Le tapis rouge était de sortie, mercredi soir, pour la grande première de la Nei Revue. Après un imbroglio financier, l’ancienne Revue tanguait fortement. Mais une moitié de l’ancienne troupe s’est rebiffée et a réussi à remettre à flot ce spectacle satirique, qui existe depuis 1896.
Le retour aux sources était le mot d’ordre pour la nouvelle ASBL autour de Stéphanie Welbes. La Nei Revue a déménagé du Grand Théâtre au théâtre des Capucins. Mais cela pourrait être un mal pour un bien avec une nouvelle priorité accordée aux textes et moins à la musique et à la danse, même si ces deux éléments restent présents dans cette Revue 2018.
À six mois des élections législatives, les politiciens étaient cependant très peu nombreux mercredi soir à la première. On aura aperçu le député Gast Gibéryen (ADR), son nouveau compère de campagne Fred Keup (Wee2050) et l’ancienne eurodéputée du CSV Astrid Lulling. Cette dernière est parodiée à deux reprises dans cette nouvelle édition de la Revue. Dans un premier sketch, elle prépare ses funérailles. «Je vais léguer tout mon patrimoine à Vinsmoselle», lance la fausse Astrid Lulling, qui espère obtenir un raisin à son nom. «Astritis est plutôt un mauvais choix. Lullingus sonne bien mieux», enchaîne-t-elle.
La vraie Astrid Lulling, ayant pris place aux premiers rangs parmi les 250 spectateurs, a ri avec son imitatrice. Dans la deuxième partie, elle aura ri plus jaune lorsque son absence des listes du CSV pour les législatives a été thématisée. «J’étais pourtant la seule du CSV à être citée lors de la dernière Revue», lance la fausse Astrid Lulling sur scène.
Bettel, star incontestée
Cette année, son parti était bien plus présent dans les 17 sketchs de la Nei Revue. La «peur» générée par le député Laurent Mosar et les siens fait ainsi l’objet d’une mise en scène assez sombre avec une femme au foyer prise de panique, qui soupçonne même une grand-mère passant devant sa maison d’être une terroriste. «Mieux vaut que j’appelle Laurent Mosar», s’écrie-t-elle. Entre les lignes, la logique de la peur, semée par l’ancien président de la Chambre, est dénoncée par Jay Schiltz, l’auteur de ce sketch.
Le gouvernement sortant, en particulier le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), et son ministre du Développement durable, François Bausch (déi gréng), n’est cependant pas épargné. L’ouverture de la Nei Revue appartient ainsi à la «star» incontestée de ce spectacle satirique, Xavier Bettel, imité par Ricardo Vieira. «Il n’y a pas eu de Revue en 2017 car j’ai si bien gouverné qu’ils n’ont rien trouvé à redire», se réjouit le faux chef du gouvernement en s’entretenant avec Lydia Polfer. Sur la place Clairefontaine, ils rencontrent une troupe de sans-abri. «Ce sont les acteurs de la Revue qui sont restés en Ville après la dernière représentation de 2016», explique la fausse députée-maire de Luxembourg. Finalement, ils chantent ensemble pour lancer cette Revue 2018.
Le peuple le plus mécontent de la Voie lactée
La première partie du spectacle a eu du mal à enchanter les spectateurs. Le «grand cirque» que constitue la Chambre des députés était cependant réussi. Côté critique de la société, le sketch Voyage dans le temps, lui aussi signé par Jay Schiltz, valait le détour avec deux extraterrestres qui atterrissent au Kirchberg et s’étonnent de ce «peuple qui est le plus mécontent de toute la Voie lactée». Sermonnant son compère, le premier extraterrestre lui dit : «Il faut parler luxembourgeois, sinon les gens ne comprennent rien», faisant par là allusion à ceux qui voient la langue nationale menacée. «En plus, ils prennent place dans des boîtes en acier pour rester immobiles», conclut l’extraterrestre.
Le tram, «monument» du ministre Bausch, est également thématisé. «Je me suis levé à 5 h 30 à Marnach pour prendre le train à Wiltz avant de prendre le funiculaire et le tram et descendre à vélo au Neudorf», explique une navetteuse très stressée.
Autre moment fort : la Gëlle Fra qui descend de son piédestal pour évoquer notamment la querelle entre l’archevêché et le Syfel sur les fabriques d’église.
Finalement, Donald Trump débarque à Steinsel, chez son ami Jempi Klein, bourgmestre de cette cité. On retrouve aussi Sophie Schram, l’ancienne journaliste de RTL à la base de l’affaire Lunghi. «I am a Steinseler», conclut le faux président américain, qualifié de «Trampel» («gros balourd», en allemand).
Dans un an, on saura quels seront les prochains «balourds» à avoir droit aux honneurs de la Revue 2019. Les législatives vont passer par là.
David Marques.