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Luxembourg : la bataille du Monorail aura t-elle lieu?


Rosario Cavallaro (Groupe Guy Rollinger) critique vertement la vision étriquée du transport du ministre François Bausch (Photo Julien Garroy).

«Vous est-il déjà arrivé de gérer une société?», s’insurge Guy Rollinger, porteur d’un projet de monorail que le ministre François Bausch vient d’enterre.

Celui qui se présente comme un «citoyen, entrepreneur et employeur» (dans le secteur de la construction), y croit dur comme fer : relier Belval à Luxembourg en moins de 20 minutes et en survolant littéralement les bouchons, c’est possible, grâce à cette technologie «écologique, économique et sûre».
Il a donc tout tenté : site internet, maquette, pétition… Mais le monde politique luxembourgeois reste, dans sa grande majorité, indifférent ou hostile à ce projet. Peut-être parce que le projet ne vient pas d’eux? «Possible», sourit Rosario Cavallaro, l’un des porteurs du projet au sein du groupe.
Fin mars, leur pétition n° 921 appelant à la création d’un monorail, une «solution innovante pour mettre un terme aux embouteillages sur nos autoroutes», fait un flop. Elle obtient 3 000 signatures, loin des 4 500 signatures nécessaires à l’obtention d’un débat public à la Chambre des députés. Elle est donc reclassée en pétition ordinaire.
Et quelques jours plus tard, François Bausch enfonce le clou : pour le ministre du Développement durable et des Infrastructures, le monorail est trop cher et inadapté au Luxembourg. «Cela ne correspondrait absolument pas à nos besoins», dit-il (lire par ailleurs).

«Sceptique» face à la gestion de la mobilité…
C’en est trop pour Guy Rollinger, qui a décidé vendredi dernier d’adresser une lettre au ministre (diffusée publiquement, précise-t-il). Le ton est donné dès l’introduction : «Permettez-moi, en tant que citoyen lambda, de marquer mon scepticisme et mécontentement face à la manière dont vous abordez la problématique de la mobilité au Luxembourg», écrit-il.
«Le 29 mars 2018, vous enterrez le « monorail » aux motifs de son coût très élevé et de la difficulté de l’intégrer dans l’espace urbain. Le lendemain, vous annoncez l’idée d’un tram rapide, reliant le Kirchberg à Esch/Belval qui justement rencontre ces deux inconvénients (coût et espace urbain)», poursuit-il, se disant «choqué» par de tels propos.
Car pour l’entrepreneur, ce projet de tram à grande vitesse engendrerait de multiples contraintes : achats de terrains, expropriations, ponts à renouveler, construction de passages souterrains, abattages d’arbres, etc., le tout pour un coût très élevé et pas réalisable avant dix à quinze ans.
Or, affirme-t-il, «le monorail n’a aucun de ces inconvénients»… Une affirmation un peu hâtive, le monorail n’ayant pas que des avantages (lire par ailleurs).

Des solutions «bout de ficelles»

Mais Guy Rollinger ne s’arrête pas là : «Je suis également stupéfait que vous ayez opté pour l’élargissement de l’A4 et la création progressive d’une voie réservée aux bus», tout en estimant que «cela ne suffira pas à long terme». Il interroge donc : «Comment est-il possible de dépenser ainsi les deniers publics, en mettant en place des solutions « bout de ficelles », dont vous reconnaissez, vous-même, le peu d’efficacité à long terme?»
Et d’insister, à grand renfort de ponctuation : «Vous est-il déjà arrivé de gérer une société???? Un responsable se doit d’adopter de suite la bonne solution pour le long terme. Sinon, la faillite est assurée.»
L’avis du ministre sur le caractère peu populaire du projet de monorail le fait aussi tiquer : «Cela ne correspond pas à la réalité. Plus de 85 % de la population sont favorables au monorail.» Un sondage qui est tout autant à prendre avec des pincettes…
Il exprime un regret : «Je déplore que vous n’ayez pas accepté une seule fois de me rencontrer. Cela fait trois ans que je tente de vous contacter, en vain.»
Et ce coup de gueule risque, lui aussi, de rester lettre morte, craint Rosario Cavallaro, joint hier par Le Quotidien : «Pour l’instant, nous n’avons pas obtenu de réaction du ministre Bausch à cette lettre ouverte. Comme pour toutes les lettres qu’on lui envoie depuis des années.»

Romain Van Dyck.

Un commentaire

  1. Hr Rollinger, am Oktober krei’en mer een nei’en Bautenminister.