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Kirchberg : quel avenir pour Luxexpo ?


Luxexpo The Box accueille environ 78 évènements par an et a vu passer l'année dernière pas moins de 360 000 visiteurs. (Photo archives Julien Garroy)

Le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, a lancé un pavé dans la marre en affirmant qu’il serait plus profitable de mettre des logements et des commerces à la place du site gigantesque de Luxexpo The Box.

Le Luxembourg et sa longue tradition des «Foires», qui remonte à plus de 600 ans et un certain Jean l’Aveugle, n’est plus à démontrer, mais reste un sujet sensible, notamment lorsqu’il est question de toucher au site de Luxexpo.

En début de semaine, c’est François Bausch, qui n’a pas caché, lors de la présentation du rapport annuel du Fonds Kirchberg, que les 100 000 mètres carrés au sol qu’occupent les infrastructures de Luxexpo The Box ne sont plus en adéquation avec les besoins du pays et a laissé entendre que des réflexions autour d’un réaménagement du site pouvant potentiellement accueillir de nombreux logements, commerces et bureaux étaient en cours.

Une réflexion qui remet en question le site de Luxexpo The Box, pierre angulaire de la stratégie nationale pour le développement du secteur dénommé MICE (Meetings, incentives, conventions and exhibitions), englobant le tourisme de congrès qui contribue à environ 14 % du total des nuitées dans l’hôtellerie selon des données du gouvernement en 2016. Plus globalement, on parle d’un secteur qui pèse 6,5% du PIB et dont le Luxembourg souhaite développer, toujours dans son optique de diversification économique.

78 événements par an

Pour autant, il ne faut pas voir dans l’affirmation du ministre un début de polémique mais plutôt une réflexion dont la direction de Luxexpo The Box est partie prenante : «Je suis totalement en adéquation avec le ministre sur ce sujet. Nous avons actuellement un grand site qui est ancien et qui n’est pas utilisé au maximum de ses capacités», a souligné Morgan Gromy, directeur de Luxexpo The Box, avant de poursuivre : «Si la question est de savoir si je suis pour une nouvelle infrastructure plus moderne, plus confortable, plus flexible ou encore plus efficiente, évidement ma réponse sera positive, mais il faut être conscient du temps que cela va prendre. Pour le moment, il y a des réflexions sur le sujet et je pense que nous sommes dans le timing parfait pour cela.»

Par contre, le directeur du site ne veut pas entendre parler d’un site en déclin, au contraire. «Nous avons 1,5 évènement par semaine, 78 évènements par an, plus de 3 250 entreprises qui utilisent nos infrastructures annuellement. Nous avons accueilli plus de 360 000 visiteurs l’année dernière alors qu’il y a eu des rénovations et que la zone connaît des travaux. De plus, sur le premier trimestre de cette année, nous avons constaté une augmentation de 15% des visiteurs. Nous avons donc de très bonnes perspectives», a précisé Morgan Gromy.

Luxexpo, ou du moins le centre d’exposition du pays, reste un sujet délicat, car il fait partie d’une vaste stratégie d’attractivité économique et touristique du pays qui, dans ce secteur, fait face à de nombreux concurrents comme Londres, Berlin, Bruxelles, Paris ou encore Amsterdam qui ont déjà de très belles infrastructures dans le domaine.

Projet avorté en 2012

Doter la capitale d’un site moderne, confortable, accessible et flexible sera un long chantier qui devra avoir un soutien politique fort.

En 2012, le projet du nouveau Luxexpo avait été abandonné par manque d’investisseur privé. Il faut dire que la facture d’une toute nouvelle infrastructure était de 200 millions d’euros dont 100 millions à la charge de l’État. Un investissement jugé alors trop coûteux. En 2015, c’est l’Atelier qui avait pour ambition d’ouvrir une salle de concert sur le site du nom de «H6». Un projet qui, lui aussi, ne verra jamais le jour. Finalement, le site sera juste rénové, même si les halls 4 et 5, désaffectés depuis 2003, ont été détruits pour faire place à un parking, pour un coût total d’un peu moins de 30 millions d’euros.

Utiliser la surface de Luxexpo pour des logements, commerces et bureaux, tout en trouvant un site pour accueillir un nouveau centre d’expositions moderne et flexible sera une prouesse politique. Reste à ne pas aller trop vite en besogne, car un potentiel nouveau site doit pouvoir être relié aux transports en commun tout en restant lié à la capitale sans parler des nombreux travaux et autorisations nécessaires pour la construction d’un tel lieu.

On pourrait penser au Ban de Gasperich ou encore au futur quartier des «Portes de Hollerich» ou même se pencher du côté de Cessange pour accueillir un tel lieu. Mais là encore, rien n’est fait, d’autant plus que la Chambre de commerce, actionnaire majoritaire à 56,6% de Luxexpo The Box, a un contrat de bail qui court jusque 2028.

Jeremy Zabatta