Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La lutte contre les répercussions sociales et psychologiques de la crise sanitaire constitue le prochain défi majeur des équipes de la Croix-Rouge. Un appel est lancé à l’ensemble de la société.
«Nous faisons tous partie de la solution !» Michel Simonis, le directeur général de la Croix-Rouge luxembourgeoise, a repris mercredi la devise lancée en mars 2020 par le Premier ministre, Xavier Bettel. Cette fois, ce n’est cependant pas la lutte contre la propagation du virus proprement dite, mais bien les effets secondaires du covid qui sont ciblés. «Dans le domaine de l’inclusion sociale et du soutien aux plus fragiles, la règle est la même que face au virus», martèle ainsi Michel Simonis à l’occasion de la présentation du rapport d’activité de la Croix-Rouge pour l’année 2020. Même si l’urgence sanitaire n’est pas encore levée, l’ONG compte se concentrer davantage sur les répercussions sociales et psychologiques de la pandémie.
La priorité dans les mois qui ont suivi le déclenchement de la crise sanitaire était de venir en aide aux plus vulnérables. Toutes les équipes de la Croix-Rouge ont été mobilisées afin «de créer des conditions de sécurité sanitaires adaptées pour protéger les bénéficiaires et nos équipes, dans l’urgence». Épiceries sociales, helpline sociale, HIV Berodung, Dropin, bistrot social : les différents services ont été mis à lourde contribution (lire ci-dessous). La Croix-Rouge a aussi proposé des chambres d’hôtel à des personnes ayant contracté le virus mais qui n’avaient pas les moyens de s’isoler.
Un accent plus particulier a été mis sur la prise en charge et l’accompagnement des sans-abri. «La crise a été particulièrement violente pour les sans-abri et les personnes qui vivent dans un logement précaire. Avec les différentes restrictions, leur quotidien a été rendu plus difficile», déclare Nadine Conrardy, directrice du département Action et Santé sociales. La prolongation de la Wanteraktioun jusqu’à fin juin a été une des mesures prises pour atténuer le choc. «Nous les avons aidés en dépit des conditions sanitaires, mais il faut en faire plus. Un logement digne, c’est la base, ensuite on peut prendre soin de sa santé physique, mentale et sociale pour redevenir autonome. Sans un toit au-dessus de sa tête, tout devient extraordinairement difficile», reprend Nadine Conrardy.
Dons et recrutements en hausse en 2020
La Croix-Rouge tient à souligner le soutien apporté par le gouvernement, des particuliers et des entreprises ainsi que par d’autres acteurs du secteur social. «Il y a eu énormément de gestes de solidarité ces derniers mois. Il y a également eu de nombreux particuliers et entreprises qui ont vu que ce sont ceux qui ont le moins qui ont le plus à perdre», relate Michel Simonis. Mais, pour s’attaquer au prochain défi majeur de la crise sanitaire, une plus large mobilisation de la société serait nécessaire.
En effet, selon la Croix-Rouge luxembourgeoise et son directeur général, «les conséquences sociales et psychologiques risquent de se faire sentir plus fortement au fur et à mesure que la situation sanitaire sera maîtrisée». L’enjeu serait de passer des paroles aux actes pour s’attaquer à la crise sociale. «Le Luxembourg a tous les atouts pour relever le défi, et, à la place qui est la nôtre, nous nous préparons à en faire plus. Mais cela doit être un élan collectif», souligne Michel Simonis.
La Croix-Rouge reste largement soutenue par la population. En 2020, quelque 3 millions d’euros de dons ont été récoltés en 2020 (+2,5 % par rapport à 2019) émanant de 24 072 donateurs (+19,3 %). Des legs en espèces et immobiliers pour une somme globale de 4,7 millions d’euros ont profité à la Croix-Rouge.
Une enveloppe de 4,1 millions d’euros a été investi depuis les fonds propres de l’ONG pour financer ses projets et activités en 2020.
La Croix-Rouge comptait au 31 décembre dernier 2 675 salariés. Sur l’année 2020, un nombre record de 533 recrutements a été effectué.
David Marques
La crise sanitaire a entraîné la prolongation de la Wanteraktioun 2020/2021 jusqu’au 30 juin.
Sur la période traditionnelle, 1 286 personnes différentes ont été accueillies, soit un niveau semblable à celui de 2019/2020. Ce chiffre reste toutefois inférieur de près d’un tiers au maximum atteint en 2017. Pendant la période de prolongation (de mars à mai), 445 personnes ont continué à fréquenter le foyer de jour.
ÉPICERIES SOCIALES Les huit épiceries gérées par la Croix-Rouge sont restées ouvertes tout au long de la crise. Le nombre de passages a toutefois diminué (de 35 863 à 33 591), soit une baisse de 6,3 % par rapport à 2019.
FONDS DE SOLIDARITÉ Le nombre d’aides accordées a fortement progressé entre 2019 et 2020 : 73 de plus (+54 %). Cette aide financière est passée en moyenne de 662 à 731 euros (+10 %). Un montant total de 133 667 euros a été distribué.
