le parti dénonce une orientation trop précoce, au sortir du fondamental, qui n’offre guère de possibilité à l’élève de progresser, une fois casé dans une filière qui ne propose plus de perspectives.
Pour la santé, c’est la même tendance avec «la privatisation de l’offre médicale». «Et venir dire que les tests PCR sont désormais payants est un mauvais signal», estime Gary Diderich. Selon déi Lénk, il y a de nombreuses raisons qui empêchent les gens de se faire vacciner et la pression ne règlera pas le problème.
Déi Lénk regrette vivement que les discours de solidarité se soient envolés avec la crise du covid qui semble faire partie du passé. «Finies les mesures de crise pour la réduction des inégalités. Mêmes celles qui n’étaient que les premiers signes d’un changement ont été abandonnées, comme le gel des loyers et des expulsions, les tests PCR gratuits pour toutes et tous, la suspension des délais pour le chômage. En même temps, en juin 2021, des aides sans contrepartie sociale ont été prolongées pour les entreprises, tout comme les mesures de soutien à l’initiative privée. Ici la pandémie tient lieu de justification», critique la Gauche dans un écrit.
La lutte contre les inégalités «doit rester une priorité». Le parti rappelle avec insistance qu’au Luxembourg, «l’accès à la santé n’est pas garanti pour tout le monde. Tout le monde n’a pas les mêmes dispositions pour réussir à l’école. Tout le monde ne peut pas se mettre à l’abri des conséquences du changement climatique. Tout le monde ne dispose pas d’un logement. Si nous voulons que ça change, il faut que nous changions le système.» Rien de moins que cela.
Geneviève Montaigu