Dans la foulée de notre dossier sur la prise en charge de l’obésité au Grand-Duché, nous avons rencontré Charline, 12 ans, à la Kannerklinik du CHL. Elle bénéficie d’une prise en charge holistique au sein du service «Clinique de l’obésité» pour apprendre à gérer ses problèmes de poids.
C’est une jeune fille un peu timide mais très vive qui témoigne. Elle s’appelle Charline, a douze ans et souffre d’obésité. Si aujourd’hui, avec ses 73 kilos pour 1,61 mètre, l’élève en sixième année d’études a déjà perdu un peu de poids et se sent bien dans ses baskets, elle en est consciente : elle n’a pas encore fini de lutter contre ses kilos qui lui empoisonnent la vie.
Enfin, ce sont surtout les autres que ses kilos semblent gêner et qui attaquent Charline à ce sujet. «J’ai un peu de mal à respirer quand je cours, mais sinon sur le plan physique ça va. Je veux perdre du poids pour pouvoir mettre des robes, des vêtements qui seront plus jolis sur moi quand je ne serai plus grosse. Et aussi pour être en bonne santé, car on peut avoir des maladies, comme le diabète. Mais je veux aussi perdre encore plus de kilos avant d’entrer au lycée parce que les élèves me semblent encore plus méchants là-bas. On s’est déjà moqué de moi et je n’ai pas envie que ce soit pire au lycée.»
Réapprendre à bien manger
Les mots, difficiles à entendre, traduisent un quotidien pas toujours rose dans une société empreinte de grossophobie. La maman de Charline, Murielle, qui fait elle aussi attention à son propre poids, craint même pour la scolarité de sa fille. «Ça me fait très mal d’entendre que l’on se moque d’elle, mais en plus j’ai peur que cela puisse avoir des répercussions sur sa scolarité. C’est une très bonne élève, mais si elle n’a plus envie d’aller à l’école ou n’arrive plus à travailler parce que les autres l’embêtent ?»
Charline a toujours eu un bon coup de fourchette, reconnaît sa maman, mais la petite fille a aussi toujours beaucoup bougé : elle préfère jouer dehors plutôt que rester devant les écrans, fait souvent du vélo et pratique la natation. Elle a aussi fait du karaté par le passé. Mais le décès de son père, il y a quatre ans, pourrait avoir joué un rôle dans la prise de poids continue de la fillette. Lui-même était obèse et sa disparition a en partie été due à son surpoids. «Charline le voyait manger, elle a pu faire pareil. Puis lorsqu’il est décédé, elle a compensé sa tristesse par la nourriture. On a remarqué qu’elle a commencé à fréquemment prendre du poids», témoigne Murielle. «Je mangeais beaucoup de chocolat…», complète Charline, avec pudeur.
L’enfant était suivie à la Kannerklinik en raison de nombreuses allergies, notamment alimentaires. C’est là qu’on l’oriente vers une diététicienne. Elle est prise en charge au sein du service «Clinique de l’obésité» sur le plan médical, mais aussi psychologique, diététique et physique. Deux fois par semaine, elle participe ainsi à des activités au Rehazenter, le Centre national de rééducation fonctionnelle et de réadaptation, dans le cadre du programme Motor, notamment la natation et l’escalade, ses activités préférées. Dans ce parcours de trois mois, qu’elle a pu intégrer deux fois au vu de sa motivation, elle apprend aussi à mieux choisir ses aliments et à ne plus croire les publicités et le marketing, trop souvent mensongers. «C’est encore difficile de ne pas toujours y croire, mais ça va un peu mieux», souligne Charline. «On a fait tout cela le plus tôt possible pour qu’elle change sa vision de l’alimentation et qu’elle sache mieux comment se nourrir, ce qui sera une bonne chose quand elle ira à la cantine», indique Murielle.
Les efforts de Charline ont déjà payé : elle peut rentrer à nouveau dans ses anciens pantalons et se sent fière. Surtout, elle s’est fait des amis au sein du groupe, un aspect sur lequel elle insiste particulièrement. «Elle a pu se rendre compte qu’elle n’était pas seule à souffrir de surpoids et ils s’entraident beaucoup. Elle se sent vraiment bien au sein de ce groupe», se réjouit sa maman.
Tatiana Salvan