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La fondation Up pour une éducation citoyenne


Liz Kremer-Rauchs (debout au centre en pantalon rouge) lors d'une séance de travail avec les premiers membres de la Fondation Up. (Photo: dr)

La fondation Up engage la société civile dans le processus de l’éducation pour favoriser l’émergence de citoyens épanouis et responsables dans ce monde qui change. Nouveauté.

La fondation Up, dont le lancement est prévu la semaine prochaine, est une plateforme citoyenne pour l’éducation «parce que l’éducation a besoin de la société comme l’indique notre devise « Bildung brauch d’Gesellschaft »», affirme Liz Kremer, son administratrice déléguée. Ce nouveau groupe de réflexion rassemble des acteurs de la société civile incarnant chacun un domaine spécifique allant de l’innovation à la culture en passant par l’entrepreneuriat, le social ou l’environnement.

Ils ne veulent pas réformer l’éducation formelle mais mettre l’accent sur des matières ou des expériences non enseignées «qui permettent l’émergence de citoyens épanouis, responsables qui contribuent à une meilleure évolution de l’humanité», comme en témoigne une enseignante française dans le documentaire Une idée folle, réalisé par Judith Grumbach. La nouvelle fondation offrira une projection, suivie d’un débat avec la réalisatrice, de ce film mercredi soir au Kinepolis du Kirchberg dans le cadre de son lancement.

Le droit à une éducation de qualité

«Ce que nous visons c’est l’ouverture d’esprit», déclare Liz Kremer-Rauchs, ancienne fonctionnaire au ministère de l’Éducation nationale qui a travaillé un an sur ce projet. «Il est capital de faire appel à la société civile pour l’éducation», surtout dans un pays où «60 % des élèves du primaire ne parlent pas le luxembourgeois et où 1 700 élèves sortent chaque année de l’école sans diplôme», poursuit l’administratrice de la nouvelle fondation.

Il faut donc, selon le nouveau groupe de réflexion, vite passer de 6 à 18 membres, remplir ce «devoir, qui incombe à l’ensemble de la société et pas seulement aux institutions publiques, de s’occuper de l’éducation des enfants», explique Liz Kremer-Rauchs, pour qui la mission de la fondation est de «faire avancer l’éducation en lui apportant une dimension sociétale» ou, en d’autres termes, une éducation complète, ce que traduit mieux le terme Bildung en allemand.

L’idée maîtresse est de faire valoir le droit de chacun à une éducation de qualité. «Il était important pour nous de promouvoir l’égalité des chances, qui n’existe pas vraiment», ajoute-t-elle.

Inspirée de la fondation Jacobs

Elle sait d’expérience que de nombreuses fondations privées se sont constituées «par besoin». La fondation Up s’est de ce fait beaucoup inspirée de la fondation Jacobs, «très performante», et initiatrice du projet d’avant-garde «Paysages éducatifs en Suisse», mais aussi de la «Stiftung Bildung» allemande (éducation de base), qui représente l’engagement de la société civile pour l’éducation. « Si on veut mettre au défi l’école d’hier de répondre aux questions d’aujourd’hui, on est complètement à côté de la plaque», témoigne cet autre enseignant qui a pris part à ce projet pilote en France décrit dans le documentaire Une idée folle, décidément très instructif.

La fondation Up veut instaurer et animer le débat, car elle sait que toute réforme envisagée dans l’éducation soulève de la méfiance. «L’école ce n’est pas tout, nous avons aussi l’éducation informelle, dans les associations, au sein de la famille, avec les amis, et on voulait élargir cette notion autour de la bildung.» La fondation Up sera ce laboratoire d’idées visant à la «valorisation de l’éducation» qui pourra se traduire par des prix ou des récompenses.

Et qu’en pense le ministre de l’Éducation nationale? «Quand on a eu cette idée, on est allé chez le ministre qui a favorablement accueilli notre premier concept.» Il faut dire que les membres ne sont pas des inconnus. Quand on parle d’éducation et d’avenir, on pense à l’innovation, donc la fondation est présidée par Raymond Schadeck, (l’ancien président de Luxinnovation), puis à l’entrepreneuriat, et c’est Christiane Wickler, administratrice de Pall Center et écolo engagée, qui représente ce secteur, alors que le domaine social peut compter sur la présidente de l’association humanitaire Catch a Smile, Julia Gregor. «On a élargi notre cercle et on a accueilli une frontalière, des jeunes, des personnes âgées, pour avoir des regards croisés dans notre équipe», explique Liz Kremer-Rauchs.

Premier projet à Esch-sur-Alzette

Le lancement de la fondation se déroulera en deux étapes. Une première aura lieu mercredi au Kinepolis (Luxembourg-Kirchberg) avec la projection du documentaire de Judith Grumbach. Le lendemain, toujours à Luxembourg, à l’Exit07, une soirée sera organisée avec la participation d’Arnoud Raskin, le fondateur belge de Mobile School–StreetwiZe, une entreprise sociale qui opère au niveau mondial pour aider les enfants des rues.

«Notre premier projet sera à Esch-sur-Alzette. Il s’appellera « À table! ». Nous allons organiser avec les autorités communales et l’école fondamentale une rencontre à laquelle nous invitons les forces vives, la société civile. Nous y ferons un paysage éducatif avec des modérateurs professionnels qui vont extraire les bonnes idées. Nous envisagerons un accompagnement extrascolaire de qualité pour les jeunes Eschois», conclut Liz Kremer-Rauchs. Cette «table du midi» aura lieu le mercredi 13 juin.

Geneviève Montaigu