Le ministre des Affaires étrangères lituanien a rencontré les députés luxembourgeois, mardi, qui ont pu mesurer les efforts déployés par ce petit pays face à l’agresseur russe.
Le nom de Gabrielius Landsbergis n’est pas connu du grand public. C’est le ministre des Affaires étrangères de la Lituanie, ce pays de trois millions d’habitants, coincé entre l’enclave russe de Kaliningrad et le Bélarus et qui, depuis le début de la guerre en Ukraine, craint le retour des heures sombres du joug soviétique.
Le ministre des Affaires étrangères lituanien était en visite à Luxembourg mardi où il a rencontré les députés luxembourgeois. Ce jeune quadragénaire, chrétien-démocrate, qui mène une guerre contre tous les régimes autoritaires, défend ardemment les valeurs démocratiques et prône un embargo des produits énergétiques russes pour affaiblir Moscou et mettre fin à la guerre.
La Lituanie est en état de veille depuis l’annexion de la Crimée, il y a huit ans et ses habitants s’attendent au pire. Ils s’y préparent en tout cas en faisant des stocks de nourriture et en confectionnant des abris dans leurs maisons, comme en témoignent de nombreux reportages.
Les députés luxembourgeois se sont bien évidement concentrés sur le seul sujet de la guerre en Ukraine. Les réponses face à l’attaque russe, la stratégie de sécurité et de défense commune au sein de l’Union européenne et de l’OTAN, la question d’un embargo sur le gaz russe et le soutien aux Ukrainiens étaient au cœur des discussions. «Nous savons que si Poutine reste au pouvoir, nous sommes en danger», a expliqué Gabrielius Landsbergis aux députés.
Défenseur d’un embargo sur le gaz et le pétrole russe, Gabrielius Landsbergis a exposé l’exemple de son pays qui a mis fin à l’approvisionnement en matières premières depuis la Russie alors que la Lituanie dépendait à hauteur de 30 % des importations russes en gaz. «Le prix à payer est certes élevé, mais nous devons le payer», a affirmé le ministre lituanien face aux élus luxembourgeois, comme le relate le service presse de la Chambre des députés.
Les députés se sont également intéressés à l’accueil des réfugiés en provenance de l’Ukraine, mais également des réfugiés irakiens, envoyés aux frontières extérieures de l’Union européenne par le régime au pouvoir au Bélarus. Quant au soutien à proposer à l’Ukraine, mis à part des armes, Gabrielius Landsbergis a souligné l’importance de garantir dès à présent des aides à l’Ukraine pour reconstruire et rendre son territoire sûr. Il a également mis en garde devant une offensive dans l’est de l’Ukraine et l’éventuel recours aux armes chimiques, voire biologiques de la part des forces russes.
D’Esch à Kaunas
Au cours des discussions, les députés ont abordé le rôle de la Cour pénale internationale pour poursuivre tout crime de guerre commis en Ukraine et ont évoqué la question des relations à plus long terme avec la Russie.
«Je vous assure que nous ferons tout ce qui est dans notre pouvoir pour mettre fin à cette guerre», lui a assuré le président de la Chambre, Fernand Etgen. Ce dernier a rappelé que le Parlement luxembourgeois a adopté à l’unanimité le jour même de l’agression russe une motion invitant le gouvernement à condamner «fermement l’attaque non provoquée et injustifiée de l’Ukraine par la Fédération de Russie» et «à appeler à la solidarité avec l’Ukraine au niveau de l’Union européenne». Le ministre des Affaires étrangères lituanien a remercié le Grand-Duché pour sa position et son soutien concret.
Actuellement, le Luxembourg a déployé six militaires en Lituanie dans le cadre d’une mission de présence avancée renforcée de l’OTAN (Enhanced Forward Presence).
Cette année, les villes d’Esch-sur-Alzette et de Kaunas, deuxième ville de la République lituanienne, portent le titre de capitale européenne de la culture.