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Égalité homme-femme : le Luxembourg mal classé, la pandémie freine les avancées mondiales


Le rapport du WEF note que la crise sanitaire a accru la double charge des femmes entre le travail et les responsabilités de la maison, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et des soins aux personnes âgées qui leur "incombent de manière disproportionnée" (photo : AFP).

La crise sanitaire a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour parvenir à l’égalité homme-femme, selon l’étude annuelle publiée mercredi par le Forum économique mondial (WEF), organisation connue comme le forum économique de Davos. Le Luxembourg pointe à la 55e place du classement, sur 156 pays, loin derrière le Portugal (22e place), la France (16e place) ou encore l’Allemagne (11e place), qui ne sont pourtant pas les meilleurs.

Si ce rapport fait ressortir de fortes disparités d’un pays à l’autre, il faudra toutefois encore compter 135,6 années avant de parvenir à la parité à l’échelle mondiale.

Il faudra désormais 36 ans de plus pour combler les écarts tant sur le plan économique que politique, de santé ou encore d’éducation, souligne cette étude annuelle sur les inégalités femmes-hommes dans le monde dont c’est la quinzième édition.

« La pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès », a mis en lumière Saadia Zahidi, membre du Comité Exécutif du Forum Économique Mondial, citée dans le communiqué accompagnant l’étude.

Les répercussions de la crise sanitaire ont été plus sévères pour les femmes qui ont été plus nombreuses à perdre leur emploi, en partie en raison de leur sur-représentation dans des secteurs liées à la consommation qui ont été les plus directement affectés par les mesures de confinement.

Selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT), la perte d’emplois des femmes a atteint 5% en 2020, contre 3,9% chez les hommes, a cité l’étude à l’appui.

La crise sanitaire a également accru la double charge des femmes entre le travail et les responsabilités de la maison, avec les tâches ménagères, la garde des enfants et des soins aux personnes âgées qui leur « incombent de manière disproportionnée ».

Fossé en politique

Le rythme des embauches pour les femmes est également plus lent maintenant que le marché de l’emploi se redresse, leurs chances d’être recrutées pour des postes dirigeants étant moindre, selon cette étude, qui constate une régression d’un à deux ans par rapport aux progrès réalisés jusqu’à présent.

Le fossé s’est pourtant surtout creusé au niveau politique, selon cet indice réalisé tous les ans depuis 2006. S’il fait ressortir une amélioration dans plus de la moitié des 156 pays passés en revue, les femmes n’occupent toutefois que 26,1% des sièges parlementaires et 22,6% des postes ministériels au niveau mondial.

En poursuivant sa trajectoire actuelle, l’écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport, datant de fin 2019.

La publication de cette quinzième édition a été retardée par la crise sanitaire, les auteurs de l’étude notant que données récoltées pour 2021 ne reflètent pas encore entièrement l’impact de la pandémie sur les femmes.

Le Luxembourg mal classé

Pour la douzième année consécutive, l’Islande s’est maintenue en haut de classement, restant le pays le plus égalitaire au monde, suivi par la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède.

Le Luxembourg récolte notamment une très mauvaise note sur l’implication des femmes dans la vie économique du pays (photo : DR).

Le Luxembourg se classe à la 55e place, et perd 4 places par rapport à 2020, en allant se perdre dans un peloton de pays qui n’ont pas une réputation spécifique d’avant-gardisme sur l’égalité homme-femme.

Le pays pêche notamment sur l’accès des femmes aux postes à responsabilité, sur l’égalité salariale (note de 4,8 sur 7, sachant que 7 est la pire !), mais aussi par le manque de représentativité des femmes en politique.

Le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes (Mega) a d’ailleurs commandé une étude sur l’impact de la pandémie sur l’égalité, dont les conclusions seront publiées à la fin de l’année. Mais en janvier déjà, la ministre Taina Bofferding s’interrogeait : «de quelle manière la pandémie remettrait en cause les avancées en matière d’égalité des sexes obtenues au cours des dernières décennies ? […] Un réel danger existe, celui de retourner vers les stéréotypes des années 1950 en matière d’égalité femmes-hommes.»

Dans le détail, consolation importante, le Luxembourg termine premier (à égalité avec 26 autres pays) dans la catégorie d’égalité des sexes dans le niveau d’éducation dispensé.

Dans le tableau resserré des pays de l’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord, dont on pourrait attendre une forme de vigilance sur un tel sujet, le Luxembourg termine carrément à une piteuse 18e place sur 22.

La France a reculé d’un cran en 2021, à la seizième place du classement sur 156 pays. Elle se classe au vingtième rang en matière d’émancipation politique, même si elle arrive à la première place pour la part de femmes à des postes ministériels.

Elle arrive tout en haut du classement, à la première place en matière d’éducation, les auteurs de l’étude relevant toutefois que si les garçons et les filles ont un accès similaire à l’éducation, le prochain défi sera d’améliorer la présence des femmes dans les disciplines les plus pertinentes dont les emplois de demain, notamment dans les sciences, technologies, ingénierie et mathématiques.

La France a toutefois encore du chemin à parcourir sur le marché de travail. L’étude relève que les Françaises restent plus nombreuses à travailler à temps partiel mais met aussi en lumière les écarts de revenus et de salaires. Le revenu estimé des femmes ne représente toujours 71 % de celui des hommes dans l’Hexagone, selon ces données.

AFP et Le Quotidien