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La pilule remboursée jusqu’à 30 ans: pas mal mais peut mieux faire


L'accès à la pilule sera bientôt gratuit jusqu'à l'âge de 30 ans, contre 25 auparavant. (Photo : AFP)

L’annonce récente du remboursement de la pilule contraceptive jusque 30 ans est une bonne nouvelle pour le Planning Familial, mais il ne faudrait pas s’arrêter en si bon chemin rappelle l’organisation.

Le comité quadripartite s’est réuni le 18 octobre 2017 et a décidé d’étendre la prise en charge à 80% des contraceptifs au Luxembourg en faisant passer la limite d’âge de 25 ans à 30 ans. Il a été également décidé d’étendre ce remboursement à d’autres moyens de contraception.

En plus de la pilule, de l’anneau et du patch, le stérilet, hormonal ou en cuivre, sera également remboursé par la CNS à l’avenir. Une mesure applaudie par le Planning Familial qui se réjouit d’une telle mesure. D’autant plus qu’il s’agissait d’une promesse du gouvernement. Pour le Planning, la limite d’âge actuellement en vigueur ne faisait « aucun sens ».

Mais le Planning ne veut pas s’arrêter là. Selon les données du Planning Familial, s’il ressort qu’en moyenne sur 8 années d’observation, 62% des femmes qui ont eu recours à l’IVG, avaient 25 ans et plus, elles sont encore plus de 38% à avoir 30 ans et au delà.

Toute une frange de la population féminine qui doit payer plein tarif pour sa contraception, avec toujours des risques de grossesses non désirées.

Les méthodes à longue action ne coûtent pas plus chères que la pilule

Le Planning note d’ailleurs que l’implant contraceptif ne fait pas partie des nouvelles mesures. Pourtant c’est un moyen qui est souvent prescrit aux nullipares (femmes qui n’ont pas d’enfant), plus souvent que le stérilet par exemple.

Le Planning a sorti sa calculette et note que les méthodes à longue action ne coûtent pas plus chères que la pilule, l’anneau et le patch quand on rapporte leur coût initial avec leur durée d’action. Surtout si l’on ajoute le coût des IVG évitées. En effet, les grossesses non-­désirées sont très rares chez les femmes qui utilisent un stérilet ou un implant.

Et le troisième cheval de bataille du Planning: quid du remboursement de la contraception d’urgence (CU), dont l’achat -­qui se fait sans ordonnance‐ n’est toujours pas prise en charge au Luxembourg. Alliée de poids dans la prévention des grossesses non désirées, elle est très onéreuse, pas moins de 10 ou 25 euros selon la forme. En France, elle est remboursée alors qu’elle est aussi en vente libre…

Le plus gênant c’est qu’il n’existe aucun chiffre, aucune étude en matière de contraception au Luxembourg. Le gouvernement navigue à vue, estime le Planning qui plaide pour une étude qui serait en mesure d’évaluer les impacts des différentes mesures mises en place.

Une chose est sûre en tout cas pour le Planning, la gratuité de la contraception est possible pour les femmes en difficulté financière… au Planning familial.

Audrey Somnard / Le Quotidien