La garantie pour la jeunesse est sans doute une des rares mesures de l’Europe sociale que les moins de 25 ans peuvent tâter. Alors quand la Commission européenne devient radine, Nicolas Schmit voit rouge.
Elle porte ses fruits même si elle est loin d’avoir fait des miracles. La garantie jeunesse mise en place à travers toute l’Union européenne bénéficie de fonds destinés à aider exclusivement les pays où le chômage des jeunes dépasse un taux de 20 %. Le ministre Nicolas Schmit vient de prendre sa plume pour dénoncer «une réduction inacceptable de plus de trois quarts des fonds par rapport à la période 2014-2016».
Il y a dix jours à peine, Marianne Thyssen, commissaire européenne pour l’Emploi, les Affaires sociales, les Compétences et la Mobilité des travailleurs, annonçait triomphalement que la garantie pour la jeunesse avait «changé la donne» pour «plus de 9 millions de jeunes». La Commission a donc proposé d’augmenter les ressources budgétaires de l’initiative pour l’emploi des jeunes jusqu’en 2020. Sauf que la somme allouée est loin de répondre aux besoins selon Nicolas Schmit, ministre du Travail et de l’Emploi, à l’origine de cette initiative avec ses homologues socialistes européens.
La Commission ne prévoit d’augmenter le budget que de 1 milliard pour la période 2017-2020. «Avec ça, on ne vas pas aller très loin», nous déclare-t-il. Évidemment, on est très loin des 20 milliards que Nicolas Schmit estime nécessaires pour mener à bien ce programme destiné à lutter contre le chômage des jeunes dans les pays qui affichent un taux de chômage des moins de 25 ans de plus de 20 %.
Ce qui n’est pas le cas du Luxembourg qui affiche un taux de chômage des jeunes de 16 %, mais qui a mis en place cette mesure comme tous les pays de l’Union européenne. La garantie pour la jeunesse fonctionne plutôt bien au Luxembourg. En 2015, quelque 3 800 jeunes en ont bénéficié et 65 % d’entre eux ont pu obtenir un travail.
Alors pourquoi ne pas allouer plus de moyens? «L’argent n’a pas été dépensé assez vite! Le budget initial était de 7 milliards d’euros, nous en avons dépensé 6 seulement car il a fallu un peu de temps pour mettre en place les mesures. Mais maintenant, nous avons atteint notre vitesse de croisière et la Commission rallonge de 1 milliard seulement le budget ce qui nous fait 2 milliards jusqu’en 2020, c’est largement insuffisant», se plaint le ministre Nicolas Schmit.
C’est la raison pour laquelle il a cosigné une lettre adressée aux commissaires Marianne Thyssen et Kristalina Gerogieva, responsables respectivement des Affaires sociales et du Budget, pour dire que ce manque de moyens était «inacceptable». Une missive qu’il a écrite avec l’eurodéputée Pervenche Berès (S&D) avec qui il avait milité en 2012 pour la création de cette garantie pour la jeunesse.
«Légère amélioration»
«J’ai cosigné ce courrier en ma qualité de président des ministres du Travail socialistes européens», précise Nicolas Schmit. Le grand défenseur de l’Europe sociale y dénonce «une réduction inacceptable de plus de trois quarts des fonds par rapport à la période 2014-2016».
Un récent rapport de la Confédération européenne des syndicats (CES) affirme que la «garantie jeunes» de l’UE n’en a pas fait assez pour aider les jeunes à trouver un emploi en Europe. «En dépit de certains progrès, le taux de chômage chez les jeunes demeure à 19 % dans toute l’UE, et il atteint jusqu’à 50 % dans certains pays», note le rapport qui montre également «qu’un trop grand nombre de jeunes occupe des emplois précaires et mal payés ou effectue des stages qui n’offrent que peu de perspectives d’évolution de carrière».
Nicolas Schmit tempère : «Il y a une légère amélioration, sauf peut-être en Grèce, mais malgré tout le taux de chômage des jeunes reste élevé.» «On va prolonger la mesure mais la doter de moyens supplémentaires, sinon c’est un coup d’épée dans l’eau», conclut-il. La CES relève dans son rapport que pour l’Organisation internationale du travail 21 milliards d’euros par an sont nécessaires. «La Commission n’offre que 2 milliards d’euros à partir de maintenant jusqu’en 2020», notent avec un grand regret les syndicats européens.
La garantie pour la jeunesse mise en place à l’échelle européenne vise à ce que les jeunes âgés de moins de 25 ans puissent bénéficier d’une offre d’emploi, de complément de formation, d’apprentissage ou de stage. «Un accompagnement individuel est proposé à chaque jeune tout au long de son parcours vers la vie active ou son retour à l’école. Ce parcours se fait selon trois trajectoires différentes, en fonction du profil du jeune et de ses intentions», précise le gouvernement luxembourgeois.
Geneviève Montaigu