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Jean Asselborn : «On ne fait pas de politique avec l’aide humanitaire»


« Chaque fois que j’étais en Afghanistan, ce sont les femmes qui m’ont le plus impressionné. Elles veulent vivre librement. Elles ont un courage énorme et n’ont pas envie d’avoir un barbu qui leur dise comment elles doivent vivre et s’habiller.» (Photo : archives Editpress/Isabella Finzi)

La moitié de la population afghane vit grâce à l’aide humanitaire apportée par l’Union européenne. Pour Jean Asselborn, peu importe le régime politique, les gens doivent boire et manger tous les jours.

La famille luxembourgeoise avec trois enfants, leur ami et trois autres résidents sont toujours bloqués à Kaboul. Avez-vous des nouvelles quant à la possibilité de les évacuer bientôt?

Jean Asselborn : J’ai pu parler hier soir (samedi soir) avec mon homologue allemand, Heiko Maas, et il y a peut-être une petite chance, mais ce n’est encore acquis, d’une évacuation via un hélicoptère ou un bus. Le groupe pourrait être amené à un point différent à Kaboul et vers une autre entrée de l’aéroport. Je ne vous cache pas que tout cela reste très compliqué. Il s’agit d’une famille, des parents avec trois enfants et une personne qui les accompagne. Vendredi soir, on leur avait recommandé d’avoir un jour de répit, car c’est très éprouvant et énervant pour ces gens qui se sont déjà rendus trois fois à l’aéroport pour rien dans un chaos sans nom. On nous parlait de 7 000 personnes massées devant l’aéroport il y a encore deux jours, aujourd’hui ils sont plus de 15 000. Nous avons de la place dans les avions, les Français étaient prêts à les prendre en charge dès lundi. Puis on a parlé aux Espagnols, aux Néerlandais, aux Belges, prêts à nous aider aussi et ce n’est donc pas la place qui manque, mais il y a des vols à vide quasiment. Les conditions pour atterrir à Kaboul sont très compliquées. Les gros avions ne peuvent pas le faire, ils sont détournés sur Islamabad au Pakistan et nous utilisons des avions plus petits pour aller chercher les gens à Kaboul. Pour nous, il y a cette famille qui est prioritaire, puis nous avons d’autres personnes sur la liste qui ont des relations directes avec le Luxembourg et nous faisons tout notre possible pour les rapatrier. Comme je l’ai déjà dit à des journalistes, si cela ne tenait qu’à moi je serais déjà parti les chercher moi-même. Mais cela ne marche pas, aucun officiel n’atterrit pour l’instant à Kaboul.

Le président américain, Joe Biden, a estimé vendredi dernier qu'il s'agissait de l'une des opérations les "plus difficiles de l'histoire" et qu'il n'était pas en mesure d'en garantir "l'issue finale". Partagez-vous son pessimisme?

 C’est pour moi le plus grand problème, car les ...


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