Bien que 200 agents supplémentaires seront recrutés d’ici à la fin de l’année, la pénurie de policiers n’est toujours pas résolue. C’est ce qui ressort d’un débat à la Chambre sur la réforme de la police grand-ducale.
Ils étaient un millier en 1995 (membres de la police et de l’ex-gendarmerie) et sont environ 2 500 aujourd’hui : si le nombre de policiers et du personnel civil intégré au sein de la police a considérablement augmenté en 25 ans, il est toujours insuffisant.
Les députés ont souligné ce manque d’agents de police à diverses reprises, mardi, à l’occasion d’un débat sur la mise en œuvre de la réforme de la police grand-ducale de 2018. Et les chiffres présentés par le ministre de la Sécurité intérieure, François Bausch, parlent d’eux-mêmes pour illustrer cette problématique : «Le nombre total de résidents et de travailleurs frontaliers atteint en 2020 quelque 850 000 par jour», soit un rapport de 2 500 policiers pour 850 000 personnes (en temps normal, hors pandémie). Pour le ministre qui a hérité de la mise en œuvre de la réforme faite il y a deux ans par son prédécesseur Étienne Schneider, «le processus de travail est toujours en cours (« working in process »)». De ce fait, François Bausch a expliqué qu’aucun bilan définitif de la réforme ne pouvait encore être tiré, car «il faut du temps et faire des adaptations».
Présence sur le terrain jugée insuffisante
Pour illustrer le manque de personnel au sein de la police, le ministre de la Sécurité intérieure a par exemple évoqué la réorganisation territoriale, qui est l’un des objectifs de la réforme : «Elle n’a pas encore complètement abouti, justement à cause du manque de personnel. Or, le but de la réforme est notamment d’avoir plus de présence policière sur le terrain. Mais il faut également que les policiers n’aient pas à faire d’heures supplémentaires. Combler ce manque de personnel est un chantier pour les années futures.»
Face à cette problématique, un plan ambitieux de recrutement de quelque 850 policiers sur plusieurs années a été lancé, a encore rappelé François Bausch. Dans ce cadre, une campagne de recrutement visant à recruter 200 policiers supplémentaires, pour la seule année 2020, débutera cet été. Ceci dit, le ministre de tutelle de l’administration policière a souligné que si son plan de recrutement global de 850 policiers pendant cette législature échouait, «il faudra se repencher sur la question en 2023».
Faciliter l’obtention de la nationalité luxembourgeoise
De manière générale, le bilan provisoire de la réforme de la police grand-ducale, deux après avoir été votée, reste mitigé. Et les conclusions du ministre François Bausch vont dans cette direction : «Outre le besoin de renforcer les effectifs, il faut décharger les policiers de certaines tâches. Je pense notamment à l’encaissement des avertissements taxés et à d’autres tâches administratives; de même pour le transport et l’accompagnement de détenus. Par ailleurs, durant les prochains mois, je vais accentuer mon travail sur certains points précis : les problèmes de valorisation liés à la carrière B1, la réorganisation de la PJ (police judiciaire), la protection rapprochée affectée au Palais grand-ducal, ainsi que la formation des policiers.»
De son côté, le parti d’opposition du CSV a fait sa propre analyse de la mise en musique de la réforme : «D’après notre parti, cette réforme devait atteindre trois objectifs : davantage de personnel et de présence policière sur le terrain – ce qui a échoué jusqu’à présent – ainsi que la mise en place d’un management moderne. Plus généralement, je me demande comment recruter plus de 800 policiers sur trois ans dans le cadre de votre plan de recrutement», a pointé du doigt le député-maire de Grevenmacher, Léon Gloden, qui en a profité pour soumettre une proposition de loi, laquelle prévoit de faciliter l’obtention de la nationalité luxembourgeoise, par option, afin de postuler dans la police grand-ducale.
Claude Damiani