En colère, le syndicat de la fonction publique CGFP brandit le spectre d’actions syndicales à la rentrée si le gouvernement persiste à appliquer des mesures d’austérité envers les fonctionnaires. La baisse de l’indemnisation kilométrique des trajets professionnels et d’autres mesures d’austérité décidées unilatéralement lui restent en travers de la gorge.
Le calendrier choisi par la Confédération générale de la fonction publique (CGFP) pour brandir la menace d’actions syndicales à l’automne n’est certainement pas anodin. La présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, qui entrera véritablement dans le vif du sujet à partir de la rentrée, pourrait être victime de turbulences inattendues car provenant directement de l’intérieur : à savoir des fonctionnaires et employés de l’État eux-mêmes largement responsables du bon déroulement des six mois de présidence tournante.
Car même pendant les vacances estivales, la CGFP ne chôme pas et prépare une rentrée offensive contre le gouvernement. Et rien de tel qu’une présidence de l’UE à prendre en otage pour mieux se faire entendre. Dans ce cadre, la CGFP rappelle que les présidences luxembourgeoises de l’UE antérieures avaient eu pour effet de mettre provisoirement au placard les questions sensibles de politique intérieure, afin de permettre au gouvernement de se concentrer sur les dossiers européens.
Une coutume qui pourrait être bouleversée, selon la CGFP : « On ne peut plus en être si certain aujourd’hui », estime son secrétaire général, Romain Wolff qui rappelle également le rôle crucial des fonctionnaires et employés de l’État pour une présidence européenne réussie rayonnant au-delà des frontières grand-ducales. Si le futur succès de la présidence n’est pas remis en question par la CGFP, celle-ci invite cependant fermement le gouvernement à mettre fin à sa «tactique du salami».
«Sans concession et coûte que coûte »
Par «tactique du salami», il faut comprendre : la réduction progressive des acquis des fonctionnaires et ce, de façon unilatérale, sans négociations préalables avec la CGFP (lire également encadré) . Les mesures d’austérité gouvernementales affectant les salariés du secteur public sont ainsi dans le collimateur des fonctionnaires. « Malgré la présidence de l’UE, le gouvernement ne recule pour l’instant pas et poursuit la réduction ciblée des droits ancestraux et durement acquis, ainsi que ses petits jeux partisans contre de hauts fonctionnaires avec pour effet de démotiver certains fonctionnaires ou du moins de les mettre sur la sellette .»
Concrètement, la CGFP décrie le modus operandi selon lequel le gouvernement applique sa vision unilatérale « sans concession et coûte que coûte ».
Outre le contexte de présidence européenne, la CGFP s’interroge sur le bien-fondé de telles mesures d’austérité en période de reprise économique et alors que l’inflation atteint un taux historiquement bas (0,6 %). Sans parler de l’amélioration des finances et des recettes publiques. Bref, la CGFP s’interroge sur la bonne volonté des pouvoirs publics à instaurer une paix sociale.
Claude Damiani
Une tactique du salami décriée
Tirée de l’histoire du communisme, la tactique du salami ou du saucissonnage vise à réduire progressivement certains acquis et avantages sociaux, tranche par tranche. Dans ce cas-ci, la CGFP s’insurge contre les différentes mesures affectant directement ou non le portefeuille des fonctionnaires : l’impôt d’équilibrage budgétaire temporaire (contribution de 0,5 % des revenus pour la prise en charge des enfants), l’abolition du trimestre de faveur, la remise en question des logements de fonction, la future réforme fiscale, ou encore la réduction des indemnités de déplacement dans le cadre professionnel, de 40 à 30 centimes par kilomètre.
Sur ce dernier point, l’annonce a été justifiée par la volonté du gouvernement de tenir compte de la baisse significative de la consommation de carburant au cours des dix dernières années. «Est-ce du cynisme pur, de l’ignorance ou une mauvaise blague?», s’interroge la CGFP qui ne compte pas rester muette, au risque de perturber la présidence de l’UE à la rentrée, en allant jusqu’au conflit social.