Alex Donnersbach, réélu président des jeunes chrétiens-sociaux, veut enfin que les choses bougent et que les querelles cessent. Les derniers éclats du CSV devraient sonner le glas d’une époque.
Chez les jeunes chrétiens-sociaux (CSJ), les choses sont plus claires. Leur récent congrès national et virtuel a reconduit Alex Donnersbach à son poste de président avec 98 % des voix. Il était le seul candidat, ce qui facilite le choix. Alors que la vieille garde s’entredéchire en pleine lumière, le CSJ travaille plus discrètement à se faire une place dans ce parti qui parvient avec difficulté à renouveler ses personnels politiques.
«Oui c’est difficile, ça n’allait pas encore assez mal peut-être mais cette fois ça fait mal», reconnaît Alex Donnersbach en se référant au départ précipité de Frank Engel et à sa dénonciation au parquet pour emploi fictif. Une affaire qui ne redore pas le blason d’un parti arrimé depuis deux législatures aux bancs de l’opposition.
«Il faut que ça cesse, on ne peut plus continuer comme ça», déclare le président au dernier congrès des jeunes. Une fois n’est pas coutume, les critiques traditionnellement réservées à la politique gouvernementale arriveront au second plan. Les jeunes ont d’abord voulu évacuer le sujet qui fâche et lancer un message clair à leurs aînés. «Maintenant il faut que ça bouge», prévient-il. «On ne peut pas travailler sereinement si des conflits personnels viennent miner nos efforts. Les membres ont envie de savoir où le parti veut mener le pays, pour quelles orientations il opte, même si c’est difficile parce que certains sont toujours coincés entre des intérêts divergents», nous explique Alex Donnersbach.
Frank Engel et sa «gestion du parti pas terrible»
Il est persuadé que les chrétiens-sociaux ont besoin d’entendre «un narratif auquel ils croient». Peu importe qui se trouve perché sur la tribune, un Frank Engel ou un autre, l’heure est aux nouvelles idées et aux nouvelles têtes même si quelques anciens moins coincés peuvent encore faire l’affaire. «Il y a ce besoin d’avoir quelque chose de nouveau», perçoit le président du CSJ. «Frank Engel a répondu à cette envie et c’est pour cette raison qu’il a été élu, mais c’est sa gestion du parti qui n’était pas terrible», résume-t-il sobrement.
Il faut donc l’audace d’un Frank Engel doublée d’un esprit rassembleur capable de convaincre sur quelques grandes idées bien travaillées. «Le programme de 2018 contenait de bonnes idées, mais il faut quelqu’un capable de les incarner et qui réussisse à convaincre sur quelques thèmes clés», ajoute-t-il.
Les jeunes n’ont plus envie d’être freinés dans leurs ardeurs. «On ne va pas lâcher l’affaire, on va mettre la pression pour un renouvellement, pour avoir une nouvelle équipe qui peut travailler sereinement», insiste-t-il.
Les mauvais plans du gouvernement
Si la réputation du parti a été bien écorchée, Alex Donnersbach ne perd pas espoir d’un nouveau départ et d’avancer enfin en bonne intelligence vers l’objectif 2023. «On a deux ans et demi pour se ressaisir», poursuit-il. Pour ne pas perdre de temps, il a donné le ton dans son discours en procédant à une descente en règle de l’action gouvernementale.
La campagne vaccinale en premier lieu qui a pris du retard par manque de courage, selon le président du CSJ. Lui n’aurait pas réservé la deuxième dose de manière systématique pour avancer plus vite dans la campagne. «Tout ce stock mis de côté pour ne pas rater la date exacte de la deuxième injection alors que les cadences de production commençaient à augmenter, c’est dommage», estime-t-il.
Il égratigne aussi Dan Kersch, le ministre du Travail, pour son ressentiment envers les indépendants qu’il n’a pas voulu aider en période de crise. Heureusement, Lex Delles, ministre des Classes moyennes, lui a sauvé la mise, observe Alex Donnersbach. Le DP en prend pour son grade à travers la ministre de la Famille, Corinne Cahen, et sa gestion de la pandémie dans les établissements pour personnes âgées. L’absence d’un plan au niveau national est «hallucinant» selon le président du CSJ.
Il a encore critiqué la politique du logement et la hausse infernale des prix de l’immobilier. «Il n’y a pas de pire échec possible», juge Alex Donnersbach. Il évoque un seul gros projet de loi en huit ans, le nouveau pacte logement, toujours pas voté. «On bricole à gauche et à droite, mais il n’y a pas de véritable offensive. L’État doit donner plus aux communes pour les inciter à construire et il est temps de mettre en place une taxe antispéculation», préconise le leader des jeunes chrétiens-sociaux.
Côté climat et environnement, le CSJ se prononce pour plus d’énergies renouvelables au Luxembourg. «Il faut faire un effort encore plus soutenu pour l’électromobilité, nous avons besoin de cette transition», plaide encore Alex Donnersbach.
Les jeunes du CSJ voient clair dans leurs orientations et espèrent que c’est sur ces thèmes que se concentrera la future équipe qui gouvernera le premier parti de l’opposition.
Geneviève Montaigu