Réunie pendant deux jours à Luxembourg à l’occasion de la présidence du Conseil de l’Europe par le Grand-Duché, la gauche européenne a travaillé sur l’affaire LuxLeaks et préparé le sommet pour le climat.
Sept eurodéputés représentant chacun leur pays ont participé à la réunion de la gauche européenne. Espagne, Portugal, Irlande, Grèce, Chypre et Allemagne ont ainsi pu partager leurs points de vue sur la situation de l’Union.
David Wagner avait le sourire, mercredi, au moment d’accueillir ses camarades de la gauche européenne. Lui, le député dei Lenk élu au parlement luxembourgeois, sait qu’il faudrait un cataclysme politique pour voir un jour un membre de son parti élu parmi les eurodéputés du Grand-Duché. Alors, il ne boudait pas son plaisir de débattre avec ceux qui travaillent au parlement européen sous la bannière de la Gauche unie européenne (GUE/NGL). «La GUE est le groupe qui fait le plus pression sur le Parlement européen pour que les États fournissent leurs rescrits fiscaux dans le cadre de l’affaire LuxLeaks», annonce-t-il en préambule avant de céder la parole à Neoklis Sylikiotis, élu chypriote au Parlement européen.
«L’Union européenne s’enfonce dans la crise, la paupérisation ne cesse d’augmenter et l’État providence même est touché», lance sans ambiguité l’eurodéputé. Il est élu de gauche et sert un discours rouge. «La crise humanitaire actuelle est le résultat de grands flux de migration provoqués par la politique européenne. En baissant ses aides à certains pays, l’UE a provoqué des départs de masse.»
Posé mais déterminé, le Chypriote croit que l’UE peut gérer la crise «sur la base des principes humanitaires et de solidarité sur lesquels elle a été fondée.»
Résister aux extrémismes
À propos de l’autre dossier au cœur de l’actualité, le sommet sur le climat de Paris, l’eurodéputé veut croire en la capacité de l’Europe de trouver un accord. «Pour ce faire, les pays riches doivent financer un fonds vert destiné à financer les pays en voie de développement. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons tout mettre en œuvre pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre.»
Sur le traité transatlantique (TTIP), son homologue espagnole, Tania Gonzales Pena, aimerait que les citoyens soient entendus. «Pendant que la Commission avance sur les négociations, 3 millions d’Européens ont signé la pétition contre le TTIP et 250 000 ont défilé dans les rues de Berlin, regrette-t-elle. L’opposition au TTIP ne cesse de croître.»
L’Irlandais Matt Carthy veut lui croire en la capacité des Européens à changer les choses. «On voit de plus en plus d’associations, de citoyens et de gouvernements qui s’opposent au TTIP, qui sert uniquement les intérêts des multinationales»
Une mobilisation qui plaît à Neoklis Sylikiotis. «Si on regarde ce qui se passe en Europe, on voit un basculement. Nous étions vingt élus de gauche lors de la précédente mandature, nous sommes maintenant 52, se réjouit-il. Et les choses bougent en Irlande, en Espagne. En Grèce, Syriza est au pouvoir et la gauche a remporté les élections législatives.»
La seule peur de la gauche européenne vient des extrêmes. «Malheureusement, là où nous ne sommes pas organisés, c’est l’extrême-droite qui en profite pour progresser, comme dans les pays de l’est. En fermant leurs frontières, ces pays font le jeu des partis xénophobes.» La lutte continue pour une gauche plus ambitieuse que jamais au sein de l’appareil européen.
Christophe Chohin