Accueil | Politique-Société | La critique saignante de déi Lénk

La critique saignante de déi Lénk


Les mines quelque peu fatiguées de Marc Baum, Serge Urbany et David Wagner (de g. à d.) trahissent une année mouvementée et de dure labeur. (photo JC Ernst)

Plus «gauchos» que jamais, les cadres de déi Lénk nous ont invités jeudi à partager une entrecôte de bœuf argentin. L’occasion de passer le gouvernement à la casserole. Bon appétit !

Quoi de plus logique que de partager avec déi Lénk une pièce de bœuf élevé par des gauchos dans la pampa de Patagonie? Rien, en effet. La cantine du parti, à savoir la Cafetin de Buenos Aires, s’est révélée être le cadre idéal pour faire le bilan d’une année parlementaire mouvementée. Entre le départ du député Justin Turpel –  remplacé par David Wagner en avril dernier  – les nombreuses réorganisations internes au parti et les nombreux dossiers politiques sur lesquels s’est impliqué le parti, l’année ne fut, en effet, pas de tout repos.

À commencer donc par le changement de binôme à la Chambre des députés. De la paire Urbany-Turpel, on est passé au duo Urbany-Wagner, mais force est de constater que la sensibilité politique de déi Lénk n’a rien perdu au change. L’ambitieux David Wagner, originaire du quartier de Luxembourg-Mühlenbach a en effet su prendre la relève avec brio.

Urbany  : plat veggie, mais critique saignante

Au niveau de la communication, l’ancien conseiller communal d’Esch-sur-Alzette, Marc Baum, et la jeune Carole Thoma, de Dudelange, ont, quant à eux, pris les fonctions de porte-parole du parti. Une réorganisation interne qui vise à faire encore davantage évoluer le parti, qui compte entre 550 et 600 membres à l’heure actuelle, « un chiffre qui tend à augmenter », selon le député Serge Urbany. Car déi Lénk n’a « pas vu de vent nouveau souffler » au Parlement durant l’année écoulée et compte bien continuer à jouer les trouble-fêtes face à la majorité et face aux autres partis d’opposition.

Même s’il a opté pour un plat végétarien, à savoir les tagliatelles au pesto, Serge Urbany a formulé plusieurs critiques saignantes. « Le gouvernement n’est pas au pouvoir depuis deux ans, mais l’on a déjà l’impression qu’il est à bout; il ne se pose pas les questions essentielles », a ainsi débuté Serge Urbany. Avant de voir dans cette coalition aux couleurs gambiennes de véritables dissensions internes  : « Les trois partis au pouvoir prennent chacun des directions différentes. Que ce soit sur la crise grecque ou au sujet de la réforme fiscale. »

De son côté, le porte-parole Marc Baum assume son côté «viandard», ses critiques n’étant pas moins acerbes. « Les partis au pouvoir reprochent au CSV de ne pas proposer d’alternatives et vice-versa  : le pire, c’est qu’ils ont tous raison », lance l’ancien compère de Théid Johanns au escher Gemengrot . Puis ce dernier d’enfoncer le clou  : « On pense être les seuls au Parlement à faire de réelles et nettes propositions; quand on voit le nombre de lois votées par le CSV, cela constitue la preuve de leur absence de rôle au sein de l’opposition! »

Bref, déi Lénk campe sur ses positions et reproche même au gouvernement de « légaliser » des « affaires extralégales et illégitimes », telles que le scandale de LuxLeaks. Et pour conclure sur ses projets d’avenir, Serge Urbany a annoncé que « déi Lénk reste un petit parti avec seulement deux mandats (de députés), mais il a beaucoup d’ambition »! Une ambition célébrée à coups de vin rouge d’Argentine proposé par la charmante propriétaire des lieux, Stella.

Claude Damiani