Le jour du dépassement de la Terre tombe ce samedi. Mais si la population mondiale consommait comme le Luxembourg, ce jour tomberait dès le 16 février.
C’est officiel : ce samedi (22 août) est le jour du dépassement de la Terre. C’est-à-dire la date à laquelle la consommation de ressources naturelles de l’humanité dépasse les quantités que la Terre peut lui fournir durablement tout en les régénérant chaque année. Il arrive plus tard que les années précédentes – c’était le 29 juillet en 2019 – en raison du recul temporaire des émissions de CO2 dans le monde entier provoqué par la pandémie de Covid-19.
«Cette date est calculée chaque année par le Global Footprint Network et met en lumière les limites écologiques de notre planète, rappelle le Conseil supérieur pour un développement durable du Luxembourg. Selon les estimations du Global Footprint Network, le jour du dépassement 2020 pour le Luxembourg est tombé le 16 février. En d’autres termes, si l’ensemble de la population mondiale consommait autant de ressources que le Luxembourg, les ressources régénérables disponibles pour une année entière auraient déjà été consommées à cette date. Si l’humanité consommait comme le Luxembourg, il lui faudrait actuellement 7,99 planètes Terre (chiffre de 2018) pour que cette consommation soit durable (contre 1,69 planète Terre en moyenne mondiale). À partir de la mi-février, selon ces estimations, la population de notre pays vit donc aux frais des générations futures et des habitants des pays du Sud, qui consomment nettement moins, mais qui sont nettement plus touchés par les conséquences écologiques.»
Énergie, tourisme à la pompe, alimentation…
Les chiffres les plus récents pour le Luxembourg (base 2018) ont été compilés et contrôlés principalement sur la base des données du Statec disponibles. Ce travail a été effectué par l’Institut pour l’agriculture biologique et la culture agraire au Luxembourg (IBLA) à la demande du Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD), dans le cadre d’une collaboration scientifique avec le Global Footprint Network (GFN). Le texte intégral de l’étude sera disponible à partir de dimanche sur le site web du Conseil supérieur pour un développement durable (www.csdd.lu). Et vendredi, le CSDD en a dévoilé les grandes lignes.
L’étude IBLA révèle que «la situation catastrophique» du Luxembourg est due «avant tout à la consommation d’énergie (combustibles fossiles et électricité à base d’énergies fossiles), avec 7,75 gha par habitant (environ 60 % de l’empreinte écologique totale du Luxembourg, soit une consommation nécessitant 4,75 planètes). La vente de carburant aux routiers en transit, aux frontaliers et aux touristes à la pompe représente à elle seule 1,75 planète. Restent ainsi trois planètes imputables aux habitants du Luxembourg. La consommation de kérosène de l’aéroport national représente à elle seule 0,7 planète, soit plus de dix fois plus par habitant que chez les voisins. Ce chiffre doit encore être examiné de plus près, mais il est probablement une conséquence directe du bon fonctionnement du centre de fret au Findel. Quant au secteur luxembourgeois des services, il consomme autant d’énergie que l’ensemble des ménages et presque autant d’électricité que l’industrie.
Par rapport à ses voisins, le Luxembourg se distingue notamment par sa consommation très élevée de viande et de produits d’origine animale, qui correspond à la consommation d’environ 0,65 planète (sans tenir compte de la production de méthane!). «Dans ce domaine, le Luxembourg devrait réduire le cheptel destiné exclusivement à l’exportation, qui entraîne une forte pollution de l’eau par les nitrates, et cibler davantage les segments de production déficitaires (réduction de la production de lait et de viande de bœuf, promotion de la production maraîchère ainsi que de la viande de porc et de volaille)», préconise l’étude.
Par ailleurs, le Luxembourg se distingue également par une consommation très élevée de produits. «On notera par exemple la consommation particulièrement élevée de papier (environ 0,45 planète), imputable en grande partie au secteur des services. Il s’agit là de facteurs qui sont essentiellement systémiques mais que le particulier peut également influencer. Il existe donc un besoin aigu d’éducation des consommateurs et, par exemple, d’éducation systématique dans le système scolaire.»
L’étude est à retrouver dans son intégralité à partir de dimanche sur csdd.lu.
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