Le ministre des Affaires étrangères continue de plaider activement pour une solution européenne à la crise des réfugiés. La réunion avec ses homologues de l’UE vendredi et samedi est cependant restée sans résultat.
Les ministres européens des Affaires étrangères ont renvoyé la balle dans le camp de la Commission européenne et des ministres de l’Intérieur pour qu’ils s’accordent sur un plan d’action concrète. Les avancées réalisées vendredi et samedi à Luxembourg sont minimes. Malgré l’inertie de l’UE, Jean Asselborn affiche toujours sa confiance.
Il ne suffit pas d’organiser des réunions. On a aussi besoin d’une volonté politique.» Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, n’y est pas allé par quatre chemins lorsqu’il a signifié à ses collègues européens qu’il était grand temps d’avancer dans la question migratoire. Mais son appel a été suivi de très peu d’effets, vendredi et samedi, lors de la réunion de crise avec ses homologues européens à Luxembourg. La mission de la présidence luxembourgeoise n’est donc pas devenue plus simple. Cela n’empêche pas Jean Asselborn de rester confiant. Il mise sur une «lueur d’espoir» dès la réunion extraordinaire des ministres européens des Affaires intérieures, programmée lundi prochain, le 14 septembre, à Bruxelles.
Avant ce rendez-vous, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, présentera, mercredi, devant le Parlement européen, le nouveau plan d’action pour la répartition de 160 000 réfugiés entre les 28 pays membres de l’Union européenne.
La réunion qui s’est tenue vendredi et samedi était censée préparer le terrain. Mais au bout du compte, les positions sont restées assez figées et aucun résultat concret n’a pu être dégagé des pourparlers entre les différents ministres et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. C’est donc en usant une nouvelle fois du rappel des valeurs européennes que Jean Asselborn a cherché à rapprocher les lignes. Et selon lui, un pas en avant a tout de même pu être effectué. «Tous ceux qui adhèrent aux valeurs européennes sont d’accord pour admettre qu’il s’agit d’un problème qui nécessite des solutions européennes», a souligné le ministre luxembourgeois lors de la conférence de presse de clôture. «Des solutions palpables, pratiques et pragmatiques ne sont possibles que si l’on travaille ensemble. Aucun pays européen ne peut prétendre ne pas avoir une culture ou une tradition d’accueil de réfugiés», a ajouté Jean Asselborn.
Le besoin de critères de répartition
Pour éviter que l’Europe ne perde la face, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a lancé un message clair : «On a le devoir d’ouvrir à ceux qui frappent à notre porte.» C’est pour cela que Jean Asselborn continue de plaider pour la mise en place de centres d’enregistrement européens («hotspots») en Grèce. L’UNHCR, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, est prêt à venir en aide aux agences européennes pour la mise en place de ces centres.
Après l’accueil et l’enregistrement des réfugiés se pose cependant toujours la question «très sensible» de leur répartition. «Je ne vois pas comment on peut avancer sans fixer des critères et des règles sur la base de la taille des pays, de leur force économique, etc. Il nous faut un mécanisme permanent», a lancé Jean Asselborn, sans toutefois vouloir ouvertement parler de quotas.
Ces dernières semaines, les travaux en vue d’ancrer juridiquement ces mesures se sont intensifiés en coulisses. Mais à Luxembourg, la patate chaude a, pour le moment, du moins, été refilée à la Commission européenne et, par la suite, aux ministres européens de l’Intérieur. «Il nous a fallu de longs mois pour prendre conscience qu’il s’agissait d’une crise qui allait durer longtemps, a souligné Federica Mogherini, samedi. «On est tous dans le même bateau. Le temps de montrer un doigt accusateur est révolu. Il est temps de prendre des décisions communes», a-t-elle conclu. Plus que jamais, l’Europe se trouve à la croisée des chemins.
David Marques
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