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La pédiatrie grand-ducale se réorganise


Les cabinets des pédiatres ne désemplissent pas tandis que ces derniers doivent assurer des gardes dans les urgences et maternités du pays. Si les soins sont assurés, le secteur planche sur une meilleure organisation.

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Pour le Dr Theisen, le recours au pédiatre ne doit pas être systématique : « Les vraies urgences pédiatriques sont assez rares ». (Photos : AFP)

Difficile d’obtenir le nombre de pédiatres pratiquant au Grand-Duché. L’annuaire indique quelque 80 praticiens, tandis que le site de la Société luxembourgeoise de pédiatrie en indique 62 et, d’après son président, le Dr Patrick Theisen, ils ne seraient, en réalité, qu’une cinquantaine à exercer dans le pays.

Un chiffre qui paraît bien bas si on le compare avec les chiffres du Statec de la population : les enfants de 0 à 14 ans représentent 16,8 % de la population, soit 45 057 enfants d’après les chiffres de 2014. En termes de pourcentage simple, cela donnerait quelque 900 enfants à traiter par pédiatre! De plus, en regardant la carte, les disparités géographiques sont flagrantes, notamment pour le nord et l’est du pays.

> « La distance n’est pas insurmontable »

Mais selon le Dr Patrick Theisen, ces chiffres sont à nuancer : « Oui, nous ne sommes qu’une cinquantaine dans tout le pays, mais c’est plus que dans d’autres pays, notamment chez nos voisins en France et en Allemagne où il est difficile de trouver un pédiatre. Quant à ceux qui se plaignent de la concentration des praticiens dans la capitale, il faut se rappeler que les distances ne sont pas grandes dans le pays. Il y a, par exemple, 20 kilomètres entre Grevenmacher et Luxembourg, je ne crois pas que cela soit insurmontable », explique-t-il.

Si le problème n’est pas le nombre de pédiatres, pourquoi ceux du CHDN et du CHEM ont-ils jeté l’éponge ? Pour le Dr Theisen, la pédiatrie au Grand-Duché souffre d’un gros problème d’organisation : « Sur une cinquantaine de praticiens, nous ne sommes qu’une vingtaine à assurer le service de garde, et c’est cela qui pose problème car la garde ne doit pas reposer sur les épaules de seulement quelques-uns. Nous plaidons pour la création d’une maison médicale pédiatrique, comme il existe des maisons médicales généralistes, mais centralisée. Il faut mettre en place un autre système pour obliger tous les pédiatres à faire des gardes », continue le Dr Theisen.

Contrairement aux maisons médicales généralistes qui sont au nombre de trois réparties sur le territoire, les pédiatres plaident pour une maison médicale pédiatrique unique, basée sur la capitale. C’est central et c’est là que la majorité des pédiatres se trouve… Si la distance n’est pas une contrainte pour le Dr Theisen, il tient néanmoins à rappeler que le recours au pédiatre ne doit pas être systématique : « Les vraies urgences pédiatriques sont assez rares. J’en traite une par semaine environ. Il faut aussi réaliser que l’on peut compter sur les médecins généralistes, le SAMU, les urgences, tout cet arsenal médical auquel nous avons accès, estime-t-il. Avec les maternités qui veulent absolument avoir recours à des pédiatres dans leurs bâtiments, nous ne pouvons pas être partout. Alors que si on s’organise bien, il y aura assez de pédiatres. Mais ceux basés en périphérie sont surchargés, leur présence 24 h/24 en maternité, ce n’est tout simplement pas possible. »

La raison de cette surcharge des services est simple d’après le pédiatre. Si les jeunes parents ont tendance à s’affoler et vouloir consulter le pédiatre pour des broutilles, ils n’ont tout simplement pas le choix quand ils mettent leur enfant en crèche : « Les crèches envoient systématiquement les parents chez le pédiatre au moindre signe de l’enfant et exigent des certificats… Ce qui encombre inutilement les urgences et les cabinets des pédiatres », constate le Dr Theisen.

> La continuité des soins est assurée

Côté politique, la ministre de la Santé et le ministre de la Sécurité sociale ont tous deux assuré, hier, lors d’une réunion jointe des Commissions de la Santé et du Travail, que la continuité des soins serait assurée. Histoire de rassurer les parents et de couper court à la polémique suite à la démission des pédiatres agréés au CHDN et au CHEM.

Un plan de gardes a été organisé jusque fin janvier et au-delà, sachant que les discussions continuent entre les divers partenaires pour trouver une solution plus pérenne.

Concernant le financement des services de garde des pédiatres, le ministre de la Sécurité sociale a confirmé que le paiement des actes avait été adapté à la hausse par un règlement grand-ducal en vigueur depuis début 2015.

De notre journaliste Audrey Somnard