Le premier baromètre de son genre montre les effets économiques positifs de la diversité en entreprise.
Corinne Cahen s’est réjouie des résultats du baromètre aux côtés de Christian Scharff et de Nicolas Poussing, du CEPS/Instead. (Photo : Le Quotidien/Isabella Finzi)
La diversité en entreprise est une chance : il ne suffit pas de le clamer, encore faut-il pouvoir le prouver. C’est ce que tend à montrer le premier baromètre Diversité et Entreprises qui a interrogé les entreprises signataires au Luxembourg de la charte de la diversité.
La Charte de la diversité a été lancée en 2012 pour inciter les entreprises à respecter et promouvoir la diversité. En deux ans, elle a réussi à faire adhérer 116 entreprises, qui représentent 12 % de la population active luxembourgeoise.
Il semblait logique pour le gouvernement, qui soutient cette initiative, de réaliser une première étude sur l’impact d’une adhésion à cette charte. Comme elles s’y sont engagées en souscrivant à la charte, 85 entreprises qui étaient adhérentes au moment où l’étude a été réalisée, ont répondu à ce baromètre, qui a pour but d’établir un état des lieux de la diversité en entreprise, qui fournira aussi aux entreprises un outil de gestion de la diversité et permettra de mesurer l’évolution de la diversité dans le pays à l’avenir. La ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, qui était présente lors de la présentation du baromètre, s’est dite satisfaite de voir que huit entreprises sur dix avaient répondu que la charte avait eu un impact positif sur la diversité dans leur organisation.
Plus concrètement, il semble qu’appliquer une politique de diversité a eu un impact positif sur la santé économique des entreprises.
> Compétitivité et innovation
Au sein des signataires, qui sont à 79 % issus du secteur privé, 56 % ont déclaré avoir vu leur chiffre d’affaires augmenter depuis qu’elles ont signé la charte. Dans le détail, 58 % estiment que la diversité leur a permis d’améliorer leur innovation et leur créativité, 53 % jugent que les conditions de travail se sont améliorées dans leur organisation et 31 % estiment que leur productivité s’en est trouvée améliorée.
Contrairement à des idées reçues, il n’y a pas que les grandes entreprises qui misent sur la diversité. Si 39 % des signataires sont des firmes de plus de 250 salariés, 40 % sont des firmes de moins de 50 salariés.
« Mettre plus de diversité dans son entreprise ne représente pas un investissement financier, c’est surtout un coût en termes de temps. Mais quand on voit l’impact que cela a sur la santé économique des firmes, on se rend compte qu’il y a là un important levier financier, qui peut améliorer la compétitivité à moindre frais », commente Christian Scharff, président du comité pour la Charte de la diversité.
Dans le détail des sujets qui ont retenu l’attention des signataires, on retrouve d’abord l’égalité hommes- femmes, qui est une réalité dans ces firmes où les femme sont présentes à 54 %, ce qui est plus que la moyenne nationale de 40 %. Elles ont aussi plus souvent des postes à responsabilité que dans les autres firmes. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée arrive en deuxième position des préoccupations, puis vient ensuite la question des langues parlées.
Même si le Luxembourg n’est pas un mauvais élève en matière d’emploi des personnes handicapées, ce sujet n’arrive pas parmi les premières préoccupations. Pour la ministre de la Famille et de l’Intégration, il faut en effet mieux informer les entreprises sur les conditions d’emploi des personnes handicapées, car celle-ci sont souvent mal renseignées. Il n’y a pas, selon elle, de problème de refus d’intégrer ces personnes.
Malgré ces résultats qui prouvent que la diversité est une chance pour l’économie, Corinne Cahen a affirmé hier son refus d’imposer des quotas aux entreprises privées.
« Nous voulons privilégier des emplois de qualité. Les quotas ont plutôt tendance à favoriser la quantité. Il faut laisser les entreprises intégrer à leur rythme », a-t-elle suggéré.
Il ne semble pas en effet forcément nécessaire de recourir à des outils artificiels pour susciter la diversité puisque, selon l’étude, la politique de diversité est promue dans plus de 90 % des cas par les dirigeants eux-mêmes des entreprises. Nombre d’entre eux vantent d’ailleurs désormais les mérites de la diversité auprès de leurs clients.
La ministre espère que la publication de ce premier baromètre va inciter d’autres entreprises y compris publiques à adhérer à la Charte de la diversité. Selon les derniers chiffres, 30 nouvelles firmes devraient devenir membres d’ici mars.
Afin de promouvoir plus largement la diversité, le gouvernement a décidé, à l’image de ce qui se fait déjà dans d’autres pays européens, d’organiser, le 12 mai prochain, le Diversity Day Lëtzebuerg, qui devrait être relayé dans les entreprises et sur la place publique dans tout le pays.
De notre journaliste Delphine Dard