Au bout d’une année parlementaire mouvementée, déi gréng pensent encore pouvoir repartir du bon pied. «Chaque crise contient une opportunité pour un nouveau départ», clame Josée Lorsché.
Il aura suffi de jeter un coup d’œil au bilan 2019/2020 présenté vendredi par le groupe parlementaire de déi gréng, fort de 9 élus depuis les législatives de 2018. Premier communiqué : «Lettre ouverte – Roberto Traversini». Première conférence de presse : «Présentation des nouvelles députées». L’affaire de la cabane de jardin de l’ancien députémaire de Differdange a pesé lourd à l’automne dernier. Quelques semaines plus tôt, le vice-Premier ministre vert Félix Braz avait été victime d’un accident cardiaque. Le début de l’année parlementaire 2019/2020 de déi gréng s’est donc fait en eaux troubles. La tentative de rebondir a été lancée le 8 octobre avec le remplacement de Roberto Traversini à la Chambre par Semiray Ahmedova. Le 22 octobre allait suivre Chantal Gary, venue prendre la relève d’Henri Kox, appelé à remplacer numériquement Félix Braz au gouvernement.
«Malgré les circonstances, on a réussi à être précurseur dans pas mal de domaines», affirmait vendredi Josée Lorsché, cheffe de file de déi gréng à la Chambre. L’introduction du transport public gratuit, l’interdiction du glyphosate ou encore la loi d’indemnisation en cas d’accident nucléaire sont citées parmi les principaux acquis des derniers mois. L’investissement record dans la mobilité et l’infrastructure a également été mis en avant.
Tout cela a été quelque peu effacé par le déclenchement à la mi-mars de la crise sanitaire. Les dossiers phares de déi gréng ont disparu du devant de la scène. L’urgence climatique ayant déchaîné les passions en 2019 et début 2020 a été mise au placard par une large franche de la société. Résultat : mauvaises notes dans les sondages pour le grand vainqueur du scrutin de 2018.
«On compte réaliser des pas pragmatiques»
«Il est compréhensible qu’en cette période de crise, la vision à court terme des gens soit différente. La santé et leur avenir personnel ont primé », avance Josée Lorsché, qui ne compte cependant pas lâcher prise : « Nous allons continuer à travailler sur les chantiers qui sont les nôtres.» Même si les ministres déi gréng occupent des ressorts clés (Mobilité, Environnement, Climat, Aménagement du territoire), «cela n’est pas suffisant pour mener une politique verte. Ce n’est pas l’affaire de quelques-uns. Il s’agit d’un processus transversal dans lequel il faut gagner la confiance des partenaires et des gens.»
Vendredi, les mandataires verts étaient tous réunis pour souligner que « chaque crise contient une opportunité pour un nouveau départ ». Le groupe parlementaire du parti mise beaucoup sur le plan de relance «Neistart Lëtzebuerg», destiné à amortir l’impact économique et social de la crise sanitaire. «Il s’agit d’un changement de paradigme. Tout investissement qui sera réalisé va suivre des critères de durabilité », souligne Josée Lorsché. Cette «relance verte» serait aujourd’hui «sur les rails».
La liste des travaux qui s’annoncent pour l’automne est longue. La mise en œuvre du Plan national Énergie-Climat constitue une première priorité. L’objectif majeur demeure d’arriver à la neutralité carbone en 2050, en recourant notamment à l’énergie photovoltaïque. Déi gréng ne comptent cependant pas s’arrêter là. La fraction s’attend aussi à des avancées dans les ressorts «moins aisés » qu’occupe le parti, à commencer par le logement. «Il s’agit d’un problème historique qui n’a cessé de grandir. Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités, mais il n’existe pas de baguette magique. On compte réaliser des pas pragmatiques», développe Josée Lorsché. La loi sur le Pacte Logement 2.0 est ainsi attendue de pied ferme. Le logement est aussi étroitement lié à la cohésion sociale, autre point d’attaque de déi gréng. Vendredi ont aussi été évoqués les textes de loi sur la filiation, la médiation et la protection dans la jeunesse, toujours bloqués dans les tuyaux.
Nommé cette semaine rapporteur du budget de l’État 2021, François Benoy sera l’un des députés les plus en vue à la rentrée parlementaire. « On compte soumettre de manière proactive des recommandations au gouvernement. Les réflexions sont déjà engagées », met en perspective Josée Lorsché.
Accises, taxe carbone, fiscalité : rendez-vous à l’automne
Une hausse des accises de 3 à 5 centimes sur le litre de diesel et de 1 à 3 centimes sur l’essence était prévue pour ce printemps. En 2021, il était prévu d’introduire une taxe carbone de 20 euros par tonne de CO2. Le tout devait être accompagné par une réforme fiscale, également annoncée pour l’année prochaine. La crise sanitaire est venue rebattre les cartes. «Les travaux sur la réforme fiscale ont pris du retard. Ils devraient reprendre à l’automne», indique Josée Lorsché, interrogée plus particulièrement sur la hausse des accises et la taxe carbone, les chevaux de bataille des ministres verts Carole Dieschbourg et Claude Turmes. «Nous devons mener une politique climatique sérieuse qui porte ses fruits. Or nous savons aussi que nous sommes confrontés à une problématique sociale qui n’est pas des moindres», fait remarquer la cheffe de file de déi gréng à la Chambre. «Dans tous les cas, une hausse des accises et de la taxation du CO2 ne doit pas se faire au détriment de certaines couches de la population.» Une analyse au sein de la majorité gouvernementale sera entamée à l’automne. « Il est trop tôt pour évoquer une date pour la transposition de ces mesures », termine Josée Lorsché.
David Marques