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La réinvention de l’Église catholique


Selon le vicaire général, "l'archevêque fait beaucoup d'efforts pour placer des accents nouveaux". (Photo : Hervé Montaigu)

Leo Wagener, vicaire général, a confiance en les forces vives de l’Église catholique. L’Église catholique du Luxembourg vit des mutations profondes. Au-delà des conflits, au-delà des divisions, quel regard porte-t-elle sur l’avenir ?

Monsieur le vicaire général, le gouvernement actuel est-il l’ennemi de la religion ?

Leo Wagener : Je ne peux me fier qu’aux déclarations du ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, pour qui il ne s’agit pas de nuire à l’Église catholique. Mais, au niveau de la base, il y en a qui pensent que le grand but du gouvernement est clairement de démonter l’Église.

Son patrimoine, plus que la foi, est aujourd’hui présenté comme la base de repli véritable de l’Église…

Je ne comprends pas ces déclarations selon lesquelles l’Église se replierait sur les questions financières en révélant sa nature vénale. Ce projet de loi traite de l’administration du patrimoine de l’Église sur le plan local. Dès lors, nous ne pouvons que prendre position concernant certains aspects matériels. Après tout, il ne s’agit pas de la réforme d’un livre de prière… Nous sommes les derniers à nous opposer à la transparence. L’archevêché a d’ailleurs donné le bon exemple : depuis trois ans, nous publions nos comptes. Une fois le Fonds de la gestion des édifices religieux en place, la transparence sera partout la même. On pourra constater alors qu’il existe des fortunes, mais en même temps des charges énormes. Le seul fait que nous ayons demandé une garantie d’État prouve que nous ne nous sentons aucunement rassurés sur la fortune du futur Fonds.

L’Église catholique, grand propriétaire foncier, est incontournable pour tout gouvernement…

Jusqu’à présent, les projets immobiliers réalisés n’ont été que d’envergure moyenne et par le passé, les fabriques d’église n’ont jamais fait attention au dernier centime. Bien souvent, des terrains ont été vendus à une valeur inférieure. Une grande partie des biens-fonds a été échangée contre des terrains communaux, sur fond de subventions apportées par les communes aux églises. Depuis, la situation a évidemment changé de fond en comble et l’avenir sera fait ainsi. Mais c’est la politique qui l’aura voulu. Il va donc falloir introduire dans le futur une administration économique plus rationnelle de ces biens immobiliers.

Espérez-vous obtenir la suppression de l’interdiction de cofinancer une église appartenant au Fonds ?

On part en effet de l’idée que dans son avis sur le projet de loi en question le Conseil d’État va émettre une opposition formelle, concernant l’interdiction du cofinancement des communes en faveur du Fonds.

Certains espéraient une solution moins sévère…

Les communautés rurales sont très disposées à soutenir leurs églises et on se demande pourquoi cela ne devrait plus être possible à l’avenir – dans le cadre de l’autonomie des communes, d’un organe librement élu. Car même si nous réussirons à inclure une grande partie des églises dans le Fonds, le financement restera un véritable défi. Si les subventions communales sont supprimées, alors il deviendra compliqué de maintenir partout le même confort pour les gens. Et par confort, j’entends en premier lieu des églises chauffées, le coût d’énergie étant notre principal problème, mis à part les réparations qui s’imposent. Or certaines communes craignent déjà de perdre des voix aux prochaines élections…

Tout cela n’a pas grand-chose à voir avec la religion. Vous devez attendre ardemment des jours plus tranquilles ?

Ardemment, en effet… (il rit). Nous sommes engagés dans un grand processus de transformation. Je pars de l’idée que les cinq prochaines années ne seront pas encore des années normales, mais au cours desquelles on verra se construire les fondements de quelque chose, dans l’espoir de pouvoir nous concentrer à nouveau sur l’aumônerie, qui est notre activité principale. Il faut dire que l’archevêque fait beaucoup d’efforts pour placer des accents nouveaux, notamment au niveau de la pastorale des jeunes. Cette année, un jeune homme est entré au séminaire et il y a toute une partie qui songe à devenir prêtre. Il y a donc malgré tout un mouvement et un grand éveil chez les chrétiens qui font partie de l’Église catholique, qui n’ont pas nécessairement le luxembourgeois comme langue maternelle, mais une grande vivacité que l’on n’a peut-être pas prise en compte jusqu’à présent. Il y a des transformations structurelles et, à côté, il y a une vie interne qui appelle au renouveau…

… renouveau qui porte sur quoi ?

Jusqu’à présent, la socialisation religieuse n’a pas coûté beaucoup au Luxembourgeois moyen, ni financièrement ni en efforts. Il en sera autrement à l’avenir : il faudra prendre une décision lorsqu’on désire inscrire son enfant au catéchisme. Cela aura donc beaucoup plus le caractère d’une profession de foi. L’engagement individuel sera promu davantage. Par conséquent, on assistera à une nouvelle vitalité, en nombre réduit éventuellement, mais qualitativement supérieure.

Entretien réalisé par Frédéric Braun

Retrouvez l’intégralité de l’interview du lundi dans la version papier du Quotidien

2 plusieurs commentaires

  1. L’évêché publie ses comptes depuis trois années. Ok, mais ne s’agit t’il pas bien de ce qu’on veut bien publier? A lire le dernier livre livre sur le chemin de croix du Pape Francois, il a tout le mal du monde à se faire remettre un inventaire complet des finances de l’IOS ainsi que du patrimoine immobilier du Vatican, rien qu’à Rome. Cet immobilier est occupé souvent par des cardinaux à la retraite aves des surfaces allant jusqu’à 500 m2. Quel faste pour un retraité!!!!

  2. L’Église catholique s’est trop embourgeoisée. Elle a vécu jusqu’ici tranquille, peinarde. Maintenant, la concurrence est dure, et il faut aller au charbon, descendre de leur siège séculier, et côtoyer la plèbe, le petit peuple, le pauvre, le secourir, lui apporté réconfort et spiritualité, et éducation.